31.8.02

NEW MOON

Neva Sexton fait partie de ces rares semi-professionnels de l’hybridation qui ont eu la chance de voir plusieurs de leurs produits remporter la récompense suprême. Ce fut, pour elle, deux fois le cas. D’abord avec PACIFIC PANORAMA (60) en 1965, puis avec NEW MOON (68) en 1973.

Ce NEW MOON fait partie des iris dont la descendance est innombrable. Il a aussi la particularité d’être le seul iris jaune des temps modernes à avoir été couronné ! Il est décrit, très simplement, comme « unicolore jaune citron, barbes jaunes ». Cela ne reflète pas tout à fait ce qu’est réellement cette fleur. Jaune citron, certes, mais aussi avec une forme parfaite, un peu ronde, de belles ondulations et de petites frisettes au bord des pièces florales. Bref une fleur splendide, qui n’a pas volé sa médaille. Du côté de ses antécédents on trouve tout d’abord deux produits purement Sexton, MOON RIVER (Sexton 62) et NEW FRONTIER (Sexton 60). Le premier est un jaune d’or très pur, le second un rose chair à barbes corail. MOON RIVER est le fils de MIXED EMOTIONS, un original blanc perle touché de chartreuse, et de LIMELIGHT (Hall 52), célèbre jaune infus de chartreuse, à barbes oranges, une émanation de la lignée de roses qui a fait la réputation de David Hall, et qui remonte aux années 20. C’est en effet de la lignée des roses flamant à barbes mandarine que sont issus les meilleurs jaunes des années 50, et leur apparition fut à la fois une surprise et un bonheur car jamais les jaunes n’avaient eu jusque là cette brillance et ces bords dentelés, que l’on retrouve dans NEW MOON.

Cependant ce n’est pas du côté de ses ancêtres que NEW MOON est intéressant, mais plutôt du côté de ses descendants. De très nombreux hybrideurs ont, dès son apparition, utilisé NEW MOON pour leurs nouveaux iris. Ils ont obtenus avec lui essentiellement des jaunes – ce qui est normal -, mais aussi des bruns, des oranges et même quelques roses. Parmi ces derniers on remarque des variétés très célèbres comme BEAUTY CROWN (Hamner 77), et plusieurs variétés de Joë Ghio, qui fut sans doute le plus grand utilisateur de NEW MOON. Ainsi en est-il de ENTOURAGE (Ghio 77), rare iris dans les tons de vieux rose, DESIGNER GOWN (Ghio 85), rose doré, ou INDISCREET, plicata rose magenta. Les meilleurs oranges issus de NEW MOON sont peut-être MONTEVIDEO (Ghio 87), JOLT (Weiler 88) et FIRE BREATHER (Schreiner 92), un tardif orange sombre, très intéressant. Les descendants dans les tons de brun sont nombreux et souvent très célèbres. C’est le cas de SPICED HONEY (Hamner 76), de COFFEE HOUSE (Ghio 77), de HONEY MOCHA (Luihn 80), INDIAN TERRITORY (Ghio 80), VENEER (Ghio 81) et surtout de COPPER CLASSIC (Roderick 79) dont le coloris orange brûlé a fait l’évènement des années 80.

Les descendants jaunes restent les plus nombreux, et certains font partie du top de leur coloris. Dans l’ordre chronologique je citerai :
- SOLANO (Luihn 74)
- KENTUCKY DERBY (H. Mohr 76) ;
- MONEY (Roe 77) ;
- MOONSTRUCK (Schreiner 79) ;
- FINANCIER (Ghio 80) ;
- FLAMING VICTORY (Weiler 83) ;
- COTE D’OR (Schreiner 90) ;
- FIRST INTERSTATE (Schreiner 92).

Le panorama ne serait pas complet sans que l’on parle des cas particuliers que sont WHITE LIGHTNING (Gatty 74), magnifique blanc à barbes oranges, BARBARY COAST (McWirther 78), dans les tons cannelle, avec une pointe de mauve, BATTLE STAR (Osborne 79) bicolore cannelle et fuchsia à éperons mauves, ainsi que le variegata-plicata HOT STREAK (Ghio 88).

Si l’on se penchait sur les descendants à la seconde génération, on trouverait une quantité d’iris. Pour n’en citer que quelques-uns uns, on peut parler de :
De BATTLE STAR = GLADYS AUSTIN (Osborne 85), CHINESE NEW YEAR (Ghio 97) ;
De BEAUTY CROWN = AH CA IRA (Anfosso 89), BUC PAPILLON (François 2000) ;
De COFFEE HOUSE = SAN JOSÉ (Ghio 78), SPECULATOR (Ghio 82), GOLDKIST (Black P. 93) ;
De COPPER CLASSIC = ORANGE SLICES (Niswonger 87), CALIPH (Ghio 87) ;
D’ENTOURAGE = DUDE RANCH (Black P. 2000, FO 2002), SABLES D’ARGENT (Fédoroff 97), GYPSY ROMANCE (Schreiner 94) ;
De HONEY MOCHA = JUAN VALDEZ (Maryott 93) ;
De FINANCIER = RANCHO GRANDE (Ghio 88) ;
De FLAMING VICTORY = THROB (Weiler 91) ;
De KENTUCKY DERBY = JURIS PRUDENCE (Ernst 86) ;
De MONTEVIDEO = DAWNING (Ghio 95) ;
De SOLANO = TEMPLE GOLD (Luihn 77), VAN GOGH (Williamson 85) ;
De INDIAN TERRITORY = LADY FRIEND (Ghio 81), MALAGUENA (Ghio 85) ;
De VENEER = CALIPH (Ghio 87), GOLD COUNTRY (Ghio 87) ;
De WHITE LIGHTNING = AZTEC SUN (Dyer 82), BENGAL TIGER (Maryott 81), DREAM AFFAIR (Gatty 78), LEMON PUNCH (Gatty 79).
Enfin citons SPICED TIGER (Kasperek 96) qui fait partie des « broken color » de la dernière génération et qui est issu de HOT STREAK.

Il serait fastidieux de continuer ainsi de génération en génération. Mais pour conclure, il est permis d’affirmer que NEW MOON fait bien partie des plus grands iris de tous les temps.

24.8.02

GARDEN-PARTY AU PETIT VITRY

Dimanche dernier, en son domaine du Petit Vitry, Ferdinand Cayeux, le fameux pépiniériste, dont la renommée en matière d’iris dépasse depuis bien longtemps nos frontières, donnait une garden-party à l’occasion du baptême de son dernier petit-fils, JEAN CAYEUX. Celui-ci faisait l’admiration des nombreux invités qui se penchaient vers lui, alors qu’il était tenu dans les bras de sa marraine MADAME MAURICE LASSAILLY. Le tableau formé par la dame, vêtue d’une délicieuse robe bleue et violette, rehaussée au col d’une pointe d’orangé, et le nouveau-né, dans une longue robe de tulle couleur tabac clair, attirait nécessairement l’attention. Le DÉPUTÉ NOMBLOT, qui honorait de sa présence cette fête de famille, promenait sa noble stature parmi les invités.

Dans l’assistance on remarquait particulièrement les élégantes dames qui virevoltaient gracieusement parmi les fleurs. Celles de la famille, tout d’abord, et en premier lieu MADAME HENRI CAYEUX, somptueusement vêtue de violet et de cramoisi. Près d’elle ANNE MARIE CAYEUX, en robe mauve, veillait à ce que les rafraîchissements et les friandises ne manquassent à personne. D’Angleterre étaient venues pour la circonstance, par le Flèche d’Or, ALICE HARDING, dont on admirait la tenue jaune à col rouge, et LADY FOSTER, en deux tons de bleu du plus séduisant effet. A peine descendue du train transatlantique en provenance de Cherbourg où l’avait débarquée le Queen Mary, la belle américaine HELEN COLLINGWOOD, faisait tournoyer sa jupe de soie lavande. Quant aux françaises, elles n’avaient rien à envier en matière d’élégance à leurs voisines étrangères. MADAME LOUIS AUREAU exhibait une tenue blanche gansée de pourpre clair. La vénérable MADAME LOUESSE, assise auprès du bassin où se prélassaient des carassins dorés, étalait sur ses genoux les plis de sa robe de plumetis prune. ANDRÉE AUTISSIER, en bleu clair, se penchait vers elle pour lui murmurer quelqu’agréable observation, qui amusait visiblement la vieille dame. Trouvaient-elles trop clair l’ensemble blanc bleuté de MADEMOISELLE SCHWARTZ ? Ou trop foncé le velours pourpre de GERMAINE PERTUIS ? Peut-être avaient-elles en tête le SOUVENIR DE LAETITIA MICHAUD, toujours habillée de violet…

Quoi qu’il en soit, ce fut une longue et belle journée, tout à la gloire d’une famille qui fait la grandeur de la France, et d’un superbe bébé à qui l’on peut prédire une renommée internationale et une descendance innombrable.

NOTA : la présente chronique, totalement imaginaire, mais que l’on aurait pu lire dans un journal parisien des années 30, fait allusion à de célèbres variétés d’iris de cette époque, dont les noms sont imprimés en MAJUSCULES.
QUIZZ (RÉPONSES)

Question n° 1
SUNSET SKY
Question n° 2
NEVADA
Question n° 3
DEBBY RAIRDON
Question n° 4
SNOW FLURRY
Question n° 5
40/71
Question n° 6
EDWARD WINSOR
Question n° 7
SPECIAL MOZART
Question n° 8
ACOMA
Question n° 9
Paul COOK (SABLE NIGHT 54 – WHOLE CLOTH 62 – ALLEGIANCE – 64)
Question n° 10
TRESCOLS
Question n° 11
BEFORE THE STORM
Question n° 12
CŒUR D’HIVER
Question n° 13
SWAZI PRINCESS
Question n° 14
CODICIL
Question n° 15
LAUREL PARK
Question n° 16
MARIA TORMENA
Question n° 17
Clifford BENSON
Question n° 18
APPRICOT GLORY
Question n° 19
Amoena jaune
Question n° 20
Francis

20.8.02

JOHN C. WISTER MEMORIAL MEDAL

Jusqu’en 1992 les grands iris (TB en américain) ne disposaient pas d’une récompense particulière pour honorer le meilleur TB de l’année. Toutes les autres catégories étaient pourvues, mais pour les TB on considérait que la Dykes Medal était leur récompense suprême. Cependant, en 1981 c’est l’iris de bordure (BB) BROWN LASSO (Buckles 75) qui avait été couronné. Par ailleurs le système d’attribution de la DM avait fait qu’en 1987 et en 1989 la médaille n’avait pas été attribuée. Une réforme s’imposait. Elle a été votée à la réunion d’automne 1991 du bureau de l’AIS et est entrée en vigueur pour les compétitions de 1993. Une nouvelle médaille a donc été créée, pour les TB, et elle a été baptisée ‘John C. Wister Memorial Medal’ (Médaille Commémorative de John C. Wister), en l’honneur de John C. Wister, qui fut le premier Président de l’AIS, de 1920 à 1934, honoré et respecté, et qui était décédé en 1983.

Depuis 1993 les grands iris ont donc leur médaille. Elle a tout de suite pris le rang d’antichambre de la DM, puisqu’elle a été attribuée sept fois en dix ans à une variété qui, l’année suivante, allait être hissée au sommet. Le tableau ci-dessous fait le point sur l’attribution de cette récompense, il indique aussi les variétés qui l’ont loupée de peu :

93 SILVERADO CHAMPAGNE ELEGANCE ORANGE SLICES
94 HONKY TONK BLUES CHAMPAGNE ELEGANCE ORANGE SLICES
95 BEFORE THE STORM THORNBIRD CHAMPAGNE ELEG.
96 THORNBIRD CONJURATION SUPREME SULTAN
97 ACOMA CITY LIGHTS AMERICA'S CUP
98 HELLO DARKNESS CONJURATION YAQUINA BLUE
99 STAIRWAY TO HEAV. BOOGIE WOOGIE RHONDA FLEMING
00 MESMERIZER CELEBRATION SONG CLARENCE
01 FANCY WOMAN POND LILY SPIRIT WORLD
02 LOCAL COLOR JURASSIC PARK GYPSY ROMANCE

SILVERADO est peut-être le meilleur iris jamais produit par l’usine Schreiner. Je serais tenté de lui délivrer le titre d’ « Iris du Siècle », tant je trouve qu’il a toutes les qualités que l’on recherche, beauté de la fleur, abondance des boutons, solidité des tiges, robustesse de la plante, prolificité de la pousse.

HONKY TONK BLUES est remarquable par l’originalité de son coloris, lui aussi pousse bien.
BEFORE THE STORM était sans doute l’iris le plus noir de son époque. Il a le défaut d’être assez médiocre pousseur. THORNBIRD représente une petite révolution dans le monde des iris, c’est un iris « space age », original au point de paraître déplaisant à certains ; il a hissé la nouveauté des iris à éperons au plus haut rang de la hiérarchie. ACOMA est plus traditionnel, c’est peut-être ce qui lui a valu de passer à côté du destin auquel sa position de 97 lui montrait la voie. HELLO DARKNESS réunit les qualités bien connues des iris des Schreiner dans une couleur dont il représente presque l’achèvement (y-a-t-il plus noir que noir ?). STAIRWAY TO HEAVEN propose quelque chose de tout différent, un ensemble de couleurs déjà plusieurs fois couronné, dans une plante saine et résistante. MESMERIZER, comme je l’ai dit plusieurs fois, est non pas un aboutissement dans la perfection, mais le début de quelque chose de nouveau : une porte sur l’avenir. FANCY WOMAN en est une autre. Le dessin, la répartition des couleurs atteint un sommet dans un genre d’apparition récente. LOCAL COLOR fait partie des iris sombres très appréciés de nos jours. Il ne joue pas l’uniformité parfaite, mais apporte la touche de fantaisie qui se remarque : sombre il est, mais gai il reste.

CHAMPAGNE ELEGANCE et ORANGE SLICES font partie des « losers », ceux dont on se demande pourquoi ils ne réussissent pas tout à fait. L’un et l’autre sont clairs et élégants, le premier un peu mièvre, le second pas assez original sans doute. CONJURATION a bénéficié de l’engouement pour les « space age » provoqué par des variétés aussi populaires que SKY HOOKS ou BATTLE STAR. Ses éperons ne sont pas spécialement développés, mais l’ensemble de la plante, grande et saine, attire l’attention. SUPREME SULTAN est un variegata sans surprise, impeccable et généreux. Il lui a manqué peu de points pour emporter la DM en 97. CITY LIGHTS, AMERICA’S CUP sont peu connus chez nous ; ce sont des variétés très belle mais à qui il manque peut-être un peu de « peps » pour aller au-delà de la place qu’ils ont occupée. YAQUINA BLUE fait partie de la cohorte des fleurs parfaites produites chez Schreiner. C’est cette perfection qui fait sa force : souvent la tradition l’emporte sur la fantaisie. BOOGIE WOOGIE possède cette fantaisie, ce qui lui manque c’est une force commerciale qui l’impose, dommage. RHONDA FLEMMING me paraît être une variété de tout premier plan. Comme la précédente il lui a manqué une force de vente pour la hisser au pinacle. CELEBRATION SONG, lui, dispose de cette force. Comme il a aussi toutes les qualités, il y a fort à parier qu’il réussira à atteindre le sommet l’année prochaine ou en 2004. CLARENCE fait aussi partie des « losers ». Il a les mérites pour triompher, mais il a trouvé plus fort que lui. POND LILY est encore trop peu connu pour qu’on préjuge de son destin, mais c’est ce manque de notoriété qui pourrait lui être fatal. SPIRIT WORLD fait partie de l’écurie Keppel en passe de décrocher bientôt une DM. Le tir groupé de son obtenteur, qui mérite bien une nouvelle consécration, est un concours de circonstance qui peu rapporter gros. JURASSIC PARK tient beaucoup de son parent EDITH WOLFORD. GYPSY ROMANCE joue de son côté sombre pour amener une nouvelle fois l’écurie Schreiner au premier plan. Si le foncé est toujours à la mode, il aura ses chances dans trois ou quatre ans.

Ainsi ces vingt-cinq variétés, dont, malheureusement plusieurs ne sont pas en vente en France, représentent ce que l’on peut considérer comme le nec plus ultra de leur catégorie. Pour le débutant, elles constituent ce qui se fait de mieux dans l’amorce d’une collection d’aujourd’hui.

15.8.02

QUIZZ

En cette période de vacances, il est normal de s’amuser un peu. Les vingt questions à choix multiple qui suivent, qui font toutes référence à des informations présentées dans les textes précédents, peuvent contribuer à distraire le lecteur, sans sortir du domaine des iris.

I – Pour quel iris Bernice Roe a-t-elle obtenu le Florin d’Or en 1974 ?
· IRISH SPRING
· MONEY
· SUNSET SKY

II – Dans quel Etat des U.S.A. demeurait Melba Hamblen ?
· NEVADA
· UTAH
· ARIZONA

III – Mrs Kuntz n’a enregistré qu’une seule variété, laquelle a obtenu la DM en 1971, Il s’agit de :
· DEBBY RAIRDON
· JOYCE TERRY
· WINIFRED ROSS

IV – Le célèbre iris blanc enregistré en 1939 par Mrs Rees s’appelle :
· SNOW GLORY
· SNOW FLURRY
· SNOW QUARRY

V – Les iris intermédiaires (IB) doivent avoir une hauteur comprise entre :
· 40 et 70 cm
· 40 et 71 cm
· 50 et 80 cm

VI – Comment s’appelait le premier iris rose obtenu en Europe ?
· CONSTANT WATTEZ
· GODFREY OWEN
· EDWARD WINSOR

VII – Dans « Des bleus au cœur », il a été question de trois iris européens. Les deux premiers sont CLAUDE LOUIS GAYRARD et ALDO RATTI. Quel est le troisième ?
· SPECIAL MOZART
· EVASION
· MARGINAL

VIII – Depuis la création de la Wister Medal, tous les iris primés jusqu’en 2000 ont ensuite obtenu la DM, sauf un :
· CHAMPAGNE ELEGANCE
· ACOMA
· SUPREME SULTAN

IX – Jusqu’à présent seulement quatre hybrideurs indépendants ont obtenu trois DM ; en voici trois : Orville Fay, Ben Hager, Monty Byers. Quel est le quatrième ?
· Paul Cook
· Neva Sexton
· Jacob Sass

X – La première intro de Lawrence Ransom est un iris nain standard (SDB). Il s’agit de :
· TRESCOLS
· ZARBI
· ROMAN NOIR

XI – Quatre descendants de NAVY STRUT ont obtenu la DM. En voici trois : TITAN’S GLORY, SILVERADO, HELLO DARKNESS. Quel est le quatrième ?
· BEFORE THE STORM
· PROUD TRADITION
· SUPERSTITION

XII – De ces descendants de NAVY STRUT, l’un n’est pas un iris foncé, il s’agit de :
· TRAPEL
· BAR DE NUIT
· CŒUR D’HIVER

XIII – De ces iris « noirs », un seul est un produit Schreiner :
· DUSKY DANCER
· STUDY IN BLACK
· SWAZI PRINCESS

XIV – Parmi ces iris bleus, quel est celui qui a des barbes sombres ?
· CODICIL
· FIVE STAR ADMIRAL
· ACTRESS

XV – De ces trois variétés laquelle n’est pas un iris nain (SDB) ?
· PUMPIN’ IRON
· OPEN SKY
· LAUREL PARK

XVI – Lequel de ces iris est un des parents directs de TIGER HONEY ?
· MARIA TORMENA
· HOT STREAK
· BRINDLED BEAUTY

XVII – L’un de ces obtenteurs est décédé en 2001 ?
· Clifford Benson
· Joë Gatty
· Monty Byers

XVIII – Lequel de ces iris est considéré comme le « père » des iris abricot ?
· CELESTIAL GLORY
· RETURNING GLORY
· APRICOT GLORY

XIX – L’iris intermédiaire (IB) PROTOCOL est un :
· Amoena bleu
· Amoena jaune
· Plicata mauve

XX – Le fondateur de la Maison Schreiner se prénommait :
· Fred
· Francis
· Felix

Bon courage ! Réponses, la semaine prochaine.

10.8.02

NAVY STRUT

Ce n’est pas la check-list des années 70 qui nous renseignera sur les origines de NAVY STRUT (Schreiner 74), car elle n’indique en face de ce nom qu’une alignée de numéros de semis, et seulement un nom en clair, STERLING SILVER. Ce dernier est un bitone indigo, enregistré par Steve Moldovan en 1961, descendant de BROTHER CHARLES, frère de semis de CELESTIAL SNOW, et donc issu directement de l’incontournable SNOW FLURRY. Mais pour NAVY STRUT, il n’y a que les registres de la famille Schreiner qui pourraient nous renseigner plus précisément ! Si nous ne savons pas grand chose de ses origines, nous connaissons en revanche l’immensité de sa descendance, et à ce titre il est honnête de qualifier cette variété de pilier de l’iridophilie. C’est ainsi d’ailleurs que le désigne Ray Schreiner, dans une interview de 1994 (bulletin spécial de l’AIS pour son 75eme anniversaire).

La description de NAVY STRUT est on ne peut plus concise : « unicolore bleu marine violacé, barbes assorties, ébouriffé. » On est loin de descriptions méticuleuses d’aujourd’hui ! Cet iris tout simple est à l’origine d’une quantité invraisemblable de variétés, dans tous les tons allant du blanc au noir en passant par le bleu et le violet. Presque tous les obtenteurs ont utilisé NAVY STRUT pour leurs recherches dans les bleus. Et il n’y a pas beaucoup d’iris qui peuvent se prévaloir, comme celui-ci, d’avoir engendré quatre vainqueurs de la Médaille de Dykes. Pour avoir une idée de sa descendance, il faut prendre génération après génération, sur trente ans.

La première génération

Les Schreiner ont utilisé leur produit sans modération. Ils ont ainsi obtenu :
- SUPERSTITION (77) violet sombre qui a frôlé la DM en 84 ;
- MASTER TOUCH (80) luxueux bleu-violet foncé ;
- TITAN’S GLORY (81) DM 88, violet archevêque uni ;
- ROYAL SATIN (83) uniformément pourpre ;
- STORMY NIGHT (84) frère de semis du précédent, entièrement indigo ;
- PROUD TRADITION (90) bitone ciel et indigo.
Mais il faut compter aussi avec :
- STELLAR NIGHTS (Aitken 85) bleu drapeau, blanc sous barbes ;
- ORBITER (Aitken 85) violet pourpré uni ;
- GYRO (Aitken 89) frère de semis du précédent, violet pur ;
- STAR WARS (Roderick 80) indigo à barbes plus claires ;
- ROYAL VIKING (Roderick 83), frère du précédent, un peu plus foncé ;
- NIGHT AFFAIR (Luihn 83) violet, barbes outremer ;
- BLUES SINGER (Gaulter 84) bleu drapeau à barbes claires ;
- CODICIL (Innerst 85) remarquable bleu moyen à barbes noires ;
- EVENING CANTICLE (Carr 89) bleu glacier, Florin d’Argent en 90 ;
- BETTY FRANCES (Mahan 89) blanc infus de mauve, barbes foncées ;
- TRAPEL (Ségui 82), le petit français de la série, entièrement indigo sombre.
Ajoutons encore :
- BEST BET (Schreiner 88) bitone bleu, qui vient à la fois de NS et de TITAN’S GLORY ;
- BLENHEIM ROYAL (Schreiner 90) bleu pervenche, de NS et MASTER TOUCH ;
- INDIGO PRINCESS (Schreiner 92) indigo uni, de N.S. et quelques autres bleus ;
- MEMPHIS BLUES (Schreiner 87) bleu, plus clair sous les barbes ;
- SILVERADO (Schreiner 87 DM 94), bleu argent , impeccable ;
- PLEDGE ALLEGIANCE (Schreiner 84) indigo, riche d’une foule de descendants…

La deuxième génération

Les plus riches en descendants sont TITAN’S GLORY ET PLEDGE ALLEGIANCE.
De TITAN’S GLORY :
- DARKSIDE (Schreiner 85) ; LARRY GAULTER (O. Brown 88) ; THUNDER MOUNTAIN ( Schreiner 89) ; HELLO DARKNESS (Schreiner 92 – DM 99) ; BLACK TIE AFFAIR (Schreiner 93) ; MADEIRA (Schreiner 93) ; DEVIL’S LAKE (Schreiner 99) ; SETTIMO CIELO (Romoli 99 FO 99)…
De PLEDGE ALLEGIANCE :
- ROYAL CRUSADER (Schreiner 85) ; SERENE SEA (Blyth 92) ; SIERRA GRANDE (Schreiner 92) ; JAZZ ME BLUE (Schreiner 93) ; CAPTAIN’S JOY (Schreiner 94) ; BLUE SUEDE SHOES (Schreiner 96) ; CAPITAL CITY JAZZ (Schreiner 97) ; MER DU SUD (Cayeux R. 97) ; MODRE PONDELI (Seidl 97) ; CŒUR D’HIVER (Bersillon 2000)…
De SILVERADO :
- PEACE AND HARMONY (Ghio 92) ; TEMPTONE (Grosvenor 93 – ADM 96) ; AZURE ANGEL (Grosvenor 94 – ISAM 96) ; FJORD (R. Nelson 96) ; UNCLE CHARLIE (Spoon 99) ; CUMULUS (Cayeux R. 2000)…
De SUPERSTITION :
- BACK IN BLACK (Schreiner 86) ; BAR DE NUIT (Anfosso 87) BEFORE THE STORM (Innerst 89 – DM 96) ; MANDY G (Beer 92)…
De STORMY NIGHT :
- PERFECT PITCH (Gatty 91) ; NORTHWEST PRIDE (Schreiner 93) ; OVERNIGHT SENSATION (Schreiner 95)…
De MEMPHIS BLUES :
- RIVERBOAT BLUES (Schreiner 91) ; CASCADE SPRING (Schreiner 94) ; OURAGAN (Cayeux R. 96) ; GRAND AMIRAL (Cayeux R. 2001)…
De MASTER TOUCH :
- DIABOLIQUE (Schreiner 97)…
De BEST BET :
- JURASSIC PARK (Lauer 95)…
De TRAPEL :
- MONSIEUR-MONSIEUR (Ségui 94)…

La troisième génération

Multiples variétés très recherchées, comme :
PAINT IT BLACK (Schreiner 94) ; MOUNTAIN MAJESTY (Ghio 95) ; GREAT GATSBY (McWirther 95) ; OLD BLACK MAGIC (Schreiner 96) ; THUNDER SPIRIT (Schreiner 96) ; SKYLARK’S SONG (Schreiner 96) ;COLOR ME BLUE (Schreiner 97) ; BLEU CRUSADER (Schreiner 98) ; DARK PASSION (Schreiner 98) ; COASTAL MIST (Schreiner 98) ; MIDNIGHT OIL (Keppel 98) ; SEA POWER (Keppel 98) ; BLUE HEELER COUNTRY (Grosvenor 99) ; GHOST TRAIN (Schreiner 2000)…

La liste est interminable, aussi bien parmi les obtenteurs américains que parmi les autres. Ainsi en est-t-il au Pays de Galles de Mrs Probert ; en Allemagne de MM. Moos et Görbitz, en Slovaquie de L. Muska, en Russie de MM. Gavrilin et Loktev…

NAVY STRUT n’a pas encore fini de peupler le monde des iris.

3.8.02

RUFFLED BALLET, LE MAL AIMÉ

De tous les iris ayant obtenu la Dykes Medal, celui qui a été le moins vendu doit être RUFFLED BALLET (Roderick 75), qui a été couronné en 1983. Je ne m’explique pas cette désaffection autrement que par une commercialisation moins bien assurée, de la part d’un obtenteur plus discret que les autres, moins organisé pour le business, qui fut un outsider dans cette compétition. Pourtant Elvan Roderick n’est pas du tout un inconnu. Il a même une réputation de sérieux et d’exigence qui ressort d’ailleurs du fait qu’en une longue carrière dans le monde des iris il n’a pas enregistré une grande quantité de variétés. C’est un amateur éclairé. N’a-t-il pas frôlé une deuxième fois la même médaille de Dykes avec COPPER CLASSIC en 85 ? Ce COPPER CLASSIC (79) est sans doute sa plus belle réussite, et la plus connue, car il a longtemps été unique dans son coloris, auquel on a attribué le nom de « pastèque grillée » à défaut de pouvoir le définir plus simplement. On connaît bien aussi quelques autres de ses réalisations comme ERLEEN RICHESON (79), rose corail, ou ALICE GOODMAN (88), bitone rose tendre.

Tout mal connu qu’il soit, RUFFLED BALLET est un très bel iris. La description qui en est donnée est toute simple : « Pétales blanc bleuté ; sépales bleu moyen ; très ondulé. » Pas un mot sur les barbes qui sont jaune clair, ni sur le fait que le bleu des sépales s’éclaircit sous les barbes, jusqu’à se rapprocher du bleu glacier des pétales. Il s’agit donc d’un bleu bitone, presque un amoena. Du côté femelle, il provient de FAVORITE TOPIC (Hazel Schmelzer 65), qui est un bleu lavande très clair, presque blanc, lui-même issu de CURL’D CLOUD x MISS INDIANA. Ce dernier (Cook 60) est remarquable par la clarté de ses couleurs. C’est un vrai amoena, aux pétales blancs et aux sépales très horizontaux, d’un ton de bleu aniline. Il descend du fameux amoena WHOLE CLOTH, l’un des piliers de l’iridophilie moderne. Du côté mâle, RUFFLED BALLET découle de la longue lignée de bleus développée par Georgia Hinckle pendant près de trente ans. Son « père » est TEMPO (Hinckle 67), unicolore bleu pâle à reflets verts. Ce TEMPO est le produit de deux bleus Hinckle, EVE (64) x DEAR BOB (62). EVE provient directement de deux grands bleus, que l’on trouve dans le pedigree d’une foule d’iris de cette couleur : SYMPHONY (1), et DEMETRIA, toujours des produits de G. Hinckle, qui eux-même ont pour parents CAHOKIA, l’iris à partir duquel ont fait procéder les iris bleus d’aujourd’hui. Quant à DEAR BOB, amoena très pâle, il descend… de CURL’D CLOUD que l’on a vu dans l’autre partie de la généalogie de RUFFLED BALLET ! Par bleus unicolores interposés, ce dernier est donc une évolution de la lignée d’amoenas issus de WHOLE CLOTH.

S’il n’a donc pas eu un succès commercial énorme, RUFFLED BALLET a cependant été assez largement utilisé comme géniteur. C’est surtout Ben Hager qui l’a croisé avec d’autres bleus, notamment deux de ses propres produits, SILVER FLOW (83) et TINTED CRYSTAL (88). La trilogie RUFFLED BALLET, TINTED CRYSTAL et SILVER FLOW a en particulier donné naissance à une autre trilogie de Hager remarquable : HIGH TECH (93), KATHLEEN KAY NELSON (93) et RITE OF SPRING (95). D’autres obtenteurs ont également utilisé RUFFLED BALLET. C’est le cas de Joë Ghio, pour BUBBLY MOOD (84), tout blanc, et de Paul Black pour OKLAHOMA CRUDE (89), un bleu pétrole bitone, unique en ce coloris.

RUFFLED BALLET est une variété qui n’a pas fait la carrière à laquelle elle aurait pu avoir droit, mais elle reste une valeur sûre parmi les grands iris de la fin du XXème siècle.

(1) BABBLING BROOK (Keppel 69, DM 72) est un descendant direct de SYMPHONY.
GRANDEUR ET DÉCADENCE

Il en est des iris comme des parfums : ils se démodent. On dit que 80% des parfums mis sur le marché une année donnée ont disparu dans les cinq ans. On n’en est pas là pour les iris, car il faut du temps pour les multiplier et les proposer à la vente, mais le phénomène se remarque malgré tout. A titre d’exemple j’ai choisi un catalogue qui n’a rien de révolutionnaire, Cooley 96.

Pour l’année 96 elle-même, il propose 16 variétés, dont six offertes en bonus pour l’achat de variétés coûteuses. Pour les années précédentes on trouve :
95 = 13
94 = 14
93 = 14
92 = 15
Un nombre stable donc et relativement peu élevé, qui s’explique par ce que j’ai dit à propos des temps de culture et de multiplication. Mais à partir de 91 les chiffres explosent :
91 = 24
90 = 19
89 = 18
88 = 26
87 = 27
86 = 26
85 = 22
84 = 22
83 = 23
C’est la période de pleine exploitation, qui se situe donc entre 5 et 12 ans après l’introduction. Aussitôt après les chiffres décroissent très vite :
82 = 15
81 = 17
80 = 17
79 = 15
Puis c’est la chute :
78 = 8
77 = 11
76 = 6
75 = 7
74 = 5
73 = 6
Les variétés plus anciennes se comptent sans peine : 17 au total, dont 1 de 59, l’inusable blanc HENRY SHAW (Benson 59), qui n’est cependant offert que parmi les « bonnes affaires ». D’ailleurs seul un autre inusable, BEAUX ARTS (Plough 69), figure dans le catalogue général. Tous les autres cultivars antérieurs à 73 ne se trouvent que dans les « bonnes affaires ».

Au plan du prix, les paliers sont à peu près les suivants :
Première année = 40 dollars
Deuxième année = 30 dollars
De 3 à 5 ans = 10 dollars
De 5 à 10 ans = 5 ou 6 dollars
Au-delà = 3 dollars. Et même les « bonnes affaires » se soldent à 29 dollars les 10, 53 dollars les 20 et 125 dollars les 50, soit 2.5 dollars pièce !

On peut déduire de cette statistique que la vie d’un iris ordinaire, c’est à dire d’une variété qui ne se distingue ni par son originalité ni par ses succès dans les compétitions (1) est au mieux d’une vingtaine d’année. La plupart disparaissent même avant dix ans…

Chez nous, il faut ajouter cinq ans en moyenne pour chacune de ces étapes, surtout lorsqu’il s’agit de variétés américaines ou australiennes. Cependant je crois constater que la durée de commercialisation est un peu plus longue dans les catalogues classiques (Cayeux, Bourdillon) que dans ceux qui se donnent une allure plus « in » (Anfosso, Ransom). Le catalogue d’Iris de Thau, quant à lui, se distingue par la longueur de sa palette, qui va de variétés largement historiques, à des iris tout récents, ce qui en fait tout l’intérêt pour les amateurs.

(1) L’obtention d’une Médaille de Dykes est la garantie d’une survie prolongée. Toutes les variétés primées entre 82 et 97 sont répertoriées à l’exception de RUFFLED BALLET (DM 83) et BEFORE THE STORM (DM 96).