11.1.13

IRIS ET COULEURS (deuxième partie)

II. les demi-couleurs 

Abordons maintenant les demi-couleurs, celles qui sont allé chercher leur nom dans celui d’une fleur ou d’un fruit. Ce sont des noms qui ont été choisi tardivement pour exprimer des couleurs qui ne font pas partie des six couleurs de base, mais que l’on avait besoin de désigner spécifiquement. 

 Le Violet 

Après avoir été la couleur des évêques (pourquoi ?) le violet a perdu de son aura et, souvent associé au deuil, il est maintenant peu apprécié car considéré comme triste. Mais ce n’est pas nécessairement l’avis les amateurs d’iris qui y voient au contraire quelque chose de noble et de majestueux. Il profite, par phénomène de proximité, de l’intérêt porté au bleu avec lequel il se mélange régulièrement. On dit même qu’il n’y a pas de bleu vraiment pur, et qu’à bien y regarder tous les iris dits bleus sont en fait peu ou prou mâtinés de violet.

 Il faudrait à ce moment évoquer le pourpre. Cependant s’agit-il d’une couleur ou simplement d’une nuance de violet (avec une touche de rouge) ? C’est à cette opinion que se rangent aujourd’hui les coloristes.

 Le Rose

 Ah ! Le rose ! Combien d’iris roses trouve-t-on sur le marché ? L’engouement qu’il a suscité dès son apparition chez les iris dans les années 1930 ne s’est jamais démenti. Sans doute parce qu’il symbolise la tendresse, la douceur, la féminité. Son côté négatif, la mièvrerie, n’est pas de mise dans l’univers des iris. Le rose est double. La langue anglaise sait faire le distinguo entre le rose « bleuté » pour lequel elle dispose du mot « pink », et le rose « orangé » qui est appelé « rose ». En français cette subtilité est absente. Le rose n’est pas altruiste, il tient en général toute la place. Les iris où le rose partage la vedette avec une autre couleur sont relativement peu nombreux, à part lorsqu’il est associé à un bleu tendre.

 L’Orange 

Encore une couleur difficile pour les obtenteurs d’iris. L’orange pur est rare : le plus souvent il est obtenu par une juxtaposition de points microscopiques jaunes et violacés et tout le travail consiste à faire que ces points soient tellement petits que l’œil ne peut plus les distinguer. C’est une couleur de feu qui semble même consumer les plantes elles-même : les iris oranges sont en général petits, prostrés, comme dévorés par l’intérieur. Les hybrideurs modernes s’efforcent de faire disparaître ces caractères, mais le travail est ardu !

 Le Marron

 Le marron existe-t-il vraiment chez les iris ? C’est une question qui se pose comme elle se pose pour le noir. Mais cette fois c’est parce qu’il y a tellement de nuances de marron qu’on doute de l’existence d’un marron « vrai » ! Chez les iris, le marron est toujours ou presque imprégné de rouge. Parce qu’il résulte d’une superposition de pigments jaunes et de pigments violacés. Le mélange est extrêmement variable et va de l’ocre et du miel au bourgogne et à l’acajou. C’est à partir de cette couleur que les obtenteurs s’efforcent de se rapprocher du rouge, l’inaccessible Graal de l’hybrideur ! 

 Le Gris 

Comme le vert, le gris n’est pas une couleur assurée du succès dans les jardineries. D’une part il est associé symboliquement à la tristesse et à la vieillesse, d’autre part il n’attire pas l’œil dans un étal. Il ne fait donc pas partie des domaines de recherche préférés des obtenteurs. Il apparaît de temps en temps, accidentellement peut-on dire, et tirant plus vers le bleu que vers le noir. Il est en fait considéré comme une fausse couleur, ce qui est dommage parce qu’il offre une infinie variété de nuances et permet des camaïeux très fins. Néanmoins il y a fort à parier qu’il restera longtemps le mal aimé des coloris d’iris.

 Le Mordoré 

Ce n’est pas une couleur, du moins pas officiellement, Mais chez l’iris c’est une teinte qui tient sa place. En dehors des chrysanthèmes, il n’existe pas, à ma connaissance, de fleurs qui soient mordorées. Si l’on veut être rigoureux il faut parler d’une nuance de jaune, ou de brun. Quoi qu’il en soit c’est un aspect des iris qu’on ne peut pas passer sous silence. 

A partir de ces couleurs et demi-couleurs, en les associant ou en les superposant, en jouant sur les couches de pigments et les subtilités de l’intervention des enzymes inhibiteurs, les créateurs d’iris ont offert une infinité de variétés différentes où les oppositions violentes côtoient les mélanges les plus subtils et tout cela ne suscite que l’enchantement des amateurs. 

Documentation : « M. Pastoureau et D. Simonnet : Le petit livre des couleurs – Ed. du Panama – 2005

 Illustrations II :

- ‘Virginia Squire’ (Gaulter – 1973) 
- ‘Paradise’ (Gatty – 1980) 
- ‘Classic Hues’ (Brown O. – 1998) 
- ‘Obi-Wan Kenobi’ (Mahan – 2003)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je pense qu'il y a bien une distinction entre ces deux familles de rose, le "pink" et le "rose" en français : le rose saumoné et le rose orchidée. . .