VERS DE NOUVEAUX COLORIS ?
IV. Les dernières combinaisons
Le sujet des nouveautés n’a pas encore été totalement épuisé. Finissons aujourd’hui le tour d’horizon entamé il y a déjà plus d’un mois.
De plus en plus d’obtenteurs proposent maintenant des iris « maculosa » ou, autrement dit, « broken color ». Pendant des années ces variétés sont restées au rang de curiosités et il n’y a pas si longtemps, leur promoteur Alan Ensminger n’osait même pas les enregistrer ! Mais maintenant que le pas est franchi, il a de nombreux imitateurs. Brad Kasperek a été l’un des premiers et il améliore continuellement ses produits qui sont désormais pris en considération pour les récompenses officielles. BEWILDERBEAST (95), GNU (94), TIGER HONEY (94) et plusieurs autres ont atteint le niveau des AM. Des variétés comme MILLENIUM FALCON (Kasperek 98) ou ZIGGY (Keyser 97) apportent la preuve que la netteté des couleurs s’améliore et que la fleur devient plus raffinée.
On ne peut plus parler de nouveauté quand on veut traiter des iris « space age », que j’appelle aussi « rostrata ». Ils ont maintenant leurs fervents défenseurs et Monty Byers doit être fier d’en avoir été l’un des grands promoteurs. Plus personne n’ose en dire du mal et Richard Cayeux lui-même, qui a fait longtemps la fine bouche, s’est lancé à en produire : son croisement de CHEVALIER DE MALTE X CONJURATION, est à l’origine d’AURELIE (2002) et CERF VOLANT (2002), deux iris à éperons, encore timides, mais démonstratifs d’un changement d’opinion. L’évolution du modèle va dans le sens de MESMERIZER (Byers 91 – DM 2002), c’est à dire vers des fleurs doubles, chez qui les pétaloïdes développés à l’extrémité des barbes vont venir doubler les pétales situés juste au-dessus et tendre vers des iris « flore pleno » à l’instar des roses, des pivoines ou de bien d’autres fleurs. Cela va changer sérieusement l’aspect des iris. En bien ? Oui si les pétaloïdes restent discrets et joliment développés, non s’ils prennent des formes disgracieuses ou gigantesques, ou si le reste de la fleur, les sépales en particulier, résistent mal à la charge que constituerait un pétaloïde trop lourd pour eux, et prenaient des formes tordues, effondrées. Les spécialistes américains des iris à éperons sont sans doute George Sutton et Jim Hedgecock, et chez eux on trouve le pire et le meilleur. BYE BYE BLUES (Sutton 96), WINGS OF PEACE (Sutton 97) et surtout AMERICAN EAGLE (Sutton 98) vont dans le bon sens, de même que GALACTIC WARRIOR (Hedgecock 99) ou ANNOUNCEMENT (P. Black 2002). En revanche on est à la limite avec IN A HEARTBEAT (Christopherson 2001), et le mauvais exemple est donné par HONEY SCOOP (Sutton 97) dont les sépales sont pliés et les éperons assez laids. En France, les bons « space agers » s’appellent DERVICHE (Bersillon 2000) ou LIBELLULE BLEUE (Lanthelme 2001).
La couleur des barbes fait partie des domaines de recherche activement parcourus par les hybrideurs actuels. C’est encore Keith Keppel qui est en tête du mouvement. NIGHT GAMES (96) a lancé le processus des iris sombres, voire noirs avec des barbes rouges. WILD WINGS (99) et FIERY TEMPER (2001) ont suivi. Quant à FANCY DRESS (98), il lance la mode des barbes blanches sur des fleurs sombres ; mode que Schreiner va suivre en proposant prochainement un iris vraiment noir avec des barbes vraiment blanches. Du côté des barbes rouges sur des fleurs sombres, TOM JOHNSON (P. Black 2003) apporte un approfondissement remarquable de l’opposition des couleurs. Les barbes très sombres sur des fleurs claires sont aussi très en faveur. Il y a longtemps que le début en est puisque EVENING ECHO (Hamblen 77) présente cette particularité, mais aujourd’hui le mouvement s’accélère et MYTHOLOGY (P. Black 2003) en est une preuve : c’est un iris façon HONKY TONK BLUES, doté de barbes noires, d’un effet saisissant. Les barbes bleues excitent l’intérêt des amateurs, mais à condition, maintenant, qu’elles se trouvent sur des fleurs roses ou jaunes. Du côté des roses on n’a pas fait mieux que MAGIC WISH (Hager 90), il y a donc encore des progrès à faire. Du côté des jaunes, la difficulté est réelle mais une variété comme BLUE-EYED SUSAN (Lauer 98) démontre qu’on peut y arriver.
Les années 2000 nous réservent plein de nouveautés. Non seulement dans les coloris ou modèles dont il vient d’être longuement question, mais encore dans des découvertes que les progrès de l’hybridation nous offriront sans que l’on sache exactement ce qui nous attend.
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