18.6.04

DOUBLE DOSE

Double dose, cette semaine, pour cause de vacances la semaine prochaine !

prochaine publication le 2 juillet. A bientôt !
L’ENIGME DE LA SEMAINE

Gordon PLOUGH

Les noms qui suivent sont ceux de pépinières d’iris très connues. Comment s’appelait celle de Gordon PLOUGH ?

SUPERSTITION IRIS GARDENS
TB’S PLACE
ZEBRA GARDENS
EDEN ROAD IRIS GARDEN
SALMON CREEK GARDEN

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

CALIFORNIE (ter)

Il s’agit de HOTEL CALIFORNIA (Bianco 99), qui est un iris de bordure (BB).

DÉCHIFFRER UN PEDIGREE


Rockstar x Classmate. Voici un pedigree qui ne pose apparemment aucun problème à l’amateur d’arbres généalogiques. Rockstar désigne la variété utilisée comme « mère » et Classmate est celle qui a fourni le pollen. Mais, direz-vous, il y a toujours un iris « femelle » et un iris « mâle », quel que soit le croisement. Bien sûr, cependant il arrive souvent que l’un ou l’autre, voire les deux parents n’aient pas été dénommés par l’hybrideur. Les variétés en question, parce qu’elles ne présentaient pas assez d’intérêt pour faire l’objet d’un enregistrement, sont restées des numéros de semis. Dans ce cas le pedigree va se présenter de façon un peu plus compliquée. Par exemple, pour rester chez Lawrence Ransom - le croisement Rockstar x Classmate étant celui de son dernier cultivar, baptisé JET-SETTER (2004) – prenons TITANIUM (2000), un superbe blanc au cœur légèrement poudré d’abricot. Le pedigree s’établit ainsi : Tide's In X (Soap Opera x Opera Bouffe). Le croisement (Soap Opera x Opera Bouffe) n’a pas reçu de nom. Il faut donc l’écrire de telle façon que celui qui recherche l’origine de TITANIUM soit immédiatement informé, d’où cette parenthèse qui enferme les deux termes du croisement utilisé comme « père ». Pour distinguer l’élément « femelle » de l’élément « mâle », l’X entre eux est un X majuscule, alors qu’un x minuscule est placé dans la parenthèse. Un peu plus de complexité apparaît si l’un ou l’autre (ou les deux) élément de la parenthèse est constitué d’une autre variété non dénommée. C’est le cas pour OLOROSO (Ransom 2000) qui se décrit ainsi : Speculator X ((Heartbreaker x Vanity) x Opium). Le côté paternel comprend deux éléments, l’un, nommé, est Opium. L’autre, sans nom, est le produit de Heartbreaker x Vanity. D’où la présence d’une double parenthèse.

Certains obtenteurs entreprennent des recherches qui n’aboutissent pas dès le premier croisement. Il faut parfois aller d’amélioration en amélioration, sur plusieurs générations. Ecrire le pedigree peut devenir, alors de plus en plus abscons. Prenons le pedigree de STARLETTE ROSE (Cayeux R. 96) : ((Ovation x Premier Bal) x (Pink Angel x Playgirl)) X ((Metropolitan x Loudoun Lassie) x ((Condottiere x Metropolitan) x sib). L’élément « femelle » est relativement simple puisqu’il s’agit du croisement de deux cultivars qui n’ont pas reçu de nom ; appelons le premier binôme A (Ovation x Premier Bal), et le second B (Pink Angel x Playgirl). L’élément « mâle » comprend en fait trois parties : le cultivar C (Metropolitan x Loudoun Lassie), le cultivar D (Condottiere x Metropolitan) et le cultivar E ((Condottiere x Metropolitan) x Sib). L’abréviation « sib » signifie que le cultivar D a été croisé avec un frère de semis (sibling en américain), que l’on peut appeler D’ ; la multiplication D x D’ = E. STARLETTE ROSE est donc le résultat du croisement d’un premier élément, A x B, par un second C x E. Ouf !

Les champions absolus du pedigree ultra difficile à déchiffrer se nomment Joë Ghio et Keith Keppel, même si l’on trouve de beaux casse-tête chez Schreiner ! Je vais essayer de décrypter l’ascendance de PROTOTYPE (Ghio 2000), une variété qui marque l’apparition d’un nouveau modèle d’iris, mais une variété dont l’arbre généalogique n’est pas un modèle de simplicité. Voici comment elle se présente dans la check-list :
« (((Tomorrow’s Child x (Caption x (Dream Affair x (Artiste x Tupelo Honey)))) x Costa Rica) x (Costa Rica x London Lord) X pod parent of Snowed In. » Il apparaît alors que seul le côté féminin est détaillé ; pour le côté masculin il faut aller piocher dans la généalogie femelle de SNOWED IN (Ghio 98), ce qui donne : « (Notorious x ((Success Story x (Fancy Tales x Alpine Castle)) x ((Persian Smoke x Entourage) x ((Strawberry Sundae x (Artiste x Tupelo Honey))) x Borderline sib)))). Au complet il faudrait écrire :
« (((Tomorrow’s Child x (Caption x (Dream Affair x (Artiste x Tupelo Honey)))) x Costa Rica) x (Costa Rica x London Lord) X (Notorious x ((Success Story x (Fancy Tales x Alpine Castle)) x ((Persian Smoke x Entourage) x ((Strawberry Sundae x (Artiste x Tupelo Honey))) x Borderline sib)))). »
Le décryptage consiste à isoler chaque binôme. Commençons par la part féminine en identifiant :
A = (Artiste x Tupelo Honey)
B = (Dream Affair x « A »)
C = (Caption x « B »)
D = (Tomorrow’s Child x « C »)
E = ( « D » x Costa Rica)
F = (Costa Rica x London Lord)
G = (« E » x « F »)
Passons à la part masculine :
H = (Fancy Tales x Alpine Castle)
I = (Success Story x « H »)
J = (Notorious x « I »)
K = (Persian Smoke x Entourage)
L = (« J » x « K »)
M = (Strawberry Sundae x « A »)
N = (« L » x « M »)
O = (« N » x Borderline sib)
Pour parvenir à la constatation que notre PROTOTYPE est le fruit de « G » par « O ».
S’il l’avait jugé utile, Ghio aurait pu donner un nom à G comme à O et le pedigree en aurait été réduit à sa plus simple expression, mais pour les puristes le travail de décorticage aurait continué pour aboutir au détail tel qu’il a été donné. D’ailleurs, si l’on veut, on peut continuer le décorticage en recherchant les origines de chacune des variétés dénommées ! Il faut dire que, tel quel, le pedigree remonte à la sixième génération avec les croisements « A » et « H ». A noter que « A » se trouve également à la quatrième génération dans la branche mâle (croisement « M »). Pour parvenir dans tous les cas au détail de la sixième génération, va encore se trouver en présence d’un certain nombre de binômes qui n’ont pas de nom… Quant à atteindre les septième ou huitième générations, celles des iris fondamentaux des années 50 ou 60, cela demande une bonne dose de courage et de concentration.

La science généalogique chez les iris n’est pas moins complexe que chez les hommes, je dirais même qu’elle est encore plus délicate puisqu’un même parent peut être parfois « père » parfois « mère » dans la même ascendance, ce qui est tout de même épargné à l’espèce humaine !
PROTOTYPE

Dans le lot d’iris que j’ai reçu directement des Etats-Unis l’été dernier, il y avait une variété sur l’originalité de laquelle mon attention n’a été attirée qu’au moment de la floraison, à la mi-mai de cette année. Il s’agit de PROTOTYPE (Ghio 2000). Les pétales sont blancs, très légèrement frisés, les sépales, blanc rosé, sont finement veinés d’amarante sur le tiers inférieur, et les épaules fortement marquées de jaune. L’ensemble donne un effet un peu fumé, très nouveau. Cela m’a rappelé un article que j’avais lu quelques semaines auparavant dans le Bulletin de l’AIS, signé Keith Keppel, à propos de sa variété QUANDARY (2001) et de ses travaux conjoints avec Joë Ghio sur un croisement issu de CINNAMON SUN (Hamner 93) et d’un produit Ghio numéroté 88-180 P, au pedigree fort compliqué. Chez Ghio, QUANDARY a un demi-frère baptisé PUCCINI (98), dont le pedigree tient sept lignes sur la check-list des années 90 ! Quant à mon PROTOTYPE, eh ! bien c’est aussi un demi-frère des précédents ; pas étonnant donc de trouver à ces trois variétés un air de famille !

Déchiffrer le pedigree d’une variété Keppel ou Ghio n’est pas une mince affaire, mais l’arbre généalogique qui en découle est beaucoup plus instructif qu’une accumulation de parenthèses de x, de noms et de numéros. Je me suis attelé à celui de PROTOTYPE et j’ai remonté jusqu’à la sixième génération, ce qui donne théoriquement soixante-quatre variétés. En fait, bien souvent le même nom revient plusieurs fois, surtout lorsqu’il y a « inbreeding », comme c’est le cas dans la branche maternelle. Dans celle-ci, par exemple, on ne rencontre que quatorze noms sur trente-deux possibilités. Dans l’ordre alphabétique ceux qui reviennent plusieurs fois sont : ALPINE CASTLE (Blyth 79) (4 fois), FANCY TALES (Shoop 80) (2), OUTER LIMITS (Blyth 72) (3), SNOW PEACH (Shoop 71) (4), SOSTENIQUE (Blyth 75) (4) et VENUS MAGIC (Blyth 78) (4), plus un semis non dénommé de (ARTISTE x TUPELO HONEY) et un autre de (GAY PARASOL x MYSTIQUE) qui apparaissent deux fois. Plus on avance, plus on reconnaît des variétés fréquentes dans nos jardins : LISA ANN (Blyth 77) – blanc et rose -, CHILD OF FORTUNE (Blyth 79) –bitone rose orchidée -, SUCCESS STORY (Ghio 87) –bitone indigo -, CABARET ROYALE (Blyth 79) – bitone violet à barbes rouges -, TOMORROW’S CHILD (Blyth 84) – bicolore orchidée et bourgogne -, MAGIC MAN (Blyth 79) – lavande et pourpre -, COSTA RICA (Ghio 95) – blanc bleuté et prune à barbes minium - et LONDON LORD (Blyth 90), l’un des six frères dont j’ai parlé il y a quelques semaines. C’est un bel exemple de collaboration trans-pacifique : majorité d’iris australiens mêlée de variétés californiennes.

La moitié « mâle » est plus variée mais encore plus difficile à établir car elle contient au total trente croisements qui n’ont pas reçu de nom ! Certaines variétés citées ci-dessus y apparaissent de nouveau : FANCY TALES, SUCCESS STORY, ALPINE CASTLE, de même que le croisement (ARTISTE x TUPELO HONEY). C’est cette branche qui fait le lien entre les trois variétés citées : QUANDARY, PUCCINI et PROTOTYPE.

Ce qui constitue la particularité de ces trois iris ce sont les stries ou veines qui ornent le tiers inférieur des sépales. Keppel considèrent qu’on est en présence d’un nouveau modèle d’iris, auquel il imagine un nom qui serait « distalata », de « distal », néologisme américain qui me paraît signifier « éparpillé » ou quelque chose comme ça. D’après lui et son compère Ghio, ces traces pourpres en bas des sépales, de même que les épaules marquées de jaune pêche, proviendraient de FANCY TALES, une variété aux origines complexes et un peu obscures, où l’on retrouve néanmoins un certain SNOW PEACH qui se trouve également, d’ailleurs, dans la généalogie de CINNAMON SUN, origine maternelle de QUANDARY.

Quoi qu’il en soit, PROTOPYPE, aussi bien que QUANDARY, ont été baptisés fort à propos. Keppel a choisi le nom de QUANDARY, qui signifie « embarras » et qui marque bien sa perplexité devant son nouveau cultivar. Ghio est plus affirmatif : pour lui il n’y a pas de doute, on en devant quelque chose de neuf, le début sans doute d’une série, bref un véritable prototype.

11.6.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

CALIFORNIE (ter)

Parmi ces cinq noms qui évoquent tous la Californie, l’un ne désigne pas un grand iris. Lequel ?

· CALIFORNIA CHARM
· CALIFORNIA CLASSIC
· CALIFORNIA DOLL
· CALIFORNIA DREAMIN’
· HOTEL CALIFORNIA

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

CALIFORNIE (bis)

Il s’agit de SAN JOSE, qui est de Joë Ghio.

POST MORTEM

Dans l’univers des iris, on ne disparaît pas le jour de sa mort. Prenez l’exemple de Ben Hager. Il nous a quittés en 99 mais depuis son nom continue d’apparaître dans les listes d’enregistrements de l’AIS. C’est son collaborateur et compagnon de toujours Sidney DuBose qui a enregistré pour lui en 2000, puis les jardins Cooley, de Richard Ernst, ont pris le relais pour les grands iris, tandis que la pépinière Adamgrove récupérait tous les autres. Apparemment, ce fond était d’une incroyable richesse. En effet, lorsqu’il s’agit d’un obtenteur plus banal que Ben Hager, l’héritage s’épuise en un an ou deux. Dans le cas présent on n’en a pas encore fini, et cela fait cinq ans que cela dure ! Il faut dire que Ben Hager était un hybrideur forcené et d’un parfait éclectisme puisqu’il hybridait non seulement toutes les catégories d’iris, mais aussi, à ma connaissance, les hémérocalles (il y a même sur Internet un site entièrement consacré aux hémérocalles signées Hager).

Personne ne se plaindra de cette abondance et de cette longévité post mortem. Pour m’en tenir aux grands iris, qui sont un peu ma spécialité, j’ai relevé vingt-six introductions depuis 2000 (mais il faut ajouter les 10 variétés naines).

En 2000 Sid DuBose a proposé quatre variétés commercialisables dès cette année là. Deux sont violets à cœur blanc, CHERISHED FRIENDSHIP, et WORLD WITHOUT END. SOTTO VOCE est un bicolore rose sur améthyste ; mais la variété qui me semble la plus réussie dans ce lot est l’orange rutilant MCKELLAR’S GROVE.

En 2001 Richard Ernst a trouvé six variétés commercialisables, toutes remarquables : un « dark top » délicieux, en bleu glycine sur sépales blancs, ETHEREAL VOICES ; un extraordinaire bicolore, PASSING CLOUDS, aux pétales bleu de lin sur des sépales beige grisé, descendant de l’australien BEHOLD A LADY ; un amoena jaune aux sépales bordés de blanc, GLOWING SMILE ; un mauve à cœur blanc, FALL RERUN, remontant comme son nom le laisse entendre ; un violet sombre uni, ROYAL COURTSHIP, et un superbe amarante à grosse barbe rouge, PLEASANT SURPRISE. Toutes ces variétés, tant par le choix de leur nom que par leur aspect portent la « patte » de Ben Hager.

2002 a vu la mise sur le marché de sept nouveaux iris signés Hager : le jaune pur AMARILLO FRILLS, le vieil or HOT PROPERTY puis, dans le même ton, WESTERN TRADITION, et un amoena jaune, PLAY TO WIN ; MY OLD FRIEND, un iris bicolore mauve et beige, voisin, en plus sombre, de CHASING RAINBOWS, et qui descend, comme ce dernier de MOTHER EARTH ; un joli unicolore améthyste, SIMPLY DELICIOUS, enfin un autre « dark top » dans les tons de mauve, SONGWRITER, petit frère d’ETHEREAL VOICES.

Pour 2003, il reste encore cinq nouveautés à mettre en vente : CARRY ME AWAY, néglecta bleu pâle, FONDNESS, tendre mauve rosé, PINK PINCURLS, intéressant rose vif à barbes rouges, POSH PLACE, entièrement mauve à barbes mauves sur un petit spot blanc, et SPEAKING FREELY, orange relevé d’une zone blanche sous les barbes. Tous ces iris portent la marque caractéristique des iris Hager, c’est à dire des fleurs parfaitement troussées mais classiques dans leur forme.

On croyait en avoir fini, mais non ! En 2004 il y a encore quatre nouveaux iris Hager introduits par Cooley’s Gardens : trois d’entre eux retournent dans les tons de bleu cher à leur créateur, LIFE STORY est bleu moyen, uni, LIKE THE WIND décline deux tons de bleu, avec une barbe rouge, SAY GOODBYE (un adieu ?) possède la même barbe rouge, mais la fleur est entièrement d’un calme bleu glycine ; pour terminer sur une note vive, VIVID LOOK se présente en deux couleurs, rose vif pour les pétales, violet prune, ou amarante foncé pour les sépales, avec la barbe rouge.

Je ne sais pas s’il y a encore de la réserve, mais si l’on ajoute à ces descriptions les 10 iris nains introduits en 2003, en cinq ans les iris posthumes de Ben Hager ont été plus nombreux que ceux enregistrés pendant toute une vie d’hybrideur par un personnage exigeant comme Donald Nearpass, par exemple ! Heureusement, en matière d’iris, comme en tout ce qui touche à l’art, la mariée n’est jamais trop belle, et l’on ne refusera pas les prochaines introductions, s’il y en a.

3.6.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

CALIFORNIE (bis)

Les cinq noms qui suivent évoquent tous des villes situées autour de San Francisco. Ce sont aussi des noms de variétés de grands iris. Quatre ont été obtenues par Larry Gaulter, une est d’un autre obtenteur. Laquelle ?

· MILL VALLEY
· ORINDA
· SAN JOSE
· SAN LEANDRO
· TIBURON

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

A suivre…

1. MYSTIQUE (DM 80) : les précédents sont les DM depuis 76.
2. TITAN’S GLORY (FO 84) : les précédents sont les Florins d’Or de 80 à 83.
3. ROUGISSANT (Cayeux 2002) : il s’agit de la cinquième et dernière variété enregistrée par R. Cayeux en 2002.

Jack DURRANCE

Quand je réunis une documentation sur un personnage dont je veux tracer la biographie, je suis toujours étonné de l’incroyable diversité qu’il y a au sein du petit monde des iris. Il en va là comme dans le reste du monde, soit, mais cela m’est toujours une surprise de le constater. Prenez le cas, par exemple de John Randall Durrance que l’on appelait familièrement Jack.

Il était fils d’instituteurs, né en Floride où il a passé sa petite enfance avant de faire, sur ses quinze ans, une curieuse émigration à rebours, vers l’Allemagne, où il vécut, en Bavière, jusqu’à l’avancée de l’hitlérisme qui le ramena aux Etats-Unis. De son séjour dans les Alpes bavaroises, il avait acquis une solide expérience d’alpiniste qu’il mit au service de l’équipe américaine de sport alpin. En 1939 il fit partie de la malheureuse expédition qui tenta l’ascension du K2, dans l’Himalaya.

Cette activité sportive ne l’empêchait pas de poursuivre des études médicales couronnées de succès et de devenir pneumologue.

Quand l’alpinisme ne fut plus à sa portée, il se tourna vers le jardinage et se lança dans l’hybridation des iris. Rapidement il devint un expert en l’art d’hybrider même s’il n’acquit jamais une renommée à l’image de son talent. Ses premiers enregistrements datent de 1957, mais sa plus belle récompense a été la President’s Cup (coupe destinée à un iris obtenu dans la Région organisatrice de la Convention annuelle de l’AIS) attribuée en 1967 à AZURE APOGEE (67), un iris bleu ciel à barbes bleu sombre. Cependant s’est au cours des années 80 et 90 qu’il a obtenu ses plus beaux iris. Je considère pour ma part que l’une de ses plus jolies réalisations est ANY SUNDAE (86), blanc pur avec de superbes barbes rouges. J’y ajoute l’un de mes roses préférés, NORMA JEAN (91), entièrement rose corail. Pour être complet, je citerai aussi HIDDEN SURPRISE (85), fleur blanche qui cache en son cœur une couleur bleu rosé, rare, LOIS RANIER (88), un autre rose saumoné, RUTH PORTER WARING (88), en robe amarante, WILD OATS (83), variegata, YUKON TWILIGHT (88), blanc à barbes bleues, descendant de SONG OF NORWAY, et enfin l’étrange PEWTER TREASURE (94), gris bleuté à veines plus sombres.

Cet humaniste, qui ne se plaisait nulle part mieux que dans sa bibliothèque jonchée de volumes, s’est éteint à 91 ans, dans ce Colorado qui lui permettait à la fois de garder sous les yeux des cimes enneigées lui rappelant son amour de la montagne, et de cultiver paisiblement ses précieux iris.


Source : essentiellement Bulletin de l’AIS n°332
DOUCEUR

Dans notre pensée occidentale la notion de douceur est souvent accolée à celle de femme. Le monde des iris ne manque pas de faire cette relation. J’ai trouvé plein de variétés dont les noms associent le mot « douce » et un prénom féminin :

SWEET MARIE (Muhlestein 51)
SWEET JOY (Freudenburg 57)
SWEET ROSE (Hafner 57)
SWEET JANE (Rees 60)
SWEET LILANI (Noyd 61)
SWEET LORRAINE (Plough 67)
SWEET EVELYN (Craig 70)
SWEET VIRGINIA (Lorenz 74)
SWEET ALEDA (Monroe 83)
SWEET ANITA (Nearpass 86)
SWEET JOLENE (J. Meek 87)
SWEET DANIELLE (Mundy 89)
SWEET LENA (Holland 92)
SWEET FREIDA (Hahn 95)
SWEET MEI (Fan 99)
SWEET LINDA (Cadd 2000).

Un rapprochement analogue s’établit autour du mot « lovely » (charmante) :

LOVELY DIANA (Muhlestein 57)
LOVELY CECILE (Rutherford 59)
LOVELY LINDA (Whiting 59)
LOVELY LETTY (Hall 60)
LOVELY TARA (Kelway 62)
LOVELY BLANCHE (Hunt 76)
LOVELY JAN (Hamblen 76)
LOVELY LOIS (Muhlestein 76)
LOVELY KRIS (Wagstaff 78)
LOVELY LEILANI (B. Blyth 78)
LOVELY KAY (Hamblen 79)
LOVELY JOAN (Slade 87)
LOVELY PEGGY (Slade 90)
LOVELY JENNIFER (Pinegar 92)
LOVELY FRAN (Weiler 99)
LOVELY PHYLLIS (Muska 2001).

Ainsi, même parmi les iris, douces et charmantes sont les femmes…