6.1.06

POUR LES DÉBUTANTS

Première partie

Quand on se lance dans la culture des iris, bien des questions viennent à se poser. En voici une dizaine, les plus courantes. Les réponses ont été établies à partir des avis de deux personnes parfaitement qualifiées, Sterling Innerst, obtenteur américain domicilié en Pennsylvanie, sur la côte Est, qui a emporté la Médaille de Dykes en 96 avec BEFORE THE STORM, et Gaby Martignier, responsable du jardin d’iris du Château de Vullierens, en Suisse. L’un et l’autre travaillent dans des conditions climatiques approchantes, qui correspondent, qui plus est, à celles que l’on rencontre en général en France, sauf dans l’extrême Sud-Est.

Quand faut-il planter les iris ?

Sterling Innerst s’efforce de terminer ses plantations avant le début d’août. Madame Martignier, elle, étale ce travail de la mi-août à la mi-octobre. Personnellement j’ai essayé les deux méthodes sans arriver à trancher. Cependant, aujourd’hui, j’ai tendance à planter de plus en plus tard.

Quelle préparation faut-il donner au sol ?

La méthode Innerst est beaucoup plus élaborée que celle de G. Martignier. Il commence par bien nettoyer le terrain, notamment pour éliminer toute trace d’anciens iris. Quand le nettoyage est fini, il apporte en surface une couche généreuse de fertilisant (5-10-10). La surface est alors labourée minutieusement et profondément, puis il dépose une couche de feuilles décomposées de 15 cm d’épaisseur sur la surface de la planche ; de préférence des feuilles de deux ans, bien décomposées. La surface est de nouveau bêchée minutieusement de manière à incorporer parfaitement le terreau de feuilles. Il bêche à une profondeur de 25 à 40 cm.

Comment faut-il planter les iris ?

Pour Sterling Innerst, les rhizomes des­tinés à la plantation sont placés à l’ombre durant deux ou trois jours, afin que toutes coupures ou lésions soient guéries et qu’ils soient durs. Les rhizomes que l’on reçoit arrivent généralement en parfait état, près à être replantés. Ils peuvent cependant attendre quelques jours avant de l’être ; pas besoin, donc de se précipiter. Par expérience, je puis dire que des rhizomes, restés hors sol pendant près d’un mois, peuvent repartir sans problème, même s’ils ont l’air très desséchés.
Chez Innerst les rhizomes sont plantés assez profondément pour qu’ils soient entièrement recouverts ; le sol est compacté autour du rhizo­me et la terre remontée de manière à éviter que l’eau de pluie ne stagne près de la plante. Pour Mme Martignier le rhizome sera peu enterré, à peine recouvert de terre. Je crois que cette méthode est la meilleure. Certains vont même jusqu’à laisser le dos du rhizome apparent, pour qu’il soit « cuit » par le soleil.
En ce qui me concerne, je creuse deux légères tranchées, de part et d’autre de l’endroit où je vais poser les rhizomes. J’étale les racines dans ces tranchées puis je remonte la terre : le dessous du rhizome repose bien à plat sur le sol et les racines sont à l’aise dans un terrain très meuble pour commencer leur développement.

Peut-on mettre les iris à l’ombre ?

Innerst ne parle pas de cela, mais Mme Martignier, à juste raison, précise qu’il est déconseillé de planter les iris à un endroit ombragé. Les iris aiment le soleil. On compte qu’il leur faut une demi-journée de soleil au moins. J’avais, quant à moi, planté sous un cerisier, qui n’a pas encore de feuilles au moment du début de la floraison, mais s’en couvre rapidement par la suite. Les iris ont fleuri la première année, mais la floraison a été très capricieuse les années suivantes et, surtout, les feuilles ont gardé un aspect prostré, signe de l’inadéquation de l’emplacement.

Faut-il arroser ?

Nos deux auteurs s’accordent pour dire que cela n’est pas nécessaire, sauf au moment de la plantation, et si le ciel ne s’en charge pas. Cela sera plus souvent le cas si l’on plante tôt dans la saison, une plantation tardive ne nécessitera guère d’arrosage. Les iris sont particulièrement résistants à la sécheresse. J’en ai fait l’expérience en 2005, où, chez moi, il n’a pas plu de la mi-mai à la mi-octobre. Je n’ai pas arrosé les iris, mais dès que la pluie a repris ils ont entamé une pousse vigoureuse et prometteuse. Dans la moitié sud de la France, un arrosage peut malgré tout être nécessaire au cours des étés très secs. Il est d’autre part recommandé pour favoriser la remontance des variétés polyanthésiques, et pour obtenir de gros rhizomes, flatteurs, pour la vente ou les échanges.


Faut-il mettre des engrais ?

Nos deux auteurs en utilisent. Mme Martignier dispose la valeur d’une cuillerée à dessert d’engrais ordinaire autour de chaque pied. Innerst est plus précis, il fertilise environ six semaines avant la floraison avec un fertilisant 0-25-25. Le fertilisant est normalement éparpillé sur la surface des planches entre les touffes et incorporé à la binette, mais il peut aussi être laissé tel quel et c’est alors la pluie qui se charge de le faire pénétrer.

Faut-il couper les tiges lorsque la fleur est fanée ?

C’est, à mon avis, indispensable. Pour deux raisons :
· il n’est pas rare que des fleurs aient été fécondées par les bourdons. Dans ce cas, si on laisse les tiges, il y a risque que les capsules ne mûrissent et, s’ouvrant, laissent choir au sol leurs graines. Celles-ci peuvent germer et polluer gravement la touffe avec des plantes non désirées et qui peuvent laisser croire que la variété ainsi parasitée a dégénéré !
· La plante va continuer d’alimenter la tige et dépenser en pure perte une énergie qui lui serait utile pour reconstituer ses réserves.
Par-dessus le marché, garder les tiges est inesthétique !

A l’automne faut-il tondre les feuilles ?

Sterling Innerst ne répond pas à cette question. Mais Mme Martignier est d’avis qu’il ne faut pas le faire. Elle préconise d’enlever seulement les feuilles jaunes et sèches et tant pis, dit-elle, si la plate-bande ressemble à un carré de poireaux. Mais elle ne fournit pas d’explications. Pour ma part j’en vois une : les feuilles sont les poumons des iris. Au moment où ils doivent se reconstituer des réserves, c’est une mauvaise idée que de réduire leur capacité respiratoire. Certains obtenteurs américains qui veulent que leur jardin reste présentable même en période de dormance se contentent d’enlever feuille par feuille les parties abîmées ou desséchées, mais c’est un gros travail !

Faut-il couvrir les iris en hiver ?

Pour Mme Martignier, c’est superflu parce que les rhizomes supportent parfaitement le froid. Mais S. Innerst approuve tout à fait le paillage dans les régions froi­des non pas contre le froid lui-même mais pour empêcher que la plante se soulève. En effet l’eau se dilate sous l’effet du gel et la terre a tendance à se soulever. Si le gel est profond cela peut déchausser les iris. En fait ce phénomène est plutôt rare chez nous, mais il doit effectivement se produire en Pennsylvanie où les hivers sont plus rudes que les nôtres. Je connais une plantation de grands iris, située dans le Massif Central, à environ 800 m d’altitude, qui n’a jamais souffert ni de gels prolongés allant jusqu’à –20, ni d’une couche de neige de près d’un mètre, pendant plusieurs semaines.


Comment soigner la pourriture ?

C’est la maladie la plus fréquente chez les grands iris. Elle est essentiellement causée par un excès d’humidité au pied de la plante. Dans ce cas, selon Gaby Martignier, le plus simple est de découvrir les rhizomes malades, de les nettoyer et de les laisser guérir au soleil. Celui-ci cicatrise la blessure. Pour mon compte je traite la plaie bien nettoyée avec un pinceau trempé dans de l’eau de Javel fortement diluée. Cela marche bien. Il y a aussi des désinfectants dans le commerce, mais il faut les réserver aux cas graves.

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