4.5.07







COUSINS OU PAS ?

Par un pur hasard, les trois iris dont les photos sont présentées ci-dessus se trouvent plantés dans mon jardin à quelques pas les uns des autres. Il saute donc aux yeux qu’ils ont une indéniable ressemblance. D’où l’idée de rechercher s’ils ont quelque lien de parenté.

‘Color Splash’
(Schreiner 80)

Celui-là est un pur produit Schreiner des années 70 : fleur de belle taille et bien proportionnée, douces ondulations, couleurs pures et contraste évident. Il faut y regarder de près pour distinguer ce qui le différencie de son cadet ‘Liaison’ (Ghio 86), et remarquer que le rose des pétales est un peu plus saumoné chez lui que chez ‘Liaison’ et le pourpre des sépales est uniformément réparti alors que l’autre possède un liseré rose. Que dit, alors, son pedigree ? Hélas ! Rien du tout ! Il est enregistré comme étant de parents inconnus… Voilà notre comparaison mal partie.

‘Latin Lover’
(Shoop 69)

C’est le plus ancien du trio. Mais il ne fait pas son âge, et j’ai déjà eu l’occasion de faire cette constatation. Malgré ses bientôt quarante ans, il tient la comparaison avec des plantes de dix ou quinze ans ses cadettes. Placé à côté des deux autres, on constate que, pour ce qui est de la couleur, il se confond presque avec ‘Liaison’ : c’est à peine si le pourpre des sépales est plus saturé chez le plus jeune. Au plan de ses origines, nous allons rester sur notre faim. En effet George Shoop n’a pas été très disert dans l’énumération des son parent maternel dont il nous dit simplement qu’il s’agit d’un semis non précisé, croisé avec ‘Whole Cloth’, célèbre et admirable amoena bleu tendre. Du côté paternel, on découvre une autre variété bien connue, ‘Wine and Roses’ (Hall 63), chez lequel on retrouve les pétales roses et les sépales pourprés, mais agrémentés d’un large bord rose réduit à un mince filet sur ‘Latin Lover’ dont les couleurs, au demeurant, sont plus contrastées. Peut-on connaître les origines de ‘Wine and Roses’ ? Non, malheureusement, puisqu’elle est décrite comme étant le fruit d’un semis non précisé… Notre recherche va donc s’arrêter brusquement. La chance n’est pas avec nous.

‘Liaison’
(Ghio 86)

Cette fois les sépales sont finement liserés du rose un peu bleuté des pétales ; un rose que les Anglais appellent « pink » mais que la langue française ne distingue pas du rose plus chaud qu’en anglais on nomme « rose ». Le pourpre y est aussi un peu plus violacé que chez les deux précédents, mais c’est une différence subtile. Enfin, des trois iris en comparaison, c’est celui qui comporte les plus profondes ondulations.

Cette fois le pedigree nous en dit davantage : père = ‘Magic Man’ (Blyth 79), mère = ‘Ringo’ (Shoop 79). ‘Magic Man’ est un enfant du fameux ‘Cabaret Royale’, l’un des tout premiers chef d’œuvres de Barry Blyth. Derrière ce ‘Cabaret Royale’ on découvre un certain ‘Fanfare Orchid’ (B. Jones 65) – rose orchidée -, qui apparaît également parmi les ancêtres maternels de ‘Magic Man’, et, également, dans l’arbre généalogique de ‘Ringo’. C’est de ce dernier côté qu’il faut se tourner pour trouver, enfin, un lien entre ‘Liaison’ et ‘Latin Lover’. Ce lien est même double. Malgré le manque de précision qui caractérise les descriptions que Shoop donne des ses variétés, on apprend que ‘Ringo’ provient de trois ancêtres : ‘Behold’ (Shoop 67), ‘Fanfare Orchid’ (Jones 65) et ‘Royal Host’ (Shoop 72). ‘Behold’ descend en droite ligne de ‘Whole Cloth’ (déjà vu dans l’arbre maternel de ‘Latin Lover’), et ‘Royal Host’ est issu à la fois de ‘Behold’ et de … ‘Latin Lover’ ! Voilà notre lien, celui qui explique la similitude des coloris. Quant aux amples ondulations qui ornent les sépales de ‘Liaison’, elles proviennent de ‘Ringo’, chez qui ce trait est particulièrement accentué.

Pour conclure

De nos trois variétés d’aujourd’hui, si semblables, on vient de voir que ‘Latin Lover’, l’ancienne, et ‘Liaison’, la plus récente, ont un lien de parenté. Chez les humains, on les qualifierait de cousins issus de germains. Cela ne se dit pas chez les plantes mais les faits existent. Le regret est grand de constater que les mêmes rapprochements ne peuvent pas être faits pour ce qui concerne ‘Color Splash’. La prudence de la maison Schreiner, qui, dans un sens, est tout à son honneur, nous prive d’une analyse à la fois amusante et instructive. Mais si cela reste une conjecture, je pense sérieusement qu’il y a du ‘Wine and Roses’ derrière ‘Color Splash’, à moins qu’il ne s’agisse de ‘Pipes of Pan’ (Brown O. 63), autre variété aux pétales clairs et aux sépales pourpres dont l’empreinte apparaît dans le pedigree dans la branche maternelle de ‘Liaison’.

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