9.8.09




LA FLEUR DU MOIS




CRAFTSMAN


C’est encore au néo-zélandais Terry Johnson, sur son blog http://historiciris.blogspot.com/ que l’on doit la photo ci-dessus de ‘Craftsman’ (Knopf 63).

’Craftsman’ est décrit comme étant une variété mi-tardive, d’environ 90 cm de haut, avec des pétales d’un jaune profond, des sépales blancs bordés de jaune et des barbes orange. Il a été très apprécié aux Etats-Unis puisqu’il a obtenu une Honorable Mention (HM) en 64 et un Award of Merit (AM) en 67. C’est donc ce qu’on appelle un iris du modèle ‘Joyce Terry’, une disposition des couleurs que l’on retrouve chez un grand nombre de variétés, mais qui n’obtiendra la reconnaissance mondiale que lorsqu’en 1971 ‘Debby Rairdon’ obtiendra la Dykes Medal.

‘Craftsman’ ne présente aucun trait qui en fasse une exception ; c’est simplement un bon iris, qui pousse bien, qui a de jolies fleurs bien disposées, et qui fait le bonheur de ceux qui le cultive et qui n’ont pas envie de l’abandonner malgré ce que l’on peut appeler aujourd’hui son grand âge. Il y a des variétés comme cela qui se sont assuré une particulière longévité par leurs seules qualité générales. C’est pourquoi il n’a pas suivi le sort de quantité d’iris presque identiques qui sont maintenant complètement oubliés et peut-être même disparus.

Son pedigree est (Golden Garland X Mission Trails). La variété « femelle » dans ce croisement est elle-même du modèle ‘Joyce Terry’, avec un fin liseré jaune autour des sépales ; ‘Golden Garland’ (53) est un produit du célèbre hybrideur David Hall et descend de ‘Palomino’ qui est une des variétés préférées de son obtenteur. Quant à ‘Mission Trails’ (Knopf 57) c’est un iris violet à barbes orange dont les parents sont ‘Spanish Peaks’ et ‘Inca Chief’, deux éléments de base de l’hybridation des années 50.

Même si ‘Craftsman’ n’a pas connu un succès commercial majeur, il n’a pas laissé indifférents les hybrideurs à la recherche d’un parent de qualité. Ce fut le cas de Bryce Williamson qui en a tiré deux variétés intéressantes, ‘Dramatic Arts’ (71) et ‘Deja Vu’ (74), étrange association d’argent et d’ambre. Ce fut également le cas de Bryan Dodsworth, en Grande-Bretagne, qui lui doit deux de ses jolies obtentions, le blanc ‘Arctic Tern’ (84) et le crème ‘Edale’ (89).

La présentation de ‘Craftsman’ est l’occasion de dire deux mots de son obtenteur, Maynard Knopf, de Porterville, en Californie. Ce ne fut pas un stakhanoviste de l’hybridation et son catalogue est plutôt restreint, mais il comporte quelques noms qui ont laissé une trace dans le monde des iris. En particulier un certain ‘Launching Pad’ qui a obtenu le Florin d’or à Florence en 70 : c’est aussi un iris du modèle ‘Joyce Terry’, un modèle qui devait plaire à M. Knopf . Mais il faut surtout parler de ‘Denver Mint’ (62) qui n’a pas fait un bœuf dans les jardins, mais que les hybrideurs ont utilisé en abondance et qui a donné naissance à de très grands iris.

Cet iris d’un beau jaune a été ainsi baptisé pour évoquer la célèbre usine de Denver qui fabrique depuis plus d’un siècle d’innombrables pièces de monnaie, qu’il s’agisse des petites pièces de billon ou des grosses pièces d’or.

Ses descendants ont tous été des iris du premier rang. A commencer par ‘Bride’s Halo’ (H. Mohr 73 – DM 78), que tous les amateurs connaissent bien. Ensuite il y a ‘Gold Trimmings’ (Schreiner 75), original jaune lavé de blanc, ‘Launching Pad’ (Knopf 67) déjà cité, ‘West Coast’ (Knopf 68), superbe bitone or bien connu, et, surtout, ‘Ponderosa’ (Ghio 70), bicolore, rose-mauve et brun, que son obtenteur a utilisé par la suite pour l’essentiel de sa production.

A la seconde génération, les descendants de ‘Denver Mint’ sont tout aussi intéressants, en voici quelques-uns : ‘Mandolin’ (Ghio 77) célèbre orange clair, ‘Punkin’ (Keppel 81), véritable orange, ‘Catalyst’ (Keppel 80), vraiment jaune, ‘Entourage’ (Ghio 77), ‘San Jose’ (Ghio 78), ‘Champagne Waltz’ (Schreiner 94), ‘Fall Fiesta’ (Schreiner 92), ‘Gold Galore’ (Schreiner 78), ‘Dazzling Gold’ (Anderson 81). En France, ‘Terre De Feu’ (Cayeux 97), ‘Reflets Safran’ (Cayeux 98), ‘Jubilee Rainier III’ (Cayeux 98) sont des lointains descendants de ‘Denver Mint’, tout comme ‘Voleur De Feu’ (Anfosso 88), ‘Bastille’ (Anfosso 89), ‘Laser’ (Anfosso 90), ou ‘Samsara’ (Ransom 96).

C’est une bonne partie des iris que nous cultivons aujourd’hui qui descendent plus ou moins directement de ‘Denver Mint’ en direct ou via ‘Ponderosa’. Maynard Knopf avait eu la main heureuse. Ce n’est pas la première fois qu’un homme modeste se trouve involontairement propulsé vers les sommets…






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