8.9.18

GLACIATA TUTORIAL (par Keith Keppel)

Dans une de ses interventions récentes sur Facebook, Keith Keppel nous a livré une leçon parfaite à propos des iris glaciatas. Je n'ai pas résisté au plaisir d'en faire une traduction qui doit en faciliter la compréhension par un public francophone. La voici (avec la permission de l'auteur).

Glaciatas are part of the plicata complex. You can think of them as plicatas with the markings erased. Genetically, they cannot form the anthocyanin pigments which otherwise would make the markings. In the picture, all but the two larger falls on the left are glaciatas. Note how there is a white area beside the beards, with coloring....carotene yellow, pink, or orange, not anthocyanin.....on the shoulders. The upper right fall doesn't even have the yellow shoulders.

Les glaciatas font partie de la grande famille des plicatas. Vous pouvez les considérer comme des plicatas dont les dessins ont été effacés. Génétiquement, ils ne peuvent pas fabriquer les pigments anthocyaniques qui, autrement, formeraient les dessins. Sur la photo, tous les sépales présentés sauf les deux plus grands, à gauche, sont des glaciatas. Notez les surfaces blanches de chaque côté de la barbe, avec des zones colorées de jaune, rose, orange (des pigments caroténoïdes) – mais pas d'anthocyanine – sur les épaules. Le sépale en haut à droite n'a même pas de jaune aux épaules.

Sometimes an iris looks so clean you think it is a glaciata....but isn't. The upper left fall is white with yellow across the haft, but missing the white area by the beard. Also, if you look closely you can see some fine brownish haft marking....caused by anthocyanin blue or violet pigment on the yellow ground. But if it forms ANY anthocyanin pigment, it cannot be a glaciata. The bottom left fall shows even less anthocy ou uanin, there is the merest shading or fine veining you could see if my picture were clearer. This is a fall from Clean Energy....hafts SO clean, but still not glaciata clean....

Quelques fois un iris a l'air tellement net que vous pouvez le prendre pour un glaciata... mais ce n'en est pas un ! Le sépale en haut à gauche est blanc avec du jaune sur la partie haute mais il lui manque les zones blanches le long de la barbe. Et même, si vous regardez bien, vous pouvez voir quelques traces brunes sur les épaules... causées par un pigment bleu ou violet répandu sur le fond jaune. Mais à partir du moment où il y a la moindre marque de pigment anthocyanique, cela ne peut pas être un glaciata. Le sépale en bas à gauche montre encore moins d'anthocyanine, Il y a une infime trace ou un fin veinage que vous pourriez voir si la photo était meilleure. C'est un sépale de 'Clean Energy', qui a des épaules bien nettes, mais ce n'est pas la netteté d'un glaciata...

Glaciatas may show up unexpectedly in plicata or luminata crosses, or you can cross glaciatas to get more. They may be white, or yellow, pink, orange (the warm carotene colors), and can appear in the same patterns as these same colors would occur in non-glaciatas....that is, self, amoena, Debby Rairdon pattern, etc. 

Les glaciatas peuvent apparaître incidemment dans des croisements de plicatas ou de luminatas, on peut aussi croiser des glaciatas pour en obtenir d'autres. Ils peuvent être blancs, ou jaunes, rose, orange (les couleurs chaudes caroténoïdes), et peuvent survenir dans les mêmes modèles ou coloris qu'on trouve parmi les non-glaciatas... c'est à dire les selfs, les amoenas, les fleurs du modèle Debby Rairdon (1), etc...

So why do we care about them? Because, with no anthocyanins to dull or grey the carotene pigments, we can get clearer, cleaner yellows, pinks, and oranges. 

Alors pourquoi s'intéresse-t-on à eux ? C'est parce que sans pigments anthocyaniques pour assombrir ou griser les pigments caroténoïdes, on peut obtenir des couleurs plus propres, en jaune, en rose et en orange.

Commentaire :

Keith Keppel est un excellent pédagogue. Son explication est lumineuse, Mais le phénomène reste inexpliqué. A défaut de preuve on est réduit à des suppositions. Celles de Chuck Chapman, d'une part. Cet autre théoricien a soutenu l'idée selon laquelle il existerait plusieurs degrés d’inhibition des pigments anthocyaniques dans une fleur d’iris. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement « gouachés » d’anthocyanine. Cette thèse est séduisante mais elle n'est nullement confirmée et ce gène inhibiteur reste bien mystérieux et capricieux dans sa manifestation. Keith Keppel, lui, est moins affirmatif. Comme il l'a décrit à maintes reprises, le modèle plicata résulte de l’application plus ou moins intense d’une couche de pigments anthocyaniques par-dessus un fond blanc ou teinté de pigments caroténoïdes, et le modèle glaciata serait en quelque sorte un anti-plicata. En fait, sous deux formes différentes les deux hommes disent à peu près la même chose.

Reste que pour savoir si un iris est un glaciata ou non, il faut détruire une fleur, examiner à la loupe les sépales détachés jusqu'à la base et constater l'absence totale, ou non, de traces anthocyaniques de chaque côté des barbes. A vrai dire cela n'est qu'une recherche formelle qui n'est pas souvent nécessaire pour le travail de tous les jours d'un hybrideur.

Il reste que le phénomène glaciata, en conférant aux fleurs qui en bénéficient un éclat et une pureté hors de pair est un événement fort appréciable.

(1) NDT = en France on parle plus volontiers du modèle Joyce Terry. 

Iconographie : 

Sépales (par K. Keppel) ;


 'Sun Shine In' (Keppel, 2010) – pur glaciata ; 


'Jet Setter' (L. Ransom, 2004) – pur glaciata ; 


Sépales de 'Jet Setter' isolés par Loïc Tasquier

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