16.4.04

LES FRÈRES SASS

Comme disent les sportifs, il ne faut pas oublier nos fondamentaux ! Les frères Sass, Hans-Peter et Jacob, font partie des fondamentaux de l’iridophilie et leur histoire doit être dans l’esprit de tous ceux qui s’intéressent d’un peu près aux iris.

Hans-Peter et Jacob sont nés en Allemagne, le premier en 1868, le second en 1872. Ils ont émigré aux Etats-Unis avec leurs parents en 1884 et se sont installés dans le Middlewest comme la plupart des immigrants de l’époque. Hans-Peter avait déjà fait des études de botanique en Allemagne et il s’intéressait aux reproductions par semis. En 1903 il a acheté une ferme près de la ville d’Omaha dans le Nebraska, et a commencé à y cultiver toutes sortes de fleurs. Dès 1912 il avait à son actif bon nombre de plantes issues de son travail d’hybridation : des glaïeuls, des pivoines, surtout, mais aussi des hémérocalles, des pavots d’Orient, des lis et des iris. Pourtant ce n’est qu’en 1923, alors qu’il était déjà membre fondateur de l’AIS, qu’il enregistra son premier cultivar, MIDWEST. En 1925 il introduit KING TUT, une variété reconnue maintenant comme faisant partie des incontournables mais qui n’obtint à l’époque aucun succès. La célébrité lui est venue grâce à RAMESES (1930), descendant du précédent, qui a reçu la Médaille de Dykes en 1932. Dès lors la plupart de ses iris ont obtenus des récompenses (HM, AM) jusqu’à ce que, en 1943, une nouvelle Médaille de Dykes vienne couronner PRAIRIE SUNSET (1936). Entre les deux se situe la grande période de production de Hans Sass, avec des variétés importantes comme AMITOLA, ELSA SASS, MIDWEST GEM et son frère de semis MATULA. L’âge n’affaiblissait pas l’infatigable Hans Sass qui nous a encore donné au début des années 40 le fameux MINNIE COLQUITT ainsi que GARDEN FLAME. Un autre titre de gloire pour Hans-Peter Sass est d’avoir eu l’idée de croiser les grands iris avec les petits pumilas et obtenu les tout premiers iris intermédiaires. En cela, comme en bien d’autres domaines, il agissait en compagnie de son frère cadet Jacob.

L’un et l’autre étaient complémentaires, mais autant l’aîné avait la réputation d’être un homme au sérieux et à la rigueur toute germanique, autant Jacob avait celle d’un être généreux, enthousiaste et rempli de joie de vivre. Il était encore plus fier de sa famille que de son travail. Lui et son frère avaient les mêmes objectifs en matière d’hybridation, et des goûts très voisins. Jacob, comme Hans, ne s’intéressait pas qu’aux iris, il a également travaillé sur les lilas, par exemple. A vrai dire ils ne travaillaient pas exactement ensemble, mais ils réunissaient chaque année leur production dans un unique catalogue et cette collaboration a duré plus de quarante ans. Jacob a commencé à enregistrer des iris, comme son frère, dès 1923, mais il a lui aussi attendu longtemps la consécration. Son premier véritable succès à été le blanc WAMBLISKA (1930), puis est venu THE RED DOUGLAS (1934) qui a obtenu la Médaille de Dykes en 1941. Au-delà se situent d’autres réussite notoires comme CASQUE D’OR (1937), BLUE SHIMMER et FLORA ZENOR (1942), puis SUNSET SERENADE (1943) et l’indétrônable OLA KALA (1943), ainsi que SOLID MAHOGANY en 1944. Il a mis sur le marché un grand nombre de variétés, beaucoup plus d’ailleurs que son frère. Il est décédé en 1945, rompant le plus célèbre duo de l’histoire de l’hybridation.

Les terres du Nebraska sont ingrates avec les iris et seules des plantes robustes pouvaient survivre dans ces hautes plaines aux hivers si terribles que, à plusieurs reprises, les intempéries ont détruit presque complètement le travail des frères Sass.. Il n’est pas étonnant que leurs produits soient des plantes d’une résistance au-dessus de tout éloge. Leurs grands iris sont encore souvent présents dans nos jardins. Leurs intermédiaires ont eu sans doute moins de succès, mais ils restent les inventeurs de cette catégorie et il est évident qu’on se devait de donner leur nom à la médaille qui récompense chaque année le meilleur de ces iris. C’est pour toutes ces raisons que les frères Sass sont évidemment à classer dans le monde de l’iridophilie au rang des obtenteurs fondamentaux.

Sources : Bulletin de l’AIS 1950 (article signé Agnes Whiting) et site Internet de l’Historic Iris Preservation Society.

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