31.7.16

PORTRAITS

N'est-ce pas la meilleure manière de rendre hommage à tous ceux qui, depuis cent cinquante ans maintenant, font des iris hybrides ce qu'ils sont aujourd'hui, que de publier quelques photos de leurs œuvres ? Irisenligne va désormais dresser un bref portrait de nombreux hybrideurs de tous pays et offrir à ses lecteurs les plus belles images de leurs iris.

VIII – Nina Miroshnichenko

On ne peut pas parler de l'essor de l'iridophilie dans les pays est-européens et en Russie sans évoquer Nina Miroshnichenko. En effet, bien avant le chute des régimes totalitaires et l'ouverture vers l'ouest de ce qui fut l'URSS et ses satellites, elle avait consacré une grande partie de sa vie à l'hybridation de bulbeuses et d'iris. Les circonstances ne lui ont guère permis d'entrer en contact avec les quelques autres amateurs d'iris de l'empire soviétique, elle est donc restée un franc-tireur de l’hybridation. Elle a poursuivi pendant de nombreuses années, son petit chemin d’amatrice éclairée. Prenant soin de se tenir à l’écart des événements qui ont marqué les années staliniennes puis brejneviennes, elle hybridait uniquement pour son plaisir.

 Quatre photos donnent une idée de son travail original :


'Feodor Chaliapin' (NR)

'Sedmoye Nebo' (NR)

'Sladky Gregh' (NR)

'Soloviniaya Noch' (NR)

VERS LES IRIS BLANCS À BARBE ROUGE EN EUROPE CENTRALE

texte original de Milan Blazek, rédigé en anglais et traduit par mes soins 

 Les premiers iris modernes à fleurir dans cette partie de l'Europe – à l'est de la République Fédérale d'Allemagne – l'on fait en 1958. En 1957 j'ai obtenu de R. Schreiner et de Mme R. E. Peterson une collection représentative pour l'époque de nouveaux iris barbus. Ces iris étaient le résultat d'un intense mouvement d'hybridation où la recherche par lignées était la méthode de base. Dans le matériel d'hybridation qui m'a été fourni, chaque lignée n'était représentée que par une ou deux variétés mais de nouveaux iris sont bientôt arrivés de sorte que les premières expérimentations ont pu commencer.

Quand j'étudiais peu auparavant j'ai pu avoir à l'Université Charles à Prague d'excellentes lectures sur la génétique; j'avais plein d'idées.Les grands écrits des auteurs américains conduits par le professeur L. F. Randolph m'ont donné la connaissance nécessaire sur les principes des lois de l'hérédité chez les iris des jardins.

 J'étais particulièrement impressionné par les iris roses – c'est à dire, selon la terminologie de l'époque, les rose flamant à barbe mandarine. A ce moment existaient quelques iris à barbe rouge, allant du rose au violet, et même des variétés blanches à barbe rouge devenaient des exemples fascinants des nouvelles possibilités. Elles montraient que les barbes orange à rouge n'étaient pas strictement liées à la basique couleur rose récessive.

 Il n'est donc pas étonnant que dès la première année de floraison de ces iris, je les utilise en combinaison avec des iris bleus. Les semis obtenus furent jaunes ou blancs. Débutant enthousiaste j'ai aussitôt sélectionné parmi ces plantes quelques-uns de ces semis en vue d'un travail ultérieur, même si la première génération de ces croisements ne pouvaient pas atteindre du premier coup le but escompté pour lequel une flopée de générations est nécessaire. Néanmoins du croisement Jane Philips X Happy Birthday la première variété d'iris moderne originaire d'Europe Centrale et Orientale, 'Irenka', sélectionnée en 1962. De 'Jane Philips' elle avait hérité d'une fleur plutôt solide et un peu ondulée, mais naturellement il n'y avait pas trace de barbe mandarine. Irenka était le nom de ma petite soeur morte à l'âge de 13 ans, et nous avons porté sur sa tombe surtout des fleurs blanches.

Un autre croisement, similaire, apporta une surprise : il s'agit d'un semis rose clair issu du croisement Helen McGregor X Happy Birthday, que je baptisai Překvapení (Blažek 1964). Sa stérilité pollinique, que je n'ai rencontrée chez aucun autre semis rose confirme qu'il s'agit bien d'un enfant de 'Helen McGregor'. Ainsi le but qui était d'obtenir des semis blancs à barbe rouge n'a pas été atteint, mais deux sous-produits valables sont apparus.

 Quelques années ont passé après les premiers essais et la collection de base de parents potentiels s'est accrue d'année en année. La troisième variété utilisée comme point de départ en vue d'obtenir des fleurs violettes à barbe rouge a été 'Violet Harmony'.

Le but d'obtenir un semis blanc à barbes rouges a finalement été atteint mais pas par ma propre nouvelle méthode basée sur une lignée hétérozygote mais par un moyen beaucoup plus simple : en utilisant les résultats des anciens hybrideurs. Le point de départ a été le croisement d'un semis de Violet Harmony X Happy Birthday avec 'Lovely Letty'. Mais finalement ce croisement prometteur n'a pas abouti à l'iris bleu à barbes rouges que j'espérais. Ainsi il a été nécessaire de continuer sur une génération supplémentaire par la simple mais sûre combinaison avec 'Christmas Time'. Un semis m'a semblé pas très original, mais suffisamment bon pour être conservé. Je l'ai baptisé 'Jarmila' en l'honneur de ma mère. Elle aimait le jardin et y a travaillé dur aussi longtemps que sa santé le lui a permis. Avec cette variété sa vie continue, comme c'est le cas avec sa fille perdue...

Merci à Milan Blazek pour cette touchante contribution, intéressante sur plusieurs points. D'abord parce que cette obtention présente des qualités horticoles évidentes, ensuite parce que les explications fournies démontrent que l'application stricte d'une loi de la génétique n'est pas suffisante pour obtenir le résultat escompté. En effet la complexité des origines rend assez hasardeux le résultat d'un croisement : tellement de paramètres génétiques interviennent ! Enfin se pose une question : comment se fait-il qu'une variété aussi prometteuse n'ait pas été à l'origine d'une lignée ? Il semble que les hybrideurs est-européens ne soient pas particulièrement intéressés par ce modèle. Une prochaine chronique approfondira ce sujet. 

 Illustrations : 



Violet Harmony 


Happy Birthday 


Lovely Letty 

(La photo de 'Jarmila' n'est pas disponible; avec mes excuses)

22.7.16

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Iris Bewertung München 

Cristina Tamberg, l'actuelle responsable de la compétition de Munich recherche des compétiteurs français pour son concours. Elle me demande de transmettre cette requête à tous les hybrideurs français. S'il y en a parmi les lecteurs de Irisenligne, qu'ils se fassent connaître !

PORTRAITS

N'est-ce pas la meilleure manière de rendre hommage à tous ceux qui, depuis cent cinquante ans maintenant, font des iris hybrides ce qu'ils sont aujourd'hui, que de publier quelques photos de leurs œuvres ? Irisenligne va désormais dresser un bref portrait de nombreux hybrideurs de tous pays et offrir à ses lecteurs les plus belles images de leurs iris.

VII – Philippe de Vilmorin (1872/1917) 

Ce sont Henry de Vilmorin, son fils Philippe et Séraphin Mottet, l'indéfectible serviteur de la famille, qui vont donner une nouvelle orientation à l'entreprise, jusque là orientée vers les graines potagères, et en faire un des leaders mondiaux de l'iris. Quand Philippe de Vilmorin prend la tête de l'affaire familiale, il manifeste aussitôt son intérêt pour cette plante et rachète, en 1904, la collection de son confrère Verdier. A partir de là, il va effectuer un travail d'hybridation qui marquera une nouvelle ère dans le domaine des grands iris de jardin. Malheureusement cette période exceptionnelle sera de courte durée.


'Caprice' (1904) 


'Alcazar' (1910) 


'Fra Angelico' (1920) 


'Alliés' (1922)

BLANCS A BARBES ROUGES

Les iris blancs à barbes rouges m’intéressent depuis longtemps car je les trouve particulièrement attractifs et agréables à l’œil.

Ces iris ont pour la plupart leur origine dans une recherche qui remonte aux années 50. Dans la bibles des iridophiles, The World of Irises, Melba Hamblen et Keith Keppel écrivent : « La plupart des premiers blancs à barbes rouges proviennent d’un programme d’hybridation consistant à transférer la barbe colorée des iris roses sur des iris blancs. En croisant 'Snow Flurry' avec le rose 'Cherie' et 'New Snow' avec le rose 'New Horizon', Fay a commencé une lignée dont il a tiré pour les introduire 'Lipstick' en 57 et 'Arctic Flame' en 60. »

 On peut dire que c’est cet 'Arctic Flame' qui est à la base des iris blancs à barbes rouges d’aujourd’hui. C'est ce que dit Melba Hamblen dans un article qu'elle a publié dans le numéro de printemps de 1961 du Bulletin de l'AIS : « Orville Fay's 'Arctic Flame', introduced in 1960, is the climax to the quest for red-bearded white. With large, ruffled blossoms of firm-textured loveliness carried on tall, splendidly branched stems, its dazzling whiteness is accentuated by the electrifying wide, red beard ». (1) Et c’est un de ses descendants immédiats, 'Christmas Time' (Schreiner 65), qui a donné la plus belle lignée. Cette variété provient du croisement d’un enfant blanc du rose 'May Hall' avec 'Arctic Flame', et c’est toujours un des meilleurs de la catégorie.

 Il y a assez peu d’obtenteurs qui ont développé cette association de couleurs. Schreiner, bien sûr, qui nous a donné 'Startler', en 72, descendant direct de 'Christmas Time', puis 'Silver Shower' en 73, qui vient d'un autre croisement d''Arcric Flame' (Lilac Supreme X (Arctic Flame x Silvertone)), puis 'Heavenly Rapture' en 89, ce dernier issu d’une autre filiation (Skiers' Delight X Heavenly Angels) derrière qui l'on trouve 'New Snow' (Fay 1946), cité plus haut, qui n'a pas une barbe rouge, mais une barbe jaune.... Melba Hamblen, en 78, a enregistré 'Chritsmas Rubies', qui descend d’'Arctic Flame' et d’un autre blanc à barbes oranges : 'Valentina'. La même année 78, Jean Cayeux, en France, a proposé deux blancs à barbes rouges : 'As de Cœur' et 'Neige de Mai', tous les deux issus de 'Chritsmas Time'. Peu de temps après, le Californien Glen Corlew, plutôt spécialisé dans les iris roses, a enregistré en 82 deux variétés au pedigree voisin, 'Filoli' et 'Showman', qui ont 'Arctic Flame' dans leurs parenté. En 1986 c’est John R. Durrance, de Denver, Colorado, qui a la chance de pouvoir présenter 'Any Sundae', un descendant de 'Christmas Rubies'. Le spécialiste incontesté des iris à barbes rouges, George Shoop, n’est pas passé à côté du problème, il a enregistré 'Spring Pleasure' (88), une variété provenant d’une lignée différente, et particulièrement de 'Today’s Fashion', un iris rose pêche. Au même moment Monty Byers, le génial promoteur des iris « space age », introduisait sur le marché deux variétés intéressantes, 'Heavenly Bliss' (89), et, surtout, 'Lurid' (87) qui se démarque en prolongeant ses barbes rouges d’un appendice mauve. Il s’agit de deux frères de semis, descendants de 'Startler' et du fameux 'Sky Hooks'. On trouve ensuite, en 91 et 92 des variétés blanches à barbes rouges ou minium qui sont issues de croisements entre iris à dominante jaune ou orange. Il s’agit de 'Confession' (Keppel 92), 'Snow Blanket' (Ernst 91) et surtout 'Nordica' (Maryott 92).

 Ailleurs qu’aux USA notons le travail de Brian Dodsworth, en Grande Bretagne, dont les recherches ont été couronnées de deux Médailles Anglaises de Dykes : 'Bewick Swan' (80) (BDM 85) qui est une amélioration de l’ancien blanc à barbes rouges de Nate Rudolph, 'Crystal Blaze' (64), puis 'Mute Swan' (85) et 'Whooper Swan' (95) (BDM 97), frères de semis, même si les dates d’introduction ne le laissent pas supposer, (Princess x Vanity) ; comme quoi deux roses peuvent donner naissance à un blanc… L'histoire de 'Jarmila' (Blazek, 1975/2013), qui est peut-être le premier blanc à barbes rouges d'Europe, fera l'objet d'une autre chronique, car Milan Blazek, très attaché à son obtention, a bien voulu la raconter pour nous. On en profitera pour faire un tour en Europe, où les blancs à barbes rouges, sans être très nombreux, n'en sont pas moins intéressants. A noter que dans ma collection j’ai eu aussi deux variétés blanches à barbes rouges fort peu connues : 'Elbruz Almazny', obtenu en 1978 par le Caucasien Vitali Gordodelov (et qui fait donc partie de ces variétés des pays de l'Est dont il vient d'être sommairement question), et 'Illusione Ottica', en provenance d’Augusto Bianco en Italie. Ni l’une ni l’autre ne constituent cependant des étapes incontournables de l’évolution et n'ont d'ailleurs jamais été enregistrées.

Puisque l’on en est à émettre un jugement de valeur, pour moi, deux variétés dominent le lot : 'Nordica', pour la grâce de ses fleurs et la pureté de son blanc, et surtout 'Any Sundae'. Cette dernière est pour moi le plus beau blanc à barbes rouges, en raison de sa forme parfaite et de ses barbes, réellement rouges et très grosses, ce qui constitue un contraste remarquable.

(1) 'Arctic Flame', d'Orville Fay, introduit en 1960, est le point culminant de la recherche d'iris blancs à barbes rouges. Avec de grandes fleurs ondulées, d'une texture résistante et pleine de charme, portées par des tiges hautes et remarquablement branchées, son éclatante blancheur est accentuée par une grosse et électrisante barbe rouge. 

Illustrations : 

Christmas Rubies 


Heavenly Rapture 


Nordica 


Elbruz Almazny

12.7.16

ENTORSE !

Une entorse à la règle du "vendredi". Une seule publication pour deux semaines. Pour cause de vacances !

ECHOS DU MONDE DES IRIS

De Russie 

Le concours russe, qui s'est déroulé cette année fin mai dans la région du Kouban (Sud de la Russie) a donné les résultats suivants :


1. 'Please Please me' (Loktev, 2012) 


2. 'Stepnoyie Ozero' (Riabykh, 2012) 


3. 'Island of Luck' (Loktev, 2012)

PORTRAITS

N'est-ce pas la meilleure manière de rendre hommage à tous ceux qui, depuis cent cinquante ans maintenant, font des iris hybrides ce qu'ils sont aujourd'hui, que de publier quelques photos de leurs œuvres ? Irisenligne va désormais dresser un bref portrait de nombreux hybrideurs de tous pays et offrir à ses lecteurs les plus belles images de leurs iris. 

 VI – Emily Jean Stevens 

Dans l’hémisphère sud, une dame néo-zélandaise a acquis une vive renommée dans les années 40/60. Il s’agit de Emily Jean Stevens. C’est avec l’une de ses premières obtentions qu’elle a acquis cette renommée qui l’accompagnera jusqu’à sa mort prématurée en 1967. 'Pinnacle' (1945), puisque c’est de celui-ci qu’il s’agit, est resté très longtemps la référence en matière d’amoena jaune. Elle a également tenté d'obtenir un amoena rose parfait. Il semble qu’elle n’y soit véritablement parvenue qu’à la toute fin de sa vie trop brève, avec ce 'Sunset Snows' (1965) qui fut son chant du cygne.


 'Pinnacle' (1945) 


'Finest Hours' (1955) 


'Foaming Seas' (1957) 


'Sunset Snows' (1965)

THEME ET VARIATIONS

La plupart des obtenteurs font comme ça : je crée un modèle d'iris, et je l'exploite – en l'améliorant si possible – et j'en mets sur le marché les différentes variations. Après sa célèbre série des « bleu-blanc-rouge » la Maison Cayeux s'est lancée, entre autres, dans celle des « rose et violet ». Cela donne plusieurs jolies choses qui ne diffèrent les unes des autres que par des variantes de détails, surtout perceptibles par les spécialistes. Je mettrais (même si certains ne feraient pas la même analyse que moi) dans ce thème les variétés suivantes :
'Chevalier de Malte' (1997) Whirl Around X (Ruban Bleu sib, x ((Condottiere x Delphi) x (Condottiere x Metropolitan))). 
'Poésie' (2002) Celebration Song X 92238B: (Physique x Hortense)
'Toile de Jouy' (2004) Chevalier de Malte X Conjuration.
'Folie Douce' (2008) (Chevalier de Malte sib x semis) X ((Astrid Cayeux x Helene C.) x Rebecca Perret). 
'Rose de Perse' (2010) Chevalier de Malte X Poesie.
'Joy de Rohan-Chabot' (2011) ((Sixtine C. x Conjuration) x (Alizés x (Deltaplane x Sierra Grande))) X Chevalier de Malte. 
'Belle de Mai' (2013) Toile de Jouy X (Celebration Song x Braggadocio). 
'Chaud Bouquet' (2014) Toile de Jouy X (Celebration Song x Braggadocio), donc sib. du précédent. 'Comme un Sourire' (2016)  (‘Calypso Beat’ x ‘Secret Service’) X ‘Nouvelle Vague’ sib (1) 'Moustache Rose' (2016)  (‘Elegant’ x ‘La Vie En Rose’) X ‘Folie Douce’ 

 La famille n'est peut-être pas encore au complet !

La description initiale pourrait être celle de 'Chevalier de Malte' que l'on peut qualifier de « tête de série » : Pétales chamois rosé tendre ; sépales pourpre rosé vif, grand centre crème ; barbes minium. Cette variété tient son apparence essentiellement de son parent maternel 'Whirl Around' (Hamblen, 1986), lequel ressemble à son propre parent 'Capricious' (Hamblen, 1980), et c'est, en fait, à cette variété qu'il faut rattacher la famille de 'Chevalier de Malte' et toute sa descendance.

'Celebration Song' (Schreiner, 1993) Lullaby of Spring X Frances Gaulter a aussi son mot à dire dans la génétique de la famille et c'est 'Frances Gaulter' (Hamblen, 1982) qui porte le mieux ses traits caractéristiques, lesquels sont apportés par 'Sugarplum Fairy' (Hamblen, 1979), descendant de 'Touché' (Hamblen, 1966). De quelque côté que l'on se tourne, on évolue dans la sphère de la grande famille de bicolores initiée par Melba Hamblen dès les années 1960.

Les variations se séparent en deux orientations : la teinte pastel et la teinte vive. La première commence avec 'Poésie' , avec des pétales rose tendre et des sépales où le blanc domine, ceint d'un anneau mauve améthyste. Dans ce genre on trouve 'Toile de Jouy' où la couleur améthyste se réfugie tout au bord des sépales, 'Folie Douce' (chez qui le centre des sépales reste du rose crémeux des pétales) et le petit dernier, 'Moustache Rose' nettement plus envahi par le mauve améthyste et agrémenté d'un petit éperon mauve. Les autres sont de la branche vive. 'Rose de Perse', de forme très traditionnelle, ressemble fort au chef de file, en plus rouge, peut-être ; 'Joy de Rohan-Chabot', l'aristocrate du groupe, aux sépales crème rosé largement bordés d'améthyste ; 'Belle de Mai', un peu plus saturé que le précédent ; 'Chaud Bouquet', qui porte bien son nom, plus vivement marqué d'amarante ; 'Comme un Sourire', aux pétales plus beiges et au bandeau plus pourpré.

Tous les membres de cette belle famille rivalisent d'élégance et de charme. Mais les meilleures choses doivent avoir une fin et on peut prédire que la série s'arrêtera bientôt, du moins sous son apparence actuelle.

 On est devant une utilisation astucieuse des dispositions d'une variété ou d'un groupe de variétés. C'est le propre des grands hybrideurs d'agir ainsi. C'est exactement le même procédé que celui utilisé en musique classique lorsqu'un compositeur, jouant de sa maîtrise de son art et de son génie créatif, propose un thème, qu'il varie ensuite un nombre de fois plus ou moins grand pour en tirer toute la force et toute la beauté.

(1)'Nouvelle Vague' provient de 'Chevalier de Malte'

Illustrations : 


'Chevalier de Malte' 


'Toile de Jouy' 


'Folie Douce' 


 'Belle de Mai'

1.7.16

PORTRAITS

N'est-ce pas la meilleure manière de rendre hommage à tous ceux qui, depuis cent cinquante ans maintenant, font des iris hybrides ce qu'ils sont aujourd'hui, que de publier quelques photos de leurs œuvres ? Irisenligne va désormais dresser un bref portrait de nombreux hybrideurs de tous pays et offrir à ses lecteurs les plus belles images de leurs iris.

 V – Jesse Wills 

 Le monde des iris regorge de personnages exceptionnels. Jesse Wills est, à ce titre, sûrement le plus exceptionnel. Voilà un homme qui menait de front, une prospère entreprise familiale, une activité dans la presse et la radio locale, un engagement au service de la jeunesse et du sport, une présence constante auprès de sa famille, des responsabilités au sein de l'AIS et une remarquable action d'hybrideur d'iris ! Où trouvait-il le temps et l'énergie pour tout faire, et tout faire bien ? En tant qu'obtenteur, il a été honoré d'une Médaille de Dykes, pour 'Chivalry' une variété d'une importance primordiale dans le domaine de l'hybridation, mais ses autres obtentions ont presque toutes connues un large succès horticole et commercial.


 'Chivalry' (1943 – DM 1947) 


'Starshine' (1949) 


'Belle Meade' (1950) 


'Natchez Trace' (1964)

LA FLEUR DU MOIS

'Almaden' ( William Maryott, 1990) 

(Brandy x Coffee House) X ((Brandy x (Caliente x Pink Angel)) x Royal Premiere) 

Pour la première fois dans ces « Fleurs du mois » je vais parler d'une variété qui n'a jamais figuré dans ma collection d'iris. Ces portraits ont pourtant , depuis le début, un caractère nettement personnel, mais il n'y a pas de règle qui ne souffre quelque exception. Pour 'Almaden' cette exception se justifie par l'attirance que j'ai toujours eue pour cet iris, depuis le jour où je l'ai vu.

Il est vrai que, par sa taille, ses branches plutôt écartées de la hampe principale et ses fleurs pas trop larges, il a l'air un peu dégingandé, mais c'est une fleur dont la couleur est exceptionnelle.

A ma connaissance elle est la seule dans ce ton de brun-rouge foncé qu'en d'autres temps on aurait appelé « tête de nègre ». C'est un peu ce qui ressort de la description donnée par son obtenteur, où on peut lire : « Lightly ruffled dark smooth red maroon ; beards dark maroon red », en français « Rouge acajou sombre et velouté légèrement ondulé ; barbes rouge acajou sombre. » Cela convient parfaitement.

Quelques mots des cinq parents au premier degré cités dans le pedigree :
'Brandy' (McWhirter, 1977) est un jaune bronze bien connu dans notre pays où il a été importé très tôt. Parmi ses ancêtres il y a un magnifique brun-rouge de Schreiner, 'War Lord' (1967) dont 'Almaden' possède bien des traits.
 'Coffee House' (Ghio, 1976), caractéristique du travail de Ghio à cette époque, avec le célèbre duo (Ponderosa x New Moon) dans son pedigree.
'Caliente' (Luihn, 1967) autre très célèbre brun-rouge que l'on trouve toujours dans bien des jardins. 'Pink Angel' (Rudolph, 1972), l'un des meilleurs rose de Rudolph, amplement ondulé, remarquable pour sa tenue et sa fraîcheur.
'Royal Premiere' (Maryott, 1985) qui préfigure le coloris d' 'Almaden', en plus violacé. Le moins connu de la famille.

On s'aperçoit que Bill Maryott avait mis tous les atouts de son côté lorsqu'il a réalisé le croisement à l'origine d' 'Almaden'. Son intention était bien d'obtenir un beau rouge. Son projet a été couronné de succès.

Malgré son indéniable intérêt, il n'a eu que trois rejetons enregistrés ; ce beau brun-rouge n'aurait-il pas d'attraits pour une descendance dans ces tons ? Dans l'ordre chronologique, il s'agit de : 'Dragonheart' (Schick, 1999) , fort proche d' 'Almaden', peut-être un peu plus clair, mais plus ondulé.
'Let's Roll' (Headrick, 2004), chez qui 'Almaden' est la mère et 'Titan's Glory' le père, et qui tient à la fois de l'un et de l'autre, ce qui en fait un violet pourpré, très chic.
Le troisième, 'Amethistovy Kulon' (Nadejda Rebro, 2012) , demi-frère moscovite, est un curieux croisement d' 'Almaden' et de 'Beverly Sills', qui s'est totalement éloigné du rouge puisque de couleur lilas avec large centre blanc sous les barbes.

Dans son originalité, 'Almaden' mérite bien un coup de chapeau puisqu'on peut bien dire que c'est un iris unique en son genre. Ceux qui le possèdent ont bien de la chance !

Illustrations : 

'Almaden' 


'Brandy' 

'War Lord' 


'Let's Roll'

MES PLICATAS

L'obtenteur polonais Robert Piatek a publié dans le blog de l'AIS un court article concernant ses expériences avec les iris plicatas. C'est intéressant en ce que cela donne une idée du travail des hybrideurs dans ce nouveau monde des iris qu'est l'Europe de l'Est. En voici la traduction.

 Le modèle plicata, que l'on rencontre chez les iris à barbes est spectaculaire, et tout hybrideur aspire à créer un plicata qui n'existe pas encore. L'hybrideur le plus distingué dans ce groupe d'iris est Keith Keppel. Son travail est insurpassé. Il est toujours un pas en avant de ses contemporains.

Ma stratégie n'a jamais été de ne cultiver qu'un seul groupe d'iris. C'est pourquoi mes semis sont variés. Mais je m'égare. Place aux plicatas !

 J'ai créé mon premier plicata en 2007, en croisant 'Rustler' et 'Acoma'. J'ai immédiatement reconnu la qualité de ce semis et je l'ai enregistré auprès de l'AIS en 2010 sous le nom de 'Queen of Dew'. C'est une fleur aux couleurs chaudes, avec des pétales miel foncé et des sépales parfaitement blancs avec des dessins plicatas constitués de taches miel clair. La plante est robuste, mais elle ne donne pas de trop nombreuses pousses chaque année.

Deux ans plus tard, en 2009, j'ai croisé 'Slovak Prince' avec 'Blackberry Tease'. De ce croisement j'ai obtenu une douzaine au moins de semis, mais seulement trois plicatas. 'D' n'était pas beau, et je l'ai rejeté. Les deux autres étaient corrects, mais 'A' a particulièrement retenu mon attention. Les pétales sont bleu lavande avec un léger liseré brun. Le liseré est constitué de nombreuses lignes brunes qui constituent le modèle plicata. La plante croît lentement mais elle est particulièrement prolifique, avec de quatre à six nouvelles pousses chaque année.

En 2010 j'ai pris la décision de croiser deux plicatas et les résultats ont été les suivants :

 De ce croisement j'aime surtout 'A' avec sa forme de fleur unique et sa couleur bourgogne foncé Il est typiquement du modèle plicata, mais vous pouvez voir sur les pétales un léger liseré brun. 'B' a développé un joli et riche modèle plicata, mais la morphologie de la plante est telle que je vais probablement l'écarter. Je continue d'observer 'C', mais je suis toujours à me demander si je vais ou non l'enregistrer dans le futur.

Ce sont là tous les plicatas que j'ai créés au cours des quatre dernières années, mais j'ai toujours 1500 semis qui s'apprêtent à fleurir. En pots j'ai 7000 graines qui proviennent de différents croisements. Je pense que d'ici un an ou deux vous verrez mes prochains plicatas. Peut-être que parmi eux il y a quelque-chose d'une qualité semblable à celle de 'Queen of Dew'...

 PS : Robert Piatek m'a fait parvenir ces jours-ci quelques photos de ses dernières obtentions dans le domaine des plicatas. En voici deux.