VERS DE NOUVEAUX COLORIS ?
II. Les bicolores
Le domaine des bicolores propose aujourd’hui différentes associations nouvelles qui devraient se développer au cours des prochaines années.
Ce qui est assuré c’est que les amoenas inversés sont déjà dans le vent. Cette disposition des couleurs n’est pas nouvelle, mais les progrès dans la netteté du contraste sont flagrants. Après SEA QUEST (Shoop 90), on a trouvé IN REVERSE (Gatty 93), puis UPSIDE DOWN (Niswonger 94), ensuite vint CROWNED HEADS (Keppel 97) qui a marqué le départ d’une nouvelle ère d’amoenas inversés, aux pétales toujours plus saturés et aux sépales toujours plus purs. FOGBOUND (97) a été l’étape suivante et s’est révélé être un géniteur de grande classe (voir la chronique « L’effet Fogbound »). Chaque année maintenant on découvre un certain nombre de nouveaux « dark top » qui démontrent que cette recherche est en pleine croissance. Les deux principaux pourvoyeurs de ces iris sont Vincent Christopherson et, toujours, Keith Keppel. Du premier j’ai remarqué TURN THE TIDE (2000) qui descend de SEA QUEST, tout comme IN THE CLOUDS (2001), alors que ALL ABOARD (2003) a pour parent femelle LITTLE MUCH (Ghio 84) et pour ancêtres deux anciens « dark top », SURF RIDER (Tucker 72) et SEA VENTURE (Jones 72). Quant à Keith Keppel, il se donne actuellement à fond dans les amoenas inversés et en enregistre chaque année plusieurs. Ainsi WINTRY SKY (2002) qui est un descendant de CROWNED HEADS, puis FRIENDLY FIRE, issu de FOGBOUND, ALPEN VIEW (2003), de FOGBOUND et CROWNED HEADS. RIPPLE EFFECT (2003), de la même veine, ajoute un reflet chartreuse aux sépales. Mais il n’y a pas qu’aux USA qu’on s’intéresse aux amoenas inversés, en Europe, ALDO RATTI (Bianco 98) a donné le départ et IRIADE (Laporte 2003) est la réplique française au travail de Keith Keppel.
BEL ESPRIT ( Keppel 2002) décline le principe « dark top » dans d’autres couleurs que le bleu et le blanc, puisqu’il marie le rose orangé marqué de mauve sur les côtes, à l’abricot très éclairci sous les barbes minium. Il fait la transition avec une autre avancée dans le domaine des bicolores, celle des variegatas inversés.
En effet l’un des autres thèmes de recherche du début des années 2000 se situe dans cette juxtaposition, tout à fait nouvelle. TRADE SECRET (Keppel 2003) s’ajoute à BEL ESPRIT pour assurer le lien. C’est un étrange iris aux pétales jaune paille largement infus d’indigo fumé et aux sépales également jaune paille, avec des barbes plus orangées. Plusieurs obtenteurs ont enregistré ces dernières années des variétés violet/jaune. L’un des premiers a été Richard Ernst qui, à partir d’AFTERNOON DELIGHT (85) a obtenu RAINBOW GODDESS (94) puis TAUGHT BY MASTERS (2002). A chaque étape le contraste entre les pétales, mauves puis violets, et les sépales, orangés puis jaunes, s’est développé. Son DANDY CANDY (2001), pourpre sur pêche, est une autre combinaison issue d’AFTERNOON DELIGHT.
Une autre base de ce type de bicolore se trouve dans HAWAIIAN QUEEN (Shoop 86). Cette variété a été utilisée par Paul Black pour aboutir à TAUNT (2000) aux pétales beige rosé plus vif sur les côtes et aux sépales d’un beau blond. Une autre approche du bleu sur jaune est apparue cette année avec APOLLO’S ROBE (Carter 2003) qui allie des sépales jaune d’or un peu fumé à des pétales mauve parme infus de jaune sur les côtes. Mais la plus grande netteté dans le contraste est peut-être le fait de WONDERFUL TO SEE (Kerr 2000), avec ses pétales d’un beau bleu lavande, et ses sépales franchement jaune primevère, liserés de blanc. Sans compter le bouillonné de toute la fleur, vraiment réussie. Nous autres Français pouvons être fiers de ce petit-fils de ECHO DE FRANCE (Anfosso 84). Quoiqu’il en soit, la combinaison bleu ou violet/jaune devrait bien être la tendance de cette décennie.
On peut également dire un mot d’une variété étonnante, PASSING CLOUDS (2001), l’une des dernières obtentions de Ben Hager. C’est une fleur commercialisée par Cooley, qui assemble des pétales bleus de lin et des sépales chamois, une juxtaposition unique pour l’instant mais qui pourrait bien donner des idées aux hybrideurs avides de nouveauté originale.
Enfin terminons ce chapitre par une autre forme de contraste : le « blanc et noir ». C’est encore une combinaison à la mode. Elle a été engagée par Joë Ghio dès 1993 avec OSAKA, aux sépales acajou très foncé, puis avec COSTA RICA (95) dont les sépales sont, cette fois, violet-noir. SNOWED IN (98) a des sépales bleu nuit nettement veinés de blanc sous les barbes. CONNECTION (99) marque une nouvelle étape par ses pétales pratiquement blancs et ses sépales bleu nuit devenant brun rouge sous les barbes orange brûlé. STARRING (99) est encore plus nettement bicolore : pétales blanc laiteux, sépales grenat aubergine et barbes brique ; il est très apprécié et a obtenu la Franklin Cup en 2002.. Lowell Baumunk a suivi le même chemin et son MIDNIGHT MOONLIGHT (99) présente des pétales à peine bleutés et des sépales d’un bleu marine profond. En Europe c’est le Slovaque Anton Mego qui a pris le relais : son SLOVAK PRINCE (2003) est un superbe blanc/ bleu nuit.
Pour les mélanges de couleurs, on en restera là, mais le sujet n’est pas épuisé pour autant ! Dans une prochaine chronique, on abordera un autre domaine, celui des fleurs poudrées, piquetées, liserées ou autrement colorées.
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