SURF RIDER
On fait habituellement remonter l’origine des iris « dark top », ou amoena inversé, à la variété AVIS (Varner 63) parce que c’est elle qui a été l’une des premières à présenter des pétales bleu-mauve et des sépales presque blancs, ce qui est l’inverse de la situation rencontrée chez les iris amoenas. Mais AVIS n’a pas eut un grand succès commercial. Au contraire, SURF RIDER enregistré en 1970 par James Tucker, obtenteur installé dans l’Illinois, a réussi à s’imposer dans le monde entier.
SURF RIDER a des pétales parme, des sépales d’un blanc laiteux où le bleu resurgit au cœur, et des barbes blanches. La fleur est peu ondulée, mais de texture épaisse ce qui lui confère une bonne tenue. Néanmoins ce qui a fait le succès de SURF RIDER c’est l’originalité de son coloris.
Pour en arriver là, Tucker a utilisé un semis de STEPPING OUT, associé à JOY DANCER. On ne décrit plus le premier, plicata emblématique mis sur le marché par la maison Schreiner en 64 et récompensé de la Médaille de Dykes en 68. JOY DANCER est un autre produit Tucker, enregistré en 69, qui a attiré sur lui l’attention à Florence où il a obtenu la seconde place en 74. C’est une variété mauve lilas à barbes jaunes. Si l’on ne sait officiellement rien des origines de STEPPING OUT, en revanche celles de JOY DANCER sont connues : CRINCKLED BEAUTY (Schreiner 60) x RIPPLING WATERS (Fay 61). L’un et l’autre sont des iris mauve rosé. Mais RIPPLING WATERS ajoute à sa carte de visite le fait d’être devenu l’un des piliers de l’hybridation moderne, comme le savent ceux qui lisent habituellement cette chronique.
Si son originalité et sa fraîcheur ont valu à SURF RIDER une renommée mondiale, elles ont aussi tenté certains hybrideurs qui ont essayé d’en améliorer les caractéristiques. Trois grands noms s’y sont essayés : Joë Ghio, Ben Hager et Sterling Innerst.
Ghio a obtenu LITTLE MUCH (65) et INCANTATION (67). Le premier est décrit comme ayant des pétales bleu moyen, des sépales blancs et des barbes blanc bleuté. Il répond bien à la définition des « dark tops ». Parmi ses antécédents il a des iris prestigieux comme MARY FRANCES (Gaulter 73) et MYSTIQUE (Ghio 75), tous deux couronnés de la D.M., ainsi que SEA VENTURE (Jones 72) qui est aussi un amoena inversé, et qui est un enfant de AVIS ! LITTLE MUCH porte bien son nom, il apporte un petit peu plus au patrimoine de ses illustres devanciers. INCANTATION est un cousin du précédent. Il se présente un peu comme un amoena inversé mais le contraste est atténué car la base des pétales est plus vivement colorée que le haut, pratiquement blanc, tandis qu’on retrouve le bleu des pétales aux épaules des sépales.
BALLERINA BLUE (Innerst 86) a beaucoup de ressemblance avec SURF RIDER, mais aussi avec SEA VENTURE. Il est vrai qu’il est le fruit du croisement du premier par le second, ce qui explique bien l’air de famille ! En dehors de cela ce n’est pas une variété qui apporte grand chose à la problématique des « dark tops ». Les descendants de SURF RIDER obtenus par Ben Hager ont d’autres qualités. TIMESCAPE (90), par exemple, se rapproche nettement de INCANTATION, en plus clair peut-être : même disposition des couleurs et même fleur ample et fortement ondulée. GARDEN ESCORT (91) n’est pas un « dark top » mais un joli néglecta bleu-mauve. Quant à SILVER FIZZ (91), s’il présente des sépales plus clairs que les pétales ce n’est pas non plus vraiment un « dark top », ce qu’il a de remarquable en revanche, c’est l’extrême finesse et densité des dentelures qui entourent toute la fleur. Pour l’amélioration des « dark tops », il ne faut pas trop compter sur celui-là, pas plus d’ailleurs que sur BALLERINA BLUE ou INCANTATION qui ont peu de descendants et seulement dans d’autres coloris. Mais les trois autres variétés citées ont une descendance d’amoenas inversés.
LITTLE MUCH est à l’origine de ALL ABOARD (Christopherson 2003) qui est un « dark top » très clair mais bien net, et de WIDE HORIZON (Gatty 91) qui, sans être exactement au type (il a quelques traits communs avec INCANTATION) s’en approche néanmoins avec, en plus, une touche de jaune pâle aux épaules. L’union entre un descendant de TIMESCAPE et un descendant de GARDEN ESCORT a donné naissance à une variété de toute beauté, pur amoena inversé, baptisée par Ben Hager ETHEREAL VOICES (2001). Il y a là une réelle avancée comme on dit dans les négociations sociales ! D’ailleurs TIMESCAPE est à la base d’une nombreuse famille. Il a été utilisé aussi bien par Hager lui-même (LIVING PICTURE – 98 -) que par Richard Ernst (THAR THE BLUE – 2003 -), mais surtout en Australie par Graeme Grosvenor qui en a fait un de ses géniteurs favoris, sans toutefois en obtenir de nouveaux « dark tops ». C’est le Français Bernard Laporte qui en a tiré le meilleur parti à ce niveau. Son croisement de HONKY TONK BLUES x TIMESCAPE a produit une série de semis, très proches les uns des autres, mais nettement « dark top », avec, ce qui ne gâte rien, des fleurs bien formées et délicatement ondulées. J’espère que cet obtenteur trop timide enregistrera bientôt l’un de ces semis qui apportera quelque chose d’intéressant dans une catégorie difficile mais qui a du succès dans notre pays. Je sais, en particulier, que Michèle Bersillon a utilisé SURF RIDER pour des croisements donc elle attend beaucoup. Qu’un bel iris, issu de ce valeureux pionnier, apparaisse un jour prochain chez nous serait une nouvelle preuve que son succès n’a pas été usurpé.
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