9.10.03

PASSEZ AU VERT !

Il y a déjà un certain temps, j’ai proposé ici de « passer à l’orange ». Je vais être plus citoyen aujourd’hui en invitant plutôt à « passer au vert ».

Le vert, dans les iris, ne concerne pas seulement le feuillage. On en trouve un peu dans les fleurs elles-même. Ce sont des traces de chlorophylle qui réussissent à s’insérer dans les pétales ou les sépales. Mais chacun sait qu’on ne trouve pas d’iris vert ! Même si quelques obtenteurs enthousiastes ou visionnaires ont donné des noms comportant le mot « green » à certaines de leurs variétés. Le vert se contente d’influencer d’autres couleurs, surtout le jaune, ce qui donne une teinte légèrement verdie. Il se concentre plus densément sur l’extérieur des sépales, c’est pourquoi on le remarque davantage avant que les fleurs ne s’ouvrent.

Ces iris « verts » ne manquent pas d’originalité, et il y a longtemps que les obtenteurs ont commencé d’enregistrer des variétés influencées par le vert. Ainsi, dès 1959, après un certain nombre d’autres, Rex Brown a enregistré GREEN QUEST, un iris jaune mimosa, bien teinté de vert. De même en 66 Luella Noyd met sur le marché son FLUTED LIME, longtemps vendu en France, qui est un peu plus vif, avec une barbe moutarde, et qui se trouve être le fils d’un cousin de GREEN QUEST, GREEN GLINT (R. Brown 60). Fred DeForest en 69 a marqué une nette avancée avec BAYBERRY CANDLE qui est peut-être encore le plus vert des iris.

Les années 70 ont été riches en iris « verts ». Pour n’en citer que quelques-uns, connus en France, parlons de SONG OF ERIN (Roach 71), où le vert colore un fond blanc, GREEN EYED LADY (Plough 72), de la même eau que le précédent, SECRET SOCIETY (Plough 73), où le vert influence les sépales jaunes d’une variété difficile à décrire, IRIS SPRING (Roe 73), joli amoena aux pétales bien blancs et aux sépales nettement influencés de jaune verdâtre. PISTACHIO (Ghio 74), marque l’entrée de Joë Ghio dans le domaine des verts, il est mimosa vif avec barbe moutarde : IRISH TUNE (Plough 77) est une amélioration par inbreeding de deux autres jaune mimosa, GREEN EYED LADY dont il vient d’être question, et PRIDE OF IRELAND (Noyd 71). Keith Keppel s’est à son tour aventuré sur ce terrain avec PATINA (78), plicata fortement teinté de vert, à tel point qu’il paraît non plus violacé mais nettement brun.

Au début des 80, J. Ghio récidive avec AL FRESCO (81), très vert et assombri d’une barbe brune, et SOAP OPERA (82) au coloris étrange, ceinturé de jaune chartreuse. RUFFLED SURPRISE (Rudolph 81) joue sur le même registre, qui était aussi celui de CHARTREUSE RUFFLES (Rudolph 76) et qui sera celui de INCA QUEEN (Blyth 83). LICHEN (Byers 89) est plus classique, jaune verdâtre tendre : le premier vert à fleurir chaque printemps et à remonter régulièrement. Mais c’est GREEN AND GIFTED (P. Black 89) qui est le vert le plus original, avec sa barbe pratiquement noire.

ENVY (Ernst 90) est franchement jaune tilleul, il a BAYBERRY CANDLE parmi ses ancêtres ; la même année OLIVE BRANCH est une autre contribution de Richard Ernst à la famille des iris verts : celui-ci est sombre, en vert olive deux tons, il descend de PATINA. SYLVAN (Byers 90) est assez proche de INCA QUEEN, comme sa « mère », TUDOR ENGLAND (Zurbrigg 79). VERDE LUNA (Romoli 96) fait plutôt partie de la famille PISTACHIO tandis que WARM BREEZE (Duane Meek 97) est une amélioration d’ENVY, sa « mère ». Le pompon du vert pour cette décennie est sans doute à attribuer à EVERGREEN HIDEWAY, amoena vert, d’un coloris voisin de celui du fameux THORNBIRD (Byers 89 –DM 97), en moins accentué.

Récemment Keith Keppel est revenu sur la couleur verte avec deux variétés très originales, SUSPICION (99), amoena inversé aux sépales tilleul sous des pétales mauves, et TRADE SECRET (2003), étrange self couleur chartreuse où les infusions violacées de la base des pétales paraissent brunes sous l’effet de la chlorophylle. C’est un descendant immédiat du précédent.

De nombreux autres iris, notamment certains variegatas-plicatas présentent des influences de vert. C’est dire que cette couleur, a priori incongrue chez un grand iris, n’est pas si rare que cela et que les obtenteurs les plus chevronnés s’y sont exercé.

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