29.1.21

LIEUX D'IRIS

Pour les amateurs d'iris il y a des lieux qui sont indissociables de leur fleur préférée. Ce sont en général ceux où un grand hybrideur a exercé son art, mais ce peut être aussi une localité, un jardin où se trouve une iriseraie inoubliable ou un endroit renommé pour une raison ou une autre liée aux iris. Aujourd'hui nous allons en visiter quelques-uns. 

I : Malétable 

Dans les guides touristiques on parle de Malétable comme de la commune où un curé a fait construire une église à ses frais. C’est vrai que cela n’est pas banal car au milieu du 19ᵉ siècle, le moment où se situe l'épisode de ce jour, les curés de campagne n’étaient généralement pas riches. A Malétable, c’était différent. Mais savez-vous où se trouve Malétable ? 

C’est un tout petit village d’une centaine d’habitants, situé dans le Perche, à quelques kilomètres de Mortagne, dans le département de l’Orne. Ce n'est même plus une commune puisque celle-ci a fusionné avec quelques autres pour constituer la commune nouvelle de Longny-les-Villages. Au demeurant c'est un charmant village, avec un petit ruisseau qui serpente dans la campagne, et passe au pied d’une gentilhommière solidement bâtie sur une hauteur pour profiter de la rivière sans en subir les inconvénients. Un grand parc, autour, avec quelques topiaires et bordures d’iris pallida… Est-ce pour rappeler que dans cette commune Marie Guillaume de Bure est mort en 1842 ? 

Cette belle demeure, qu'on appelle « le château » était-elle la campagne de notre homme ? Je n’en suis pas certain, mais cela se pourrait bien. On peut tout au moins l’imaginer car l’âge de la bâtisse, ses proportions, son grand jardin auraient parfaitement convenu à un riche bourgeois imbu de botanique et d’horticulture. En tout cas il semble que celui qui fut le dernier maire de Malétable n'avait cure de cet illustre personnage car lors que je lui ai écrit pour évoquer la présence de M. de Bure, il ne m'a pas répondu ! L'affaire mériterait pourtant d'être élucidée parce que les iridophiles de France (et d'ailleurs) aimeraient bien savoir si c'est là que sont nés les premiers iris hybrides sélectionnés, cultivés et proposés à la vente. Espérons qu'un jour, à Longny-les-Villages, on s'intéressera à ce point de la petite histoire ! 

II : Belleville (Seine) 

On parle ici de l'ancienne commune de Belleville, annexée par Paris en 1860, qui s'étendait en partie sur les actuels 19e et 20e arrondissement. Au moment de l'annexion par la capitale c'était un quartier pauvre - comme presque toutes les communes ceinturant la grande ville – mais rempli de guinguettes et de tavernes où le bon peuple de Paris aimait à venir se promener le dimanche. La présence de nombreuses sources était aussi là pour fournir de quoi arroser les nombreux jardins et pépinières qui occupaient l'emplacement de l'actuel parc de Belleville. C'est là, sur la pente nord du quartier au 3, rue Desnoyers, que se situait la pépinière de Jean-Nicolas Lémon, au milieu des cultures maraîchères et de ces vignobles qui fournissaient aux parisiens leurs légumes et leur boisson. Jean-Nicolas Lémon c'est, après Marie Guillaume de Bure, celui qui a poursuivi le travail de sélection d'iris hybrides obtenus par fécondation naturelle. Il a fait faire un véritable bond en avant à ce type de culture et il a eu un succès considérable. Malheureusement cet élan a été stoppé par la guerre de 1870 et l'arrivée à Paris des Prussiens... Quoi qu'il en soit, il aurait été inéluctable que les cultures, qu'elles soient vivrières ou de loisirs, déménagent hors de Paris tant la pression immobilière s'accroissait. La pépinière de J.-N. Lémon aurait été obligée de s'éloigner, en banlieue voire en province. C'est d'ailleurs en banlieue que l'on va se rendre maintenant pour visiter un autre lieu d'iris. 

 III : Vitry-sur-Seine 

Vitry-sur-Seine se trouve de nos jours aux portes de Paris, sitôt passé le périphérique, mais en 1900 c'était encore un endroit champêtre, et c'est là que se trouvaient les cultures d'iris de Ferdinand Cayeux. On ne présente plus ce dernier. A son époque il était admiré et même adulé par ses contemporains amateurs d'iris. On venait du monde entier pour admirer, à la pépinière du Petit Vitry, ses nombreuses et superbes créations. La plupart des hybrideurs des années 1920/30 ont utilisé certains de ses produits qui se trouvent toujours présents dans les gênes de très nombreux iris modernes. La poussée immobilière l'a contraint à abandonner son jardin de Vitry pour se réfugier là où se trouve toujours l'exploitation familiale, c’est-à-dire au lieu-dit La Carcaudière, à Poilly-lès-Gien, dans le Loiret. Cet exil n'a pas été une mauvaise chose. Le sol y est ingrat, morainique, mais les iris y prospèrent et la quatrième génération de la famille Cayeux continue d'y obtenir des iris parmi les plus beaux du monde. Vitry, c'était une époque inoubliable, mais Poilly en sera une non moins mémorable. 

IV : Verrière le Buisson 

Philippe de Vilmorin fut une étoile filante dans le ciel des iris, mais une étoile combien brillante ! Dans les années 1900/20 il a donné au monde des iris des fleurs parmi les plus belles de son époque, et dans ce petit monde où tous se connaissent ses obtentions continuent d'être admirées. Elles sont nées à Verrière-le-Buisson, au sud de Paris. Dans cette localité, très rurale au début du XXᵉ siècle, la famille Vilmorin possédait une magnifique propriété avec de l'espace où cultiver des iris, mais aussi toutes les autres plantes qui faisaient la réputation de la Maison Vilmorin-Andrieux. C'est là que Séraphin Mottet et son maître Philippe de Vilmorin réalisaient leurs croisements « à quatre mains » : ensemble ils choisissaient les variétés à croiser, et Mottet réalisait les hybridations, suivait la croissance des jeunes plantes, et au moment de la sélection des variétés à retenir il faisait les propositions que Philippe de Vilmorin rejetait ou entérinait avant de les enregistrer sous son nom. 

Philippe de Vilmorin avait eu l'idée d'organiser, à Paris, une grande conférence internationale sur les iris. Le projet avait pris corps dès 1914 et Séraphin Mottet, à la demande de son patron, avait tout organisé. Il présenta son projet en juin 1914, mais les événements qui allaient se produire dans les semaines suivantes allaient repousser de plusieurs années la réalisation de cette conférence. Elle se déroula finalement en 1922. Elle rassembla environ 60 délégués venus de France, Grande-Bretagne, Suisse et Etats-Unis. Le 29 mai les participants se rendirent à Verrière le Buisson, Ils visitèrent toutes les installations, toutes les plantations et furent particulièrement émerveillés par les champs d'iris où se trouvaient la plupart des iris anciens et modernes produits partout dans le monde, ainsi que tous les cultivars introduits par Vilmorin-Andrieux. La propriété appartient actuellement à la Ville de Verrière. L'amorce d'une reconstitution d'un jardin d'iris y a été entreprise dans les années 2000, mais le projet semble avoir avorté. Quoi qu'il en soit, Verrière-le-Buisson fait partie de ces lieux qui jalonnent l'histoire des iris. 

 V : Bourg-la-Reine 

On ne quitte pas la région parisienne. En évoquant Bourg-la-Reine on aborde le destin d'une autre grande famille de créateurs d'iris : les Millet. Cette histoire commence mal. On est en 1870 et les Prussiens assiègent Paris, contraignant bon nombre de banlieusards à s'éloigner de la capitale, car les envahisseurs sont sans pitié. Les Millet quittent donc leur pépinière de Bourg la Reine. Quand ils y reviennent après la reddition ils trouvent leur propriété pillée et leurs plantations saccagées. Ils vont tout reconstituer et devenir en quelques années une entreprise florissante, spécialisée dans les fraisiers et les cyclamens, avant de se lancer dans les iris à la toute fin du XIXᵉ siècle… C'est donc à Bourg-la-Reine que sont nées des variétés aussi importantes que 'Mady Carrière' ou 'Colonel Candelot', mais surtout 'Souvenir de Mme Gaudichau' qui a été cultivé partout dans le monde et figure donc dans le pedigree d'un grand nombre de variétés modernes. Bourg-la-Reine est restée une des capitales de l'iris jusqu'à ce que l'extension inexorable de l'urbanisation ne contraigne Lionel Millet à s'expatrier à Amilly, près de Montargis, tout à fait comme les Cayeux ont été obligés de le faire en direction de Gien. 

VI : Giverny 

Est-il paradoxal de parler de lieu d'iris à propos Giverny, demeure du peintre Claude Monet ? Sûrement pas car Monet, peintre, mais aussi jardinier hors pair possédait une collection d'iris parmi les plus complètes de son époque. C'est Octave Mirbeau, ami très cher du peintre et comme lui botaniste averti, qui décrit fort bien le jardin d'iris : « (…) dans les larges plates-bande qu'ils bordent sur des fonds de vergers en fleurs, les iris dressent leurs pétales récurvés, étranges, fanfreluches de b blanc, de mauve, de lilas, de jaune et de bleu, évoquant dans leurs dessous compliqués, des analogies mystérieuses, des rêves tentateurs et pervers, pareils à ceux qui flottent autour des troublantes orchidées... » Plus loin il parle d'« extraordinaire mêlée de tons », « orgie de nuances claires »... Le jardin de Monet est un foisonnement de fleurs où les iris tiennent toute leur place lors de leur courte période de luxuriance. 

Aujourd'hui le jardin n'a rien perdu de sa splendeur. Les iris y ont toujours une place prépondérante et les très nombreux visiteurs qui s'y rendent chaque année peuvent y admirer quantité de variétés anciennes et modernes. Giverny est bien un lieu d'iris. 

 Au fil du temps les jardins d'iris se sont peu à peu éloigné de la région parisienne, chassés par l'urbanisation. Les lieux d'iris d'aujourd'hui sont des villes ou des villages de province. Ils sont splendides au printemps, riches de milliers de variétés, mais surtout ils assurent la pérennité d'une culture florale chère à tous les amateurs. Et il semble bien qu'ils soient assurés de poursuivre leur existence puisqu'ils se transmettent à présent de génération en génération. 

 Illustrations : 


Château de Malétable 



Barrière de Belleville 


Château de Vitry 



'Colonel Candelot' (en hommage à un ancien maire de Bourg la Reine)

23.1.21

ECHOS DU MONDE DES IRIS

100 ! 

C'est le nombre de grands iris de jardin enregistrés par les hybrideurs français en 2020. Jamais il n'y en a eu autant depuis que les enregistrements existent !

GÉOMÉTRIE D'UNE FLEUR

En 2017, dans un article intitulé « Là où tout va par trois », nous avions ici abordé le phénomène qui caractérise l'iris : la disposition par trois de la plupart de ses composants. Nous allons reprendre aujourd'hui cet article et lui apporter quelques compléments. 

Il est en effet remarquable que chez l'iris tout aille par trois. Les plantes qui présentent cette disposition ne sont pas nombreuses. On rencontre plus communément le chiffre 4 ou le chiffre 5, voire un chiffre beaucoup plus grand, mais le 3 est rare et, on peut le dire, le minimum que la nature ait prévu. Chez l'iris il se taille la part du lion. Cette imparité est en soi un élément séduisant et il est exploité au maximum, comme si la nature, ayant découvert ses mérites, en faisait un usage immodéré. 

Commençons par la plante elle-même. Quand elle est en bonne santé et prête à jouer son rôle, elle va développer un bouquet de trois feuilles dont seul l'élément central deviendra la tige florale. Cette tige elle-même portera en général trois branches chargées de boutons floraux (c'est d'ailleurs ce développement auquel tiennent par dessus tout les obtenteurs, pour avoir un iris harmonieux et de longue floraison). Car le plus souvent chacun de ces boutons sera porteur de trois fleurs qui apparaîtront l’une après l’autre, ce qui donnera à la plante une apparence élégante et équilibrée et garantira au moins trois semaines de floraison. 

Pour ce qui est de la fleur proprement dite, quand on en regarde le diagramme, on est frappé non seulement par sa parfaite symétrie, mais aussi par le règne absolu de cet emblématique chiffre 3. A l’extérieur, trois sépales qui l'enserrent dans son ensemble, protégeant les parties sexuelles jusqu’au moment où il est nécessaire de les présenter aux insectes fécondateurs. A l’intérieur, ensuite, trois pétales disposés en sens inverse, c’est à dire que l’ensemble sépales plus pétales constitue un tabernacle bien clos, au cœur duquel apparaissent trois anthères portant le pollen, puis tout à fait au centre, les trois compartiments de l’ovule. On devrait ajouter les trois stigmates pétaloïdes qui constituent un triple pistil et sont destinés à recueillir le pollen, et les trois barbes qui, chez les iris qui en sont dotés, balisent le chemin que les insectes doivent emprunter. 

Passons à l'intimité même de cette fleur. Celle-ci se présente sous la forme de capsules grossièrement ovoïdes où les graines sont empilées en trois colonnes, chacune abritées dans trois loges étanches qui vont se fendre sur les nervures quand les graines seront mûres de façon à les libérer pour qu'elles s'éparpillent aux alentours de la plante-mère. C'est ce phénomène qui fait souvent croire aux jardiniers que leurs iris dégénèrent puisqu'ils voient apparaître à côté ou au sein même de la touffe des fleurs d'un autre modèle ou d'un autre coloris. 

Mais il n’y a pas que cela qui marche par trois chez l’iris. 

Il faut le plus souvent trois ans pour qu’une plante nouvelle issue d’une graine parvienne à la floraison, c'est moins absolu que le diagramme de la fleur, mais c'est une durée avérée. Cette floraison elle-même durera en moyenne trois semaines, le temps que s’ouvrent les différents boutons ; et dans les iris modernes on compte idéalement trois fleurs épanouies en même temps. Enfin chaque fleur aura en moyenne une vie de trois jours : s’ouvrant le plus souvent au petit matin, elle sera disponible pour la visite des insectes dès le lever du soleil. Peu à peu les sacs polliniques des étamines vont mûrir et sécher, puis se fendre et libérer le pollen qui va être transporté sur le dos des abeilles (pour les fleurs les plus petites) ou des gros bombyles (pour celles des grands iris barbus), jusqu’à une autre fleur, où il sera automatiquement déposé sur la lèvre du stigmate lorsque l’insecte porteur passera pour plonger chercher le nectar dans le tréfonds du calice. A la fin des trois journées d’exposition, les sépales vont se flétrir et se redresser : leur rôle est terminé ; en effectuant ce mouvement inverse de celui de l'éclosion, ils vont enserrer de nouveau le reste des parties florales, puis le tout va progressivement se dessécher tandis que les ovules fécondés grossiront et commenceront leur maturation. Trois mois vont s’écouler entre la fécondation et l’ouverture des capsules. Trois mois au cours desquels la plante va se refaire des réserves en pompant dans le sol l'eau et les nutriments et dans l'air, par leurs feuilles, le carbone dont elle a besoin. C'est ainsi que s'amorce son développement futur : de chaque côté du rhizome des bourgeons vont apparaître, grandir, pour donner au printemps suivant de nouvelles plantes qui, ajoutées à celle qui se sera développé à la pointe du rhizome d’origine, constitueront une nouvelle trilogie, quelque fois plus car la géométrie de la fleur est beaucoup plus rigoureuse que le développement des futurs rejetons. 

Il n'empêche que le chiffre 3 est outrageusement présent dans ma géométrie de l'iris. C'est ce qui fait la particularité et aussi la beauté de cette plante. En effet si, d'une manière générale, l'être humain est attiré par la symétrie et le chiffre 2 ainsi que ses multiples, il n'est pas insensible à certains chiffres et nombres impairs, comme le 3, ou le 7. L'iris, en choisissant cette imparité se crée une originalité qui ajoute indéniablement à sa séduction. 

Illustrations : 


une fleur impaire

 

vue zénithale d'une fleur d'iris 


Un iris classique

16.1.21

COMME UNE FLEUR DE PENSÉE

Le mouvement est lancé. Et comme ce fut le cas avec les amoenas inversés puis avec les distallatas, on peut s'attendre à ce qu'il prenne de l'ampleur dans les années à venir. Mais de quel mouvement s'agit-il ? Il n'a pas encore de nom (on parle déjà, cependant, de fleurs « façon pensée » ce qui est très expressif), mais on peut le définir comme étant celui dont les fleurs ont des sépales marqués d'un gros signal sombre sur fond clair ou d'une traînée vivement colorée s'écoulant sous les barbes comme l'eau s'échappant d'une bouche de fontaine. C'est le modèle dont le précurseur a été 'Horské Oko' (Mego, 2015) et qui a été très rapidement suivi par 'Space Signal' (Keppel, 2017) puis par 'Brainteaser' (Johnson, 2018). Dans le pedigree de toutes ces variétés on trouve le fameux 'Decadence' (Blyth, 2001),ce qui laisse à penser que c'est de cet iris exceptionnel que provient l'apparition de ces gros spots sombres sur un fond clair que l'on connaissait jusque là sur les iris arils ou arilbred mais qui n'avait pas pu être implanté jusqu'à présent sur les grands iris. La découverte d'Anton Mego résulte peut-être d'un hasard heureux, mais que le miracle se soit reproduit dans les pépinières de Keppel et de Johnson, tous les deux amis intimes de Barry Blyth, obtenteur de 'Decadence', et utilisateurs réguliers de ses variétés, tend à confirmer que c'est bien dans les gênes de ce 'Decadence' qu'il faut chercher le point de départ de ce nouveau modèle. 

Comme ce fut le cas avec les derniers modèles apparus, on peut s'attendre à ce que de très nombreux obtenteurs proposent bientôt des variétés « spot ». Tout cela me fait penser aux créations musicales classiques : un compositeur a l'idée d'une mélodie, puis lui-même ou un confrère lui ajoute des ornements ou le transforme au moyen de multiples variations. On a constaté ce phénomène avec le modèle distallata. Au départ, chez 'Prototype' (Ghio, 2000) ou chez 'Quandary', (Keppel, 2000) les griffures foncées s'éloignant en étoiles au-dessous des barbes étaient légères et discrètes mais avec l'apport d'autres éléments elles se sont intensifiées et transformées peu à peu pour aboutir, à l'heure actuelle, à des iris à rayures très contrastés. 

Pour confirmer le propos ci-dessus, il n'est que de voir ce qui se passe avec un iris comme 'Inkblot' (Keppel, 2016) dont les sépales à base de bleu-gris et liserés du jaune des pétales, sont marqués par une tache bleu vif partant de la pointe des barbes et s'étalant de plus en plus, comme le ferait un filet d'encre s'écoulant lentement, jusqu'à la bordure jaune. Le modèle a déjà évolué. Par exemple avec 'Autumn Tease' (Johnson, 2019), où le spot central acajou se distingue d'autant mieux qu'il est entouté d'un double bordure : un gros tour blanc et un liseré jaune. La pépinière Mid-America de Paul Black et Thomas Johnson a présenté en avant-première sur Facebook trois nouvelles variétés qui confirment que l'on est à l'orée d'une petite révolution. Dans la présentation qu'il en fait Paul Black dit : « Il y a longtemps que je pensais qu'il serait plaisant de reproduire sur les grands iris le spot que l'on trouve sur certains SDB et/ou le signal caractéristique des arilbreds. Au printemps dernier il y a eu plusieurs nouveaux semis qui ont commencé à donner cet effet. » Et il prédit qu'à partir de ces variétés on peut s'attendre à des nouveautés. Et il publie trois photos intéressantes : 

- Semis TN7, aux pétales d'un joli violet clair et lumineux, au-dessus de sépales du même ton mais ornés en leur centre d'une grosse tache violet sombre ; 

- Semis TN180, qu'on peut qualifier de tricolore, avec des pétales blanc crémeux infus et liseré de jaune primevère, et des sépales très larges entourés d'un dégradé de violet et centrés d'un large signal brun acajou profond. 

- Semis TN ??, dont il ne donne pas le numéro de semis complet, blanc pur orné d'un spot acajou, petit mais bien net, et d'un léger signal bleu. 

 Chacune de ces fleurs a une apparence très agréable et originale. Cela ne veut pas dire que les plantes qui les portent aient une quelconque valeur mais si ce n'est pas le cas nos habiles obtenteurs oregonais sauront bien, par des croisements précieux, créer des variétés de qualité porteuses de fleurs nouvelles dont nous pourrons profiter dans quelques années. 

Et je suis convaincu que d'autres hybrideurs, qui n'en font pas encore la publicité, préparent dans le secret de leurs jardins des variétés à spot dont nous ne tarderons pas à nous régaler. 

Illustrations : 


'Autumn Tease' 


semis MIDAM n° TN7 


semis MIDAM n° TN180 


autre semis MIDAM

9.1.21

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Pendant la retraite, les recherches continuent 

Voici ce que j'ai dit la semaine dernière : « L'australien Barry Blyth a beau avoir pris une retraite bien méritée, il n'en continue pas moins l'hybridation, pour son plaisir et pour le nôtre, car Thomas Johnson, de Mid-America, met sur le marché les sélections qui lui parviennent de l'autre bout du monde. Et l'on s'aperçoit que Barry Blyth est toujours à la recherche de l'amoena blanc/rose parfait. » 

C'était faux ! 

Roland Dejoux a fait le commentaire suivant : « Malheureusement à ce jour, Barry n'hybride plus. Les variétés commercialisées par Mid America sont issues des croisements de Barry jusqu'en 2014. Les semis issus des croisements de 2015 et 2016 ont été confiés à Melissa et Bailey Schiller (jeune et excellent créateur australien) qui ont leur pépinière prés d'Adélaïde. » 

Ce qui reste vrai c'est qu'il y a encore des semis de Barry Blyth qui apparaissent sur le marché, dont celui qui a été l'objet de mon Echo, où l'on retrouve les thèmes qui ont occupé Barry Blyth tout au long de sa vie d'hybrideur.

SPURIAS, LES GRANDS TARDIFS

On ne parle pas souvent des iris spurias. Pas plus d'ailleurs des I. spuria botaniques que de la classe horticole de ce que l'on nomme les spurias. Cette grande discrétion provient, il est vrai, de ce que cette classe ne rencontre pas un succès fou auprès des hybrideurs ni, par voie de conséquence, auprès des jardiniers, simples amateurs ou collectionneurs. Le nombre des nouvelles variétés enregistrées chaque année est très faible : autour de 10 nouveautés (2010, par exemple, fut une riche année avec 14 enregistrements ! ) Ces iris – sans barbes – ont pourtant tout pour plaire. 

Au plan horticole, ces hybrides, comme tous les iris hybrides, sont le résultat d'un cocktail d'espèces botaniques, au demeurant peu nombreuses, et dont le leader est I. ochroleuca, dont le nom est aussi la description. En effet il veut dire « jaune et blanc », ce qui est exactement la couleur des fleurs, celles-ci étant blanches avec un important signal jaune vif sur les sépales. Ce sont des plantes largement répandues dans la zone tempérée de l'ancien monde. A partir de ces couleurs les hybrideurs sont arrivés à en obtenir des fleurs beaucoup d'autres, sans atteindre cependant l'infinie variété des grands iris barbus. Cela va du jaune au bleu en passant par le blanc, le brun-tabac, le bronze et le grenat sombre, avec un grand choix d'associations de couleurs toujours élégant et spectaculaire. 

Comme les autres classes d'iris, les spurias ont leur récompense spécifique : la Eric Nies Medal qui honore chaque année depuis 1993, suite à la réorganisation de 1992 du système des récompenses américaines la variété la plus valeureuse. Auparavant, depuis 1956, existait ce qu'on peut considérer comme un Award of Merit qui portait ce nom. Eric Nies, américain d'origine néerlandaise, professeur de botanique dans un lycée agricole, fut l'initiateur de l'hybridation des spurias, dans les années 1920/30. Pour la petite histoire, on peut noter qu'il fut dans sa jeunesse un joueur de baseball renommé ! 

Comme toutes les plantes, les spurias possèdent des qualités et des défauts. Parmi leurs qualités, j'en vois au moins quatre qui pourraient être mises en avant : 

leur grande taille ; une touffe de spuria se remarque au jardin ! Les tiges mesurent environ un mètre de hauteur et les touffes elles-même prennent vite des proportions assez considérables. 

Leur feuillage ; c'est une particularité de ces hybrides que d'avoir un feuillage dense et très sain ; une touffe âgée peut faire penser un peu à un ginerium ! 

La saisonnalité ; ce sont des iris tardifs qui entrent en floraison quand les grands barbus s'arrêtent. C'est un atout important pour profiter de fleurs au jardin quand le printemps se termine et que l'on passe d'une saison d'opulence à une situation beaucoup plus restreinte. 

Pourquoi donc cette relative rareté ? J'en vois plusieurs raisons : 

Il y a d'abord le fait que ce sont des hybrides relativement récents : pas plus d'une douzaine de générations depuis le début de leur hybridation, alors qu'on en est à peu près à trente générations chez les grands iris barbus. De plus ces hybrides restent peu nombreux dans le monde. Disons qu'ils n'ont pas (pas encore?) réussi à s'implanter durablement. 

Un autre handicap résulte aussi de ce que je considère comme un atout, le caractère tardif de la floraison. Après la débauche de fleurs générée par les grands iris, on est un peu saturés et on se voit mal repartir pour un tour d'émerveillement supplémentaire. 

La taille des plantes elle-même peut être un autre handicap. Une touffe bien développée atteint facilement un mètre de diamètre ce qui exige un jardin de grande taille pour qu'elle y soit en valeur : c'est devenu assez peu fréquent de nos jours. En fait ce sont plus des plantes de collectionneurs que de simples jardiniers. 

On peut également reprocher aux spurias d'avoir un branchement assez maigre. C'est une situation qu'on a perdu l'habitude de rencontrer chez les hybrides modernes de grands iris où les plus récentes variétés comportent en général trois branches. Les spurias n'en ont le plus souvent qu'une seule. Et comme cette unique tige est haute, l'impression générale est un peu dégingandée ; même si les fleurs, le long de cette tige, peuvent être assez nombreuses. 

Ces différents handicaps limitent le nombre des personnes intéressées et par conséquent celui des clients potentiels pour les pépinières. C'est une bonne raison pour expliquer que le nombre des variétés disponibles dans les catalogues soit tout à fait réduit. A titre d'exemple le dernier catalogue de Cayeux S.A. n'offre que neuf variétés ! Le site d'iris de la Baie (J.C. Jacob), quant à lui réussit à en proposer trois douzaines : pour une petite entreprise artisanale, c'est une belle performance ! Aux Etats-Unis, dans les années récentes, le champion des spurias fut Dave Niswonger qui a enregistré plus de soixante variétés et reçu dix-huit Médailles de Nies entre 1980 et 2016. 

Pour qui voudrait rassembler quelques variétés intéressantes, je conseillerais les suivantes : 

'Bienvenue' (Ransom, 2011). Issue de I. ochroleuca, cette variété est très proche du type botanique. Les sépales, très larges, donnent de l'ampleur à la fleur. 

'Eclatant' (Ransom, 2011). Frère de semis du précédent, remarquable par les ondulations du bord des sépales. 

'Line Dancing' (Jenkins, 2007). cette variété, qui descend directement de l'espèce I. crocea, se distingue par sa couleur bleue. Médaille de Nies en 2017. 

'Missouri Iron Ore' (Niswonger, 1996). Un coloris caractéristique des iris spurias. Sa haute taille en fait un phare dans le jardin. Médaille de Nies en 2005. 

'Spadille' (Jacob, 2018). son coloris, très original, en constitue l'attrait principal car les amoenas inversés, chez les spurias comme chez les grands iris, ne courent pas les bordures. 

Avec ces cinq variétés on dispose d'un choix éclectique qui peut constituer un bon début de collection. Avec une priorité aux variétés françaises qui n'ont rien à envier à leurs consoeurs américaines. 

Illustrations : 

'Bienvenue' 

'Eclatant' 


'Line Dancing' 


'Missouri Iron Ore' 


'Spadille'

1.1.21

NOUVELLE ANNÉE

A tous les lecteurs d'Irisenligne : Bonne Année ! Cette année nous devrions fêter les 20 ans d'Irisenligne !

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Pendant la retraite, les recherches continuent 

L'australien Barry Blyth a beau avoir pris une retraite bien méritée, il n'en continue pas moins l'hybridation, pour son plaisir et pour le nôtre, car Thomas Johnson, de Mid-America, met sur le marché les sélections qui lui parviennent de l'autre bout du monde. Et l'on s'aperçoit que Barry Blyth est toujours à la recherche de l'amoena blanc/rose parfait. 

Voici sa dernière découverte. 


'Sugar with That' (Blyth, 2021)

LA FLEUR DU MOIS

‘Citoyen' (Pierre-Christian Anfosso, 1989) 'Sostenique' X ('Misty Dawn' x 'Bateau Ivre') 

Dans mon ancienne iriseraie, celle des années 1990, 'Citoyen' avait sa place en compagnie de plusieurs autres variétés acquises auprès d'Iris en Provence, et d'autres issues d'un échange avec un collectionneur de Pau, qui était venu m'apporter ce que je lui avais demandé et choisir ce qu'il voulait emporter à la place. Dès sa première floraison à cet endroit il m'a particulièrement plu et j'ai été spécialement séduit par son coloris si peu courant. Ses voisins s'appelaient 'Nuit Blanche' (Pierre Anfosso, 1979) et 'Extravagant' (Melba Hamblen, 1982), et je trouve que ces trois variétés formaient un ensemble bien assorti et séduisant. 

 'Citoyen' fait partie de cette série d'iris que la Maison Anfosso a mis sur le marché en 1989, année du bi-centenaire de la Révolution Française, et de ce fait baptisés de noms en rapport avec cet anniversaire. Il résulte d'une alliance (franco-américano)-australienne, la branche australienne, 'Sostenique' ayant été abondamment utilisée par Pierre-Christan Anfosso au cours de sa grande période d'activité : nous lui devons 'Atala' (1990), 'Atys' (1988), 'Marche Turque' (1991), 'Myre' (1996/2012), 'Oiseau-Lyre' (1996/2012) et ce 'Citoyen' qui nous intéresse aujourd'hui. 

 La variété-mère est donc 'Sostenique' (Blyth, 1975), un iris qui fait partie de la première manière de Barry Blyth et qui le seul de son obtenteur à avoir remporté la Médaille de Dykes australienne (ce qui ne peut s'expliquer que par un désamour entre Blyth et les organisateurs de la compétition). Son pedigree est (Lilac Champagne x Bon Vivant) X Latin Tempo, où se rencontrent 'Lilac Champagne' (Hamblen, 1964), variegata très utilisée en hybridation dans les années 1970/1980, 'Bon Vivant (Plough, 1962), autre variegata, 'Latin Tempo' (Blyth, 1973) bicolore rose/bleu que l'on retrouve dans un grand nombre de variétés Blyth de la fin des années 1970. 

Côté mâle, c'est le croisement (Misty Dawn X Bateau Ivre) qui entre en jeu. 'Misty Dawn' (Hamblen, 1972) est un « blend » beige, rose et bleu qui a surtout fait le bonheur de Melba Hamblen, laquelle en a obtenu 12 de ses produits dont le très apprécié 'Betty Simon' (1975). C'est à mon avis ce 'Misty Dawn' qui a transmis l'essentiel de ses traits à 'Citoyen'. Quant à 'Bateau Ivre' (P.C. Anfosso, 1980), qui est une variété au coloris surprenant, ce n'est pas cette fois qu'il transmettra ses traits à un descendant. Il faut plutôt les chercher chez un autre cultivar de Pierre Christian, 'Opium' (1984) qui fait partie, selon moi, des variétés les plus originales de la production Anfosso. 

Le plus étonnant dans l'affaire c'est que 'Citoyen' n'a pas provoqué l'emballement des hybrideurs français. C'est plutôt aux Etats-Unis qu'il a rencontré du succès. L'inclassable Tom Burseen a réalisé un croisement (Citoyen X Magic Kingdom) qui n'a pas été lui-même enregistré mais dont il a obtenu sept semis restés inconnus chez nous mais tous d'apparence différente, allant du bitone violet de 'Happy Eyes', (2012) à l'amoena abricot 'Awful Purdy' (2010) en passant par 'Braggin Rights' (2011) de type Emma Cook. Frederic Kerr l'a également utilisé avec succès, notamment pour le rutilant 'Bold Vision' (1999). 

'Citoyen' fait partie de mes favoris. Il doit maintenant se trouver dans la collection du presbytère de Champigny. Sans doute y a-t-il perdu un peu de la mise en valeur qu'il mérite, au milieu de tant d'autres superbes variétés. Mais les amateurs avisés sauront l'y distinguer car c'est un iris que l'on ne peut pas oublier. 


 Illustrations : 



'Citoyen'




'Sostenique' 




'Misty Dawn' 



'Bateau Ivre' 



'Opium'

LE PETIT MONDE DES IRIS

En Amérique on parle de l'irisdom, mais en français on se contentera de l'expression « petit monde des iris » pour définir ce groupe de personnes qui voue aux iris (et aux iridacées) une passion particulière, parfois dévorante. Sans doute les amateurs d'iris existent-t-ils depuis que se pratique la culture de cette plante. Car dès que quelqu'un s'intéresse à quelque chose, il cherche à rentrer en contact avec ceux qui ont le même centre d'intérêt que lui, pour en parler, pour échanger des idées, des connaissances et même des objets se rapportant à ce qu'ils ont en commun. Mais il y a bientôt trois cents ans, quand l'iris est devenu, pour certains, une passion, ce monde était très ténu et très lâche dans ses liens. Les écrits restaient rares et le téléphone n'existait pas encore... On peut dire que jusqu'aux années 1920, ce petit monde-là n'avait pas de structure et peu d'adeptes. Il a fallu les travaux de William Rickatson Dykes, et son considérable ouvrage « The Genus Iris », publié en 1913, pour que le monde botanique et horticole prenne conscience de l'intérêt des iris et commence à s'intéresser sérieusement à ces fleurs. Peu à peu s'est constitué ce qui forme aujourd'hui le monde des iris. 

 Ce sont les Britanniques qui ont amorcé la constitution de ce microcosme, et on peut situer la naissance d'une véritable iridophilie en 1925, à la mort tragique de W. R. Dykes. Sa veuve et quelques grands amateurs ont multiplié les échanges. Peter Barr, A. J. Bliss, Robert Wallace furent les premiers. Ils firent rapidement beaucoup de fidèles, d'autant que R. Wallace était un redoutable commerçant et qu'il faisait une promotion forcenée pour les plantes qu'il cultivait. On dirait de nos jours que c'était un roi du marketing ! 

 Les Américains ont emboîté le pas. Notamment avec Bertrand Farr. Les Français aussi, avec Philippe de Vilmorin et Ferdinand Cayeux, lequel n'allait pas tarder à devenir le leader mondial de la culture et de l'hybridation des iris. 

  Peu à peu tous ceux qui aimaient les iris ont structuré leur univers. Ils se sont rassemblés en associations et, sur ce plan, ce sont les Américains qui ont pris l'avantage. Dès 1920 ils ont fondé l'American Iris Society, plus connue sous son acronyme de A.I.S. Les Britanniques ont suivi et la British Iris Society (B.I.S.) date de 1922. C'est celle-ci qui, au début, a été la plus influente. En Anglterre existaient alors de nombreux personnages important dans le domaine de la botanique et de l'horticulture des iris. C'est la B.I.S. qui a mis en place les premières compétitions qui ont considérablement développé l'émulation entre hybrideurs et, ainsi, favorisé l'amélioration des plantes. Il n'est pas exagéré de dire que la création des différentes Médailles de Dykes a été un évènement essentiel pour le développement de l'iridophilie. Généreuse, la B.I.S. a financé dès le départ trois Médailles de Dykes, l'anglaise, l'américaine et la française. Les deux premières nt été distribuées dès 1927, la troisième apparaissant en 1928. 

Le monde des iris est donc véritablement né à ce moment. Il rassemble tous ceux qui ont cette même passion pour les iris, sans distinction d'espèces. Il fédère en fait trois composantes : les amateurs proprement dits, les hybrideurs et les producteurs, ceux qui commercialisent le travail des seconds au profit des premiers. 

 Au fil des années l'iridophilie s'est répandue dans le monde. Elle a conquis de nouvelles places en Europe Occidentale : L'Italie ,l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse... Elle a atteint l'hémisphère sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle a fait une incursion en Asie, avec le Japon er ses fameux iris ensata. En Amérique du Nord elle a conquis une place prépondérante, non seulement aux Etats-Unis, où l'American Iris Society compte aujourd'hui près de 6000 adhérents, mais au Canada qui est devenu en ce domaine une sorte d'extension nordique des USA. Dès la levée du joug soviétique l'Europe de l'Est a été conquise, la Russie est aujourd'hui sans doute le second pays par le nombre de ses amateurs d'iris, mais l'Ukraine tient aussi un rang important. La Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie sont maintenant des pays qui comptent, tandis que la Hongrie, la Roumanie et même la Lituanie et les autres pays baltes ont leurs passionnés d'iris. Et l'on trouve également des iridophiles dans les Pays d'Asie Centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan), en Afrique du Sud, en République Argentine, au Chili. Je crois qu'il y a des amateurs presque partout où l'on peut faire pousser des iris. 

Cette extension a été très rapide. Son développement actuel a commencé avec la disparition du Rideau de Fer. Il s'est accru avec la mondialisation et l'apparition de l'Internet et des réseaux sociaux qui ont permis des discussions instantanées et sans contraintes, et banalisé les échanges de plantes limités seulement par les obligations sanitaires. 

Le petit monde des iris est devenu grand, très grand.