26.6.10


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le Concours de Munich

A Munich, cette année, les deux concours simultanés, international et allemand, ont donné les résultats suivants :

- Jugement sur deux années (2009/2010)
o Allemands =
1 ‘Detmolder Schlossgarten’ (Görbitz)
2 ‘Sabine’ (Beer)
3 ‘semis BL55/10’ (Lesche)

Internationaux =
1 ‘Comme un Volcan’ (M. Bersillon, 2008)
1 ea ‘Ciel et Mer’ (Cayeux)
3 ‘Coup de Soleil’ (Cayeux)

Jugement en première année (2010/2011)
Allemands =
1 ‘Babsi’ (Beer)
2 ‘Margitta Herrn’ (Beer)
3 ‘Ballonia’ (Beer)

Internationaux =
1 ‘Pacific Fire’ (Johnson T.)
2 ‘Guilt Free Sample’ (Black)
3 ‘semis Fo-chH-h’ (Seidl)

Un nouveau bravo pour Michèle Bersillon, dont un iris se distingue pour la deuxième année consécutive. Et bravo également pour Richard Cayeux, qui place deux variétés sur le podium.




la photo de 'Protocol' est signée Loïc Tasquier.

LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1998

Dykes Medal : ‘Conjuration’ (Byers, 1989) ((Sky Hooks x Condotiere) X Alpine Castle) devant ‘Acoma’ (Magee, 1990) et ‘City Lights’(Mary Dunn, 1991). Deuxième grad succès pour Monty Byers et un iris à éperonnts étaient arrivés dans cet ordre pour la Wister Medal en 1997.

Wister Medal : ‘Hello Darkness’ (Schreiner, 1992) ((semis x Titan's Glory) X Midnight Dancer). Le noir le plus noir de son époque s’apprête à gravir la plus haute marche…

Walther Cup : ‘Protocol’ (IB) (Keppel, 1994) (Over Easy X Amber Snow). Cet amoena jaune est une noiuvelle marque du « réveil » de Keith Keppel.

President’s Cup : ‘San Juan Silver’ (D. Miller, 1998). Le parcours des honneurs n’ira pas bien loin pour cette variété cependant très belle.

Franklin-Cook Cup : ‘Pond Lily’ (E. Jones, 1994) ; avec un pedigree d’une complexité à faire frémir, où l’on trouve ‘Lullaby of Spring’, ‘Heather Blush’, Betty Simon’, ‘Orange Chariot’, etc. Beaucoup d’espoir accompagnaient cette variété, mais ils ne se sont pas concrétisés.

Fiorino d’Oro : ‘Helen Dawn’ (Grosvenor, 1998) (Skating Party X Scandia Delight) devant ‘Sydney’ (Grosvenor, 1998) (Breakers X Quintessence) et ‘Star Fleet’ (Keppel, 1993) (de Touche, Firewater, Babbling Brook, Lady Friend...). Il y a des moments, comme cela, où tout vous réussit. 98 est une année faste pour Graeme Grosvenor, qui remporte aussi la Dykes australienne.

BDM : non attribuée.

Australasian Dykes Medal : ‘Ribands’ (Grosvenor, 1993) (Snow Cream X First Movement).

Iris Bewertung Frankfurt : ‘Olga K’ (E. Fischer, 1999) (Victoria Falls X Sapphire Hills). Un croisement sans risque, pour un iris qui a su se montrer à son avantage.

CIS Award (Russie) : ‘Be a Dream’ (Niswonger, 1992) (Victoria Falls x Sapphire Hills). Une curiosité : cette variété américaine a le même pedigree que la précédente, purement allemande ! Peut-on dire que les grands esprits se rencontrent ?










LES BELLES COULEURS DU PASSÉ

On s’extasie sans cesse sur les couleurs des iris contemporains. Mais que dit-on des iris du passé, de ces variétés dites historiques (et même proto-historiques) ? Il n’y a pas grand monde qui s’y intéresse encore, tout au moins dans les revues spécialisées, et la plupart des catalogues actuels ont d’autres buts que de promouvoir des plantes centenaires ou presque ! Il faut cependant être honnête : il y a des catalogues où l’on trouve ces vieilles variétés. Pas en France, non, mais, couramment, en Grande-Bretagne, et, fréquemment, aux Etats-Unis. Là-bas une association vigoureuse se charge de prendre la défense des anciens iris. C’est la HIPS (Historic Iris Preservation Society). Il existe aussi des jardins spécialisés dans la présentation des iris historiques, comme les Presby Memorial Iris Gardens, dans le New-Jersey, et plusieurs catalogues commerciaux qui leur donnent une place importante.

En France, ces vieux iris se trouvent en abondance dans les jardins botaniques de nos grandes villes, pas toujours mis en valeur, pas toujours scrupuleusement étiquetés, malheureusement. Mais à la décharge des responsables de ces jardins il faut reconnaître que plantations et transplantations rendent souvent aléatoires les identifications. La Ville de Verrières le Buisson, en banlieue sud de Paris, là où la famille Vilmorin avait son exploitation d’origine et sa superbe demeure, essaie de constituer une collection de variétés anciennes. C’est une tentative encore un peu brouillonne, difficile à mettre en œuvre, mais qui mérite d’être encouragée. En Bretagne, près de Rennes, la collection des Jardins de Brocéliande est abondante mais comporte de nombreuses erreurs d’étiquetage. Enfin, à mon avis, la plus complète et scrupuleuse exposition d’ancien iris est celle du Parc Floral de la Ville de Paris, à Vincennes. René Leau, maintenant retraité, y a fait un travail méticuleux et courageux de tri et d’identification dont il faut souligner l’importance dans le travail de conservation.

Il faut aller dans ces jardins pour pouvoir admirer les belles couleurs des iris de ces temps-là. Car elles sont belles ! Pas très variées, certes, mais d’une douceur et d’une harmonie qu’on a un peu perdu de vue maintenant où les contrastes violents sont plus recherchés que les nuances ou les fondus-enchaînés. Ce sont les neglectas qui sont les plus nombreux en effet. Il y a de nombreuses associations, mais pour faire court, on n’en retiendra aujourd’hui que trois, quitte à revenir un autre jour sur les autres :
· Deux tons de grenat :
C’est un coloris plaisant où rien ne s’oppose mais où tout s’harmonise, avec un côté vif, mais qui reste raisonnable. Voici quatre exemples remarquables :
- ‘Numa Roumestan’ (Cayeux, 1928) - une couleur chaude, enrichie par une grosse barbe jaune ;
- ‘Victor Hugo’ (Cayeux, 1929) – on est dans le cramoisi, avec du blanc pour la barbe ;
- ‘Olympio’ (Cayeux, 1936) – ce sont à peu près les mêmes couleurs que le précédent, mais la barbe est jaune vif ;
- ‘Cameroun’ (Cayeux, 1938) – toujours dans la même gamme, mais en plus sombre.
· Deux tons de violet :
Le violet, à cette époque avait acquis une profondeur et un velouté exceptionnels ; il faut voir :
- ‘Germaine Perthuis’ (Millet, 1924) – un coloris magnifique, à la fois sombre et riche, la grosse barbe jaune donne beaucoup de chic ;
- ‘Azyiadé’ (Cayeux, 1925) – cette fois on est dans un ensemble clair, un peu rosé, très apprécié à sa mise sur le marché ;
- ‘Fragonard’ (Cayeux, 1926) – tout voisin du précédent, avec une fine barbe blanche ;
- ‘Ministre Fernand David’ (Cayeux, 1930) – superbe violet archevêque avec une touche de pourpre aux sépales ; le ministre a été particulièrement gâté.
· Mauve sur pourpre :
Cela donne des fleurs somptueuses, contrastées mais sans excès, assorties mais sans fadeur, comme :
- ‘Mme Henri Cayeux’ (Cayeux, 1924) – ce qui caractérise cette plante, ce sont les sépales très sombres avec des pétales d’une teinte que l’on ne trouve plus dans les iris modernes ;
- ‘Don Juan’ (Cayeux, 1928) – les pétales sont roses, le bord des sépales également, ce qui n’est pas fréquent à cette époque ;
- ‘Nene’ (Cayeux, 1928) – les belles barbes jaunes réveillent un pourpre sombre et un violet améthyste un peu tristes ;
- ‘Voltigeur’ (Cayeux, 1934) – très proche de ‘Nene’, un peu plus clair, et les barbes sont blanches ;
- ‘Mme Maurice Lassailly’ (Cayeux, 1935) – les pétales sont plus pâles que chez ‘Mme Henri Cayeux’, mais c’est le même coloris pour les sépales ; pour ne pas créer de jalousie entre les deux parentes ?

Toutes ces variétés sont françaises, de la haute époque 1920/1930, quand Ferdinand Cayeux écrasait ses confrères par l’excellence de ses semis. Mais on pourrait faire les mêmes constatations parmi les variétés américaines. Les fleurs ne sont pas spectaculaires comme les créations des années 2000, mais la classe est là !

18.6.10




ECHOS DU MONDE DES IRIS

A la Convention de Madison

Aux dires des participants, la Convention 2010 de l’AIS, à Madison (Michigan) a été très réussie. Les récompenses attribuées à cette occasion sont les suivantes :

President’s Cup = ‘Born To Please’ (Ruth Rogers, 2006)
Franklin Cook Cup = ‘Tree of Songs’ (SIB) (Schafe/Sacks, 2006)
Hager Cup = trois lauréats ex-aequo : ‘Dallas Mahan’ (MTB) (Mahan, 2007) ; ‘Ruffled Rascal’ (BB) (Francis Rogers, 2007) ; ‘Survivor’ (MTB) (Lynda Miller, 2007).















LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1997

Dykes Medal : Thornbird (Byers, 1989) devant Supreme Sultan (Schreiner, 1988) et (Gallant Moment X Peking Summer) Conjuration (Byers, 1989). Ça y est ! Les iris à éperons sont enfin reconnus par les juges ! Et c’est le plus controversé d’entre eux – pour son coloris – qui est le premier à être couronné.

Wister Medal : Acoma (Magee, 1987) ((((semis Cook x Claudia Rene) x Orchid Brocade) x (After All x Moon River)) X Capricious) devant City Lights (M. Dunn, 1991) (Fancy Face X Wind Surfer) et America's Cup (McWhirter, 1991) (Skating Party x Winterscape). ‘Acoma’ tient le bon bout en vue d’une victoire en 1998, tiendra-t-il la distance ?

Walther Cup : Fancy Woman (Keppel, 1995) (de Irma Melrose, Tea Apron, Goddess, Roundup, April Melody, Rococo...). retour en grâce de Keith keppel, après une longue éclipse.

President’s Cup : Bangles (MTB). Nouveau succès pour ce petit iris vraiment apprécié par les juges américains.

Franklin-Cook Cup : Vavoom (SDB) (Ensminger, 1993) ((People Pleaser x (Jillaroo sib x semis de Limpid Pools sib))) X sib). Un joli petit amoena jaune.

Fiorino d’Oro : Champagne Waltz (Schreiner, 1994) ((Bight Reflection x (skyfire sib x semis) x (Something Else x (((Golden Ice x Celestial Glory) x Flaming Star) x Gold Trimmings)))) X Outrageous Fortune sib)devant Gypsy Romance (Schreiner, 1994) ((Louisiana Lace x Entourage) X ((semis x Fabulous Frills) x Starcrest)) et Hostess Royale (Blyth B., 1994) (Dance Man X Pink Swan). Beau tir groupé de la Maison Schreiner, avec deux variétés qui ont fait le tour du monde.

BDM : Whooper Swan (Dodsworth, 1995) (Princess X Vanity). Après deux ans sans qu’un iris brtannique ne se distingue vraiment, cet iris blanc à barbes rouges affirme une fois de plus la grande maîtrise de Brian Dodswoth.

Australasian Dykes Medal : Hills District (Grosvenor, 1995) (Samurai Silk X Esmeralda). Graeme Grosvenor confirme et triomphe.

Iris Bewertung Frankfurt : Krähenwinkel Gold (Moos, non enregistré) ((Vanity x Ultrapoise) x Aztec Sun). Le concours allemand attire maintenant les compétiteur du monde entier, mais c’est une variété allemande qui l’emporte, avec un iris qui fait partie de mes favoris.

CIS Award (Russie) : Chudnoye Mgnovenye (Gordodelov, 1995) (parents inconnus). C’est la première compétition dans ce qui fut l’URSS, et c’est un ancien officier de l’Armée Rouge, amateur doué, qui est couronné pour un iris mauve lilas issu de variétés anciennes mais non précisées.






UN « ALIEN » DANS MON JARDIN

Dégénérescence ou incident de culture ?

Une vive discussion a eu lieu récemment sur le forum du site de la SFIB à propos de l’éternelle question : les iris dégénèrent-ils ? Elle a opposé des personnes qui sont persuadées que leurs iris ont changé de couleur, à d’autres qui ont essayé de les convaincre que cela n’était pas possible. Notamment une participante à la controverse a envoyé des photos qui peuvent laisser perplexe : l’une représentait un iris « noir » bien connu, ‘Ghost Train’ (Schreiner, 2000), l’autre un iris bitone bleu, joli mais d’aspect ancien, qui fait beaucoup penser à ‘Alcazar’ (Vilmorin, 1910). Le second iris aurait fleuri à la place du premier, après une année sans aucune fleur. Toutes les suppositions avancées ont été contrebattues. Le mystère de cette mésaventure reste donc entier.

Une chose est certaine : les grands iris ne peuvent pas dégénérer, du moins s’ils se sont reproduit par voie végétative, c’est à dire par l’apparition d’une nouvelle pousse formée sur le rhizome de la précédente. Si l’on admet donc qu’une perte de caractéristiques d’ordre génétique n’est pas envisageable, l’apparition de fleurs différentes de celles auxquelles on s’attend ne peut venir que d’un phénomène extérieur. Le premier qui vient à l’esprit est l’apparition d’une plante indésirable, arrivée fortuitement là où elle fleurit.

Elle peut provenir d’un morceau de rhizome resté en place ou apporté par mégarde. Si ce morceau est issu d’une touffe d’iris moderne, elle conservera tous les traits de son iris d’origine, si il provient d’une touffe d’iris ancien (diploïde), elle gardera l’allure de l’iris ancien dont elle a été détachée. Compte tenu des traits communs existant entre l’intrus et ‘Alcazar’, cette éventualité ne doit pas être écartée.

Elle peut provenir d’une graine, issue elle-même d’une capsule oubliée, ou se trouvant pour toutes sortes de raisons dans la terre où les « beaux » iris ont été plantés, qui a germé, donné naissance à un nouvel iris, qui s’est développé et a fini par fleurir. Dans ce cas la fleur peut ne pas ressembler à celles dont elle est le descendant : elle peut varier en couleurs et en forme. Si elle est née d’un croisement entre TB, elle aura le plus souvent un aspect plutôt décevant – tépales mous, mal formés, fleur qui manque de tenue ou de durée, corolles mal disposées, tiges fragiles… - mais elle conservera des traits propres à sa nature. Ainsi elle ne peut pas prendre l’apparence d’une fleur diploïde alors qu’elle reste tétraploïde ; elle aura à peu près la même hauteur que les plantes dont elle provient, les fleurs auront à peu près les mêmes dimensions, la période de floraison sera à peu près la même, etc. Ce qui est plutôt surprenant c’est la rapidité de l’apparition de cet « alien », si l’on croit la personne qui a abordé la première cet incident : deux ans. C’est bien court pour voir arriver à floraison une plante issue d’une graine, mais cela n’est pas techniquement impossible.

Elle peut enfin résulter d’un croisement exceptionnel entre une variété récente et une variété diploïde ancienne. Dans ce cas elle rééditera ce qui se produit lorsqu’on croise un iris nain (diploïde) et un grand iris (tétraploïde), en vue d’obtenir un iris intermédiaire : la nouvelle plante sera triploïde, et par conséquent stérile, mais d’un aspect assez proche de celui d’un grand iris ; elle sera un peu plus hâtive, un peu plus basse, mais surtout elle a toutes les chances d’avoir les traits de la variété ancienne qui a été son parent mâle. Son caractère le plus décisif, mais pas le plus évident, sera qu’elle n’a ni pollen ni ovaires. Cette éventualité n’a pas été évoquée au cours de la discussion sur Internet, mais elle ne peut pas être négligée, au vu de la photo publiée.

Il existe peut-être d’autres hypothèses qui ne me viennent pas à l’esprit. En tout cas on peut éliminer celle d’une mutation ou d’un accident génétique. Il ne peut donc s’agir que d’un apport non désiré. Et tout bien considéré, parmi les hypothèses évoquées, celle du « morceau importé involontairement » et celle d’un croisement triploïde me semblent les plus plausibles.

11.6.10


Florence 2010


Une photo du "plateau d'argent", 'Tatra's Eagle', (Anton Mego, 2010) publiée en 2006 dans le bulletin de l'AIS.

Antoine Bettinelli, qui fait des photos superbes, a trouvé que celle de 'Honky Tonk Blues' publiée la semaine dernière ne mettait pas suffisamment en valeur cette variété. Voici celle qu'il propose , à la place. Merci.










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1996

Dykes Medal : ‘Before The Storm’ devant ‘Bumblebee Deelite’ et ‘Blue Eyed Blond’ (IB) (Ensminger, 1989) – une variété originale, au pedigree très compliqué faisant appel essentiellement à des variétés historiques. La victoire de ‘Before the Storm’ était attendue. La seconde place de ‘Bumblebee Delite’, pour la troisième fois, montre l’hésitation des juges à couronner une catégorie autre que TB.

Wister Medal : ‘Thornbird‘ (Byers, 1989) (Art of Raphael X (Cease Fire x Sky Hooks)) devant ‘Conjuration’ (Byers, 1989) ((Sky Hooks x Condotiere) X Alpine Castle) et ‘Supreme Sultan’ (Schreiner, 1988) (Gallant Moment X Peking Summer). L’ère Byers commence à ce moment là. Elle sera de courte durée, du fait du décès prématuré de l’obtenteur. Dès cet instant les iris à éperons sortent de leur ghetto.

Walther Cup : ‘Feature Attraction’ (Schreiner, 1994) (Song of Angels sib X (Visual Arts x (Fabulous Frills sib x (Starina x Grand Waltz))). Déjà reconnu par la President’s Cup de 1994, cet iris était parti pour une belle carrière des honneurs ; mais celle-ci va s’achever là : le succès peut être ingrat.

President’s Cup : ‘Jurassic Park’ (Lauer, 1995) (Best Bet X semis de Edith Wolford). Encore une variété qui commençait bien sa carrière mais qui va aussitôt cesser sa progression…

Franklin-Cook Cup : ‘Yaquina Blue’ (Schreiner, 1992) (de Sailor's Dance , Sapphire Hills, Neptune's Pool, Sterling Silver, Blue Sapphire...). Un grand bleu qui ira loin.

Fiorino d’Oro : ‘Celebration Song’ (Schreiner, 1993) (Lullaby of Spring X Frances Gaulter) devant ‘Mescalero Chief’ (Hedgecock, 1993) et ‘Coonalpyn’ (Donnell, 1995) (Oasis Broadbeach X (Hampton Horizon x Flaming Victory). La victoire de ‘Celebration Song’ ne surprendra personne. La présence au tableau d’honneur des deux autres apporte une nouvelle preuve qu’un concours ponctuel n’a rien à voir avec une compétition de longue haleine.

BDM : non attribuée pour la deuxième année consécutive.

Australasian Dykes Medal : non attribuée, donc, comme le veut le règlement, une « ISA Medal » est décernée, et c’est ‘Azure Angel’ (Grosvenor, 1994) (Silverado X Snowbrook) qui l’emporte. C’est un nouveau succès pour Graeme Grosvenor dont l’influence s’accroît dans son pays et commence à conquérir le monde.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Fin de partie


La saison 2010 des iris s’achève sous le soleil et la chaleur qui en abrège un peu la fin, ici, en Touraine. Elle aura été tardive, mais somptueuse, avec de bonnes surprises, comme de voir fleurir pour la première fois un semis de 2003 (Kir sib X Ikar) qui est un paresseux mais dont l’aspect – amoena inversé – et les qualités horticoles m’ont fait bien plaisir. Il sera peut-être enregistré (sous le nom de ‘Inversement’) en 2011 si ses qualités se confirment à la second saison de son existence adulte.










‘CHEVALIER DE MALTE’ X ‘CONJURATION’

un semis prometteur

On constate assez souvent que les hybrideurs se prennent d’une affection particulière pour l’un de leurs semis. Cette affection n’a rien d’incongru car la raison pour laquelle elle a lieu est que ses rejetons sont exceptionnellement intéressants, du moins aux yeux et à la sensibilité de celui qui a réalisé le croisement. Ici même on a déjà étudié des croisements à la descendance nombreuse et passionnante. Ce fut le cas pour (Irma Melrose X Tea Apron) et pour (Dance Man X Rembrandt Magic) ou (Tomorrow’s Child X Magic Man). Cette fois nous nous intéresserons à (Chevalier de Malte X Conjuration), réalisé par Richard Cayeux et à l’origine de toute une lignée qui fait honneur à son obtenteur.

Commençons par dire deux mots de chacun des protagonistes. Même si ‘Conjuration’ (Byers, 1988) est archi connu, il est bon de rappeler que ce fut le premier iris à éperons (rostrata) à obtenir la Médaille de Dykes et qu’il a été croisé à satiété par une armée d’hybrideurs, ce qui en fait l’une des variétés les plus utilisées au monde, non seulement pour les appendices de sa fleur, mais aussi pour la parfaite disposition de ses branches, la solidité de sa plante et l’abondance de ses pousses. Son pedigree est ((Sky Hooks X Condottiere)x Alpine Castle). C’est de ‘Sky Hooks’ qu’il tient ses éperons, et de ‘Condottiere’ ses qualités horticoles. C’est un amoena élégant, avec une forme de fleur qui le rend reconnaissable entre mille. ‘Chevalier de Malte’ (Cayeux, 1997) est pour son obtenteur une variété fétiche qu’il a utilisée pour un grand nombre de croisements et que l’on trouve maintenant en abondance dans le pedigree des nouvelles variétés de la Maison Cayeux. Il est lui-même issu de (Whirl Around X (Ruban Bleu sib x ((Condottiere x Delphi) x (Condottiere x Metropolitan)))). Il est donc à la fois apparenté à son partenaire ‘Conjuration’ et, par (Condottiere x Delphi) à la grande lignée bleu-blanc-rouge dont Richard Cayeux est le promoteur.

Quatre semis de (Chevalier de Malte X Conjuration) ont été enregistrés « en direct ». Il s’agit de :
‘Aurélie’ (2002)
‘Cerf Volant’ (2002)
‘Elegant’ (2004)
‘Toile de Jouy’ (2004)
‘Aurélie’ a obtenu le Florin d’Or en 2007 et c’est le premier iris français à avoir décroché cette distinction prestigieuse. Quant à ‘Toile de Jouy’, c’est devenu en peu de temps un des iris Cayeux les plus appréciés des amateurs et collectionneurs. Il a déjà un descendant enregistré : ‘Echassier’ (2009), dont on parle dès maintenant dans le petit monde des amateurs. ‘Elegant’, qui porte bien son nom même si on peut le trouver un peu fade, a tout de suite été exploité dans le but d’enrichir le modèle ‘Emma Cook’, et deux de ses enfants sont au catalogue : ‘Cœur d’Or’ (2008) et ‘Séducteur’ (2009).

Puisqu’on se situe à la deuxième génération, le croisement (Chevalier de Malte X Conjuration) a été lui-même croisé de multiples fois, avec des résultats excellents :
‘Bel Avenir’ (2008) vient du croisement avec ‘Fabuleux’ ;
Gérard Brière’ (2007) vient de ‘Dear Jean’ ;
‘Grenade’ (2007) de ‘Funambule’ ;
‘Ravissant’ (2005) de ‘Bold Fashion’ ;
‘Jacques Cœur’ (2009) de ‘Starship Enterprise’ ;
‘Quelle Classe’ (2009) d’un semis de ‘Futuriste’ ;
‘Grand Canari’ (2006) d’un semis de ‘Parisien’ ;
‘Petit Caprice’ (2008) d’un semis de ‘Bal Masqué’.

Ce qui est remarquable, c’est la diversité des coloris de ces descendants. Compte tenu de cela, il est fort possible que les prochaines années nous réservent de jolies surprises car il doit y avoir de la ressource dans les rangs de semis de la Maison Cayeux. Une bonne part de cette multiplicité vient de ‘Chevalier de Malte’ lui-même. En sont la preuve d’autres variétés issues de ‘Chevalier de Malte’ croisé à d’autres que ‘Conjuration’, comme les deux frères de semis ‘Lumarco’ (2005) et ‘Impression de Jouy’ (2009) et leurs cousins ‘Clownerie’ (2006) et ‘Bords de Mer’ (2009).

4.6.10




ECHOS DU MONDE DES IRIS

Le Concours de Florence (II)

Le Concours de Florence 2010 s’est déroulé sous des conditions météorologiques très inconfortables, et, bien entendu, difficiles pour les fleurs ! Florence Darthenay, une habituée du concours, a réussi quelques photos, comme celles publiées ci-dessus. C’est déjà bien !

Rectificatif

La photo de ‘Batik’ publiée la semaine dernière est signée Brock Heilman. Brock est un excellent photographe américain du Michigan. Il adore les plantes, les chevaux, et pratique la photographie avec un art consommé.

Son album de photos est à l’adresse suivante :
http://s2.photobucket.com/albums/y11/eroctuse2/















LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1995

Dykes Medal : ‘Hony Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) ((Admiral Blue x Sailor's Dance) X (( semis x Neptune's Pool) x Royal Regency sib))devant ‘Bumblebee Delite’ (MTB) (Norrick, 1985) (Peewee X Ornate Pageant). et ‘Batik’ (Ensminger, 1981) (Aegean Star X Purple Streaker). Comme prévu, ‘Honky Tonk Blues’ triomphe. Derrière, on prend les mêmes et on recommence !

Wister Medal : ‘Before The Storm’ devant ‘Thornbird’ (Byers, 1989) (Art of Raphael X (Cease Fire x Sky Hooks) et ‘Champagne Elegance’ (Niswonger, 1987) (((Magnetic Isle x Rhythm and Blues) x Snowlight) X (Coral Strand x Peach Spot)). On peut déjà prédire que ‘Before the Storm’ est qualifié pour la DM de 96. ‘Champagne Elegance4 rate le coche pour la seconde fois…

Walther Cup : ‘Boogie Woogie’ (Hooker Nicholls, 1993) ((Taj Rani x In Tempo) X Song of Spring). Un iris du Sud arrive au premier plan.

President’s Cup : ‘Before The Storm’. Confirmation de l’intérêt des juges pour cette variété franchement noire.

Franklin-Cook Cup : ‘Bangles’ (MTB) (Linda Miller, 1993) (Lucky Mistake x Rosemary’s Dream). Un tout petit qui devient un grand.

Fiorino d’Oro : ‘Ikar’ (A. Volfovitch-Moler) (Rippling Waters X Pipes of Pan) devant ‘Classic Look’ (Schreiner, 1992) (Go Around X (semis x Spinning Wheel) et ‘Goldkist’ (P. Black, 1993) (((Coffee House x Hombre) x (Old Flame x Instant Charm)) X (Porcelain Ballet x (Tequila Sunrise sib x Entourage))). Ce n’est pas la première fois, ni la dernière, que les juges de Florence prennent une décision surprenante. Mais voir un iris ouzbek, issu de deux variétés historiques, damer le pion aux Américains, c’est très fort !

BDM : non attribuée.

Australasian Dykes Medal : ‘Temptone’ (G. Grosvenor, 1993) (Silverado X Dusky Challenger). C’est la démonstration qu’avec des « winners » on peut faire de bonnes choses.










LA FLEUR DU MOIS

‘Gaylights’

J’ai eu bien du mal à me procurer ce ‘Gaylights’. Il a figuré pendant quelques années au catalogue Cayeux, mais j’avais alors d’autres achats à effectuer, et quand je me suis décidé, il n’était plus en vente nulle part. J’ai donc entrepris des recherches chez les collectionneurs, et j’ai trouvé chez mon vieil ami Noël Guillou, dont je revois toujours l’adorable jardin d’iris, sur la route de Caylus, près de Caussade, dans le Tarn et Garonne. Mais une attaque de pourriture a failli me priver définitivement de ‘Gaylights’ et il m’a encore fallu attendre deux ou trois ans avant que la touffe reconstituée puisse être dédoublée ! Enfin j’ai reçu mon ‘Gaylights’, et il a bien poussé dans ma terre à vigne.

Je l’ai choisi essentiellement pour l’originalité de son coloris. Les iris aux couleurs inversées ne sont pas bien nombreux et ils étaient encore plus rares en 1964 quand celui-ci a été enregistré. Et dans les tons de brun, c’est carrément la pénurie. Son pedigree fait appel essentiellement à des variétés dans les tons de brun ; il s’écrit comme suit : ((Watchfire x Argus Pheasant) x Inca Chief) X Spellbound. ‘Watchfire’ (1947) est un brun Néo-zélandais de Jean Stevens, presque de la même couleur que le célèbre ‘Argus Pheasant’ (DeForest, 1947). ‘Spellbound (Linse, 1950) donne dans les tons de bronze, tout comme ‘Inca Chief’ (Mitsch, 1952). Le catalogue Schreiner de 1965 en fait ainsi la description : « Voici un iris particulièrement nouveau, encore plus que notre photo peut en rendre compte. Les pétales sont d’un brun cuivré lumineux et soyeux, avec un bord dentelé et fortement crêpé. Les sépales sont d’un jaune doré d’une étonnante richesse, attirant l’attention à plus dix mètres de distance. Les bords dentelés ajoutent une note harmonieuse à ces sépales d’or. Les iris sont normalement plus clairs aux pétales et plus sombres aux sépales, mais Gaylights inverse le contraste habituel avec un effet saisissant. Au jardin la popularité de Gaylights semble assurée. Une touffe de cette brillante nouveauté paraît comme touchée par un rayon de soleil. » Malgré son côté commercial, ce portrait reste tout à fait exact.

Il faut aussi parler de la plante en général : celle-ci a toutes les qualités qui font des variétés Schreiner des valeurs sûres (et encore plus dans le passé que maintenant). Depuis qu’elle y a été placée, elle a toujours été fidèle au rendez-vous printanier qu’elle et moi nous nous sommes fixés. Le jour approche, hélas, où je ne pourrai plus entretenir des centaines de variétés d’iris. Je vais devoir réduire ma collection… Les choix vont être cornéliens, mais une chose est sûre, ‘Gaylights’ fera partie du dernier carré.

Aujourd’hui ‘Gaylights’ peut sembler daté, emprunt de cet aspect classique caractéristique des années 60. Mais les amateurs de ce style restent nombreux et ils ont raison de lui être fidèles car, passé l’effet de mode des iris très ondulés qu’on trouve actuellement sur le marché, viendra le moment où l’on reviendra au fondamentaux. Alors ‘Gaylights’ sera de nouveau au goût du jour.










DEPUIS ‘BLACK FOREST’
Les Schreiner à la recherche de l’iris noir

Je fais partie de ceux qui ont la nostalgie du temps où les iris Schreiner étaient les meilleurs et les plus beaux du monde. Depuis la disparition de Bob Schreiner, le dernier des trois enfants de Xavier Schreiner, fondateur de l’illustre maison, l’entreprise s’est retirée sur ses « fondamentaux » et propose essentiellement des variétés qui restent très belles mais qui sont trop classiques pour susciter l’enthousiasme des amateurs et l ‘adhésion des juges. Mais si le commercial à supplanté le créatif, il reste un domaine au moins où la grande maison de Salem continue d’affirmer sa position dominante. Le noir est ce qui marche le mieux chez Schreiner actuellement. Le dernier catalogue propose deux variétés qui sont vraiment noires et l’une d’elles, ‘Raven Girl’ (2008), marque un nouvel approfondissement d’une couleur où on aurait pu croire que le maximum avait été atteint.

Il est qualifié « d’aboutissement de la lignée vieille de 63 ans qui a commencé avec ‘Black Forest’ ». Il est instructif de retourner aux origines et de suivre la progression des perfectionnements en vue d’obtenir un iris absolument noir. Et pour commencer faisons un bref retour sur les origines de ‘Black Forest’ lui-même. Voici ce qui en est dit dans « The World of Irises » : « Les Schreiner ont croisé ‘The Black Douglas’ avec un semis sombre issu d’une lignée de rouges, et de ce croisement a résulté ‘Ethiop Queen’, introduit la même année que ‘Sable’ de Paul Cook. ‘Ethiop Queen’ croisé avec ‘Dymia’, a donné ‘Black Forest’, de taille un peu courte mais avec un ton de noir d’une profondeur inconnue chez les eupogons. » Les Schreiner ont tout de suite compris ce qu’ils pouvaient espérer de ce ‘Black Forest’. Ils en ont exploité habilement les aptitudes et « The World of Irises » cite quelques une de leurs réalisation en bleu sombre ou très sombre : ‘Storm Warning’ (1952), ‘Licorice Stick’ (1961), ‘Prince Indigo’ (64), ‘Royal Touch’ (1967), ‘Night Owl’ (1970)…

Avec celle de ‘Sable’ et ‘Sable Night’, les deux origines étant aujourd’hui intimement mêlées, la famille de ‘Black Forest’ est immense, à tel point que l’on ne peut plus parler d’iris noir sans faire y faire référence. Suivons, par exemple, les arbres généalogiques de quelques uns des meilleurs iris sombres de Schreiner issus de ‘Black Forest’ :

· ‘Dusky Evening’ (Schreiner 71) qui vient de ‘Black Swan’, ‘Black Hills’ et ‘Black Forest’ ;
· ‘Old Black Magic’ (Schreiner 96) qui vient de ‘Midnight Dancer’, ‘Tuxedo sib’, ‘Licorice Stick’, ‘Storm Warning’ et ‘Black Forest’ ;
· ‘Around Midnight’ (Schreiner 95) qui vient de ‘Matinata’, ‘Storm Warning et ‘Black Forest’ ;
· ‘Black Tie Affair’ (Schreiner 93) qui vient de ‘Black Dragon’, ‘Matinata’, ‘Storm Warning’ et ‘Black Forest’ ;
· ‘Thunder Spirit’ (Schreiner 96) qui vient de ‘Darkside’, ‘Matinata’, ‘Storm Warning’ et ‘Black Forest’.

Mais qu’en est-il de ‘Raven Girl’, le héros du jour ? Remonter son arbre généalogique donne le résultat ci-dessous :

‘Raven Girl’ (2008)

‘Ghost Train’ (2000)

‘Hello Darkness’ (92)

‘Midnight Dancer’ (91)

3 4 2

‘Matinata’ (68) ‘Black Swan’ (60) ‘Tuxedo’ sib

* * ‘Licorice Stick’ (61)

* *
‘Storm Warning’ (52) ‘Black Hills ‘ (50) ‘Storm Warning’ (52)

‘Black Forest’ (45)


Dans cette alignée d’iris noirs, ou tout au moins sombres, les * représentent des semis non dénommés ; entre ‘Black Swan’ et ‘Midnight Dancer’, pour la clarté du schéma, les générations qui se sont succédé entre les variétés est indiqué par leur nombre.

Les 63 années qui séparent les enregistrements de ‘Black Forest’ (1945) et de ‘Raven Girl’ (2008) ont vu se succéder 11 générations (1) qui ont été marquées par un enrichissement constant de la saturation des couleurs obtenu par le procédé de l’endogamie, et aboutissant à un noir presque parfait. Les photos ci-dessus donnent une idée assez exacte de cette évolution. On ne peut pas dire que les Schreiner aient manqué de suite dans les idées ! Mais leur persévérance a payé et c’est un exemple à suivre par tous les hybrideurs qui veulent atteindre la perfection.

(1) 10 seulement en passant par ‘Licorice Stick’ et ‘Tuxedo’.