14.6.03

LA GRANDE FAMILLE DES PLICATAS

Les iris plicatas constituent une catégorie tout à fait remarquable. Il y a en effet peu de fleurs (hormis les roses, peut-être) qui présentent ces dessins caractéristiques, ces pointillés de couleur sombre sur fond clair. Mais ce qu’il y a de plus intéressant encore, c’est que ces pointillés peuvent se présenter avec un nombre pratiquement infini de variations.

Commençons par la couleur de fond : Celle-ci peut être le blanc, ou bien un lit de pigments qui peuvent varier du crème au jaune, au rose à l’orange. Cette couleur de fond peut être appliquée uniformément, mais cela n’est pas toujours le cas, par exemple la plupart des plicatas roses auront des épaules teintées de saumon en raison de la présence de plusieurs pigments. Le fond est ensuite plus ou moins recouvert par le motif plicata. Celui-ci est constitué par un pigment violacé (lavande, bleu, violet, pourpre ou rose orchidée) qui ne se mélange pas avec le pigment du fond.

La variété la plus emblématique du modèle plicata est sans conteste STEPPING OUT (Schreiner 64). On peut le décrire comme ayant des pétales colorés, dont les côtes et le cœur s’éclaircissent et tendent vers le blanc, et des sépales blancs, plus ou moins piquetés de la couleur des pétales, avec une densité croissante des points de couleur en allant vers le bord, jusqu’à un liseré, plus ou moins large, entièrement coloré. Les variétés de ce modèle sont franchement innombrables aujourd’hui. A l’origine le dessin plicata ne se faisait guère qu’en violet, mais aujourd’hui on rencontre des plicatas « classiques» dans tous les tons, du rose (PINK CONFETTI — Gibson 76), au pourpre (CRINOLINE — Schreiner 65), au magenta (INDISCREET — Ghio 88) et au brun (DESERT RENEGADE — Ernst 92).

Le fond blanc peut aussi, comme on l’a dit plus haut, être remplacé par le rose ou le jaune. C’est le cas par exemple chez GIGOLO (Keppel 84).

La densité des « pixels» sur les sépales peut être telle que ceux-ci semblent presque de la couleur des pétales, sauf sous les barbes où l’on distingue le plumetis. On peut en prendre pour exemple la variété CHIEF HEMATITE (Gibson 83). Le fond est presque totalement recouvert par les pigments qui constituent la coloration brun-rouge de cet iris.

Une autre variante aboutit à ce que les pétales et les sépales soient équitablement colorés. La variété CYCLES (Mc Whirter 85) se présente ainsi : le fond blanc apparaît sur les côtes des pétales et sous les barbes, où il est aussi veiné de bleu.

Il arrive aussi que le dessin plicata se montre plus discret : les pétales sont en majorité blancs (ou clairs), de même que les sépales. La coloration se réfugie tout au bord et forme un liseré plus ou moins large et dense. Prenez STITCH IN TIME (Schreiner 78) ou RARE TREAT (Schreiner 87) dans les tons de violet, et vous verrez.

La situation extrême consiste à ne laisser la couleur foncée et le dessin apparents que sur une toute petite partie de la fleur, comme dans LIGHTLY SEASONED (Zurbrigg 79) où le pourpre du plicata ne fait son apparition que, très délicatement, sous les barbes. C’est un plicata minimaliste : en effet s’il apparaît quelque part, le dessin plicata commence toujours par les parties hautes des sépales, autour des barbes et sur les épaules. De la même façon, il faut être très attentif pour s’apercevoir que LACED COTTON (Schreiner 80) est aussi un plicata, tant la trace de couleur est faible, mais il est vrai qu’on trouve d’infimes et rares points rose orchidée sur les épaules. Dans un article qu’il a publié récemment, Keith Keppel nous confirme que c’est bien un plicata car, dit-il, en croisant LACED COTTON avec un plicata, on obtiendra des plicatas (le modèle plicata étant récessif, il faut que les deux parents soient plicatas pour qu’il réapparaisse).

Les choses se compliquent quand la couleur additionnelle des pétales n’est pas la même que celle des sépales. Ainsi les pétales peuvent paraître uniformément mauves, et les sépales, blancs, être marqués de dessins violets. C’est le cas chez SPINNING WHEEL (Nearpass 74) et ACOMA (Magee 90) pour les bleus ou de CUPID’S ARROW (Ghio 90) pour les roses.. Cela constitue le modèle que l’on peut qualifier de néglecta/plicata, et qui comporte encore une variante, quand la couleur foncée envahit presque complètement les sépales. Cas de THEATRE (Keppel 81).

Les pétales peuvent être totalement dépourvus de pigments violacés. La fleur ressemble à celle d’un amoena dont les sépales ne seraient pas uniformément colorés. SNOWBROOK (Keppel 87) en est la parfaite illustration. Le nom de Keppel apparaît souvent quand on parle d’iris plicata. C’est en effet de nos jours le plus éminent spécialiste du genre. Il se baptise lui-même M. Plicata ! Il a exploré toutes les facettes du genre car c’est un homme méthodique et rigoureux. Ses plicatas sont très nombreux et, pour n’en citer que quelques-uns, bien connus des amateurs français, on parlera de FOCUS (76) GENTLE RAIN (77), PATINA (78), ou, plus récents, ROSARITA (89) et SNEEZY (96).

Avec un iris comme QUEEN IN CALICO (Gibson 80), on ne sait plus très bien qui domine, du fond clair ou de la « peinture » plicata. Pétales et sépales sont colorés, mais des stries claires apparaissent, plus ou moins nettes. Même présentation pour RUSTIC DANCE (Gibson 80). Jim Gibson fut, avant Keith Keppel, le maître des plicatas. Chez lui c’est ce modèle qui domine, les iris différents semblant n’être que des avatars survenus au hasard de ses recherches. Citons WILD APACHE (65), plicata prune, GOING MY WAY (72) plicata violet, CASINO QUEEN (71), plicata rose…

Passons pour finir aux variegata/plicatas, autrement dit les iris qui ont des pétales dans les tons de jaune, et des sépales au fond blanc, généralement vigoureusement marqué de brun ou de pourpre. Les meilleurs exemples en sont BROADWAY (Keppel 81) et KILT TILT (Gibson 70), mais les apparences sont multiples et variées, depuis le très discret GYPSY WOMAN (Schreiner 84), jusqu’aux riches THUNDER ECHO (Gibson 87), 0H BABE (Anderson 84) ou POINT MADE (Innerst 88). C’est un modèle, en effet, qui intéresse beaucoup d’hybrideurs car, dans une collection, il attire nécessairement l’œil, même si ce n’est pas le modèle le plus recherché par les acheteurs.

Sans doute de nouveaux modèles de plicatas apparaîtront-ils dans le futur, mais dès à présent cette grande famille a de quoi enthousiasmer tous les amateurs d’iris, tant par sa diversité que par la richesse et l’originalité des coloris rencontrés.

Sources : Exposé de Keith Keppel aux abonnés du forum de discussion « Iris Talk » (Fev. 2003)

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