8.10.04

TOUT LE MONDE NE PEUT PAS PLAIRE

II - KEPPEL

Dans un premier article on a vu ce que pouvaient être les raisons pour lesquelles certaines variétés, pourtant aussi soignées et bien distribuées que celles de la maison Schreiner, ne parvenaient pas à décrocher une récompense dans la grande compétition annuelle qui occupe le monde des iris américain. Aujourd’hui, en examinant les variétés de Keith Keppel, mises au commerce à la même période, on va voir si les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Keppel a choisi d’offrir chaque année ses nouveaux produits par l’intermédiaire du bulletin de l’AIS. En principe, donc, dans le numéro de janvier du bulletin, paraît l’annonce de Keppel avec en général, au moins la photo d’une des variétés proposées, plusieurs même, depuis quelques années, et sur la page contiguë. Mais, à la différence de Schreiner, Keppel ne propose pas que des grands iris : son choix est plus éclectique et porte sur tous les types d’iris. Pour le présent nous ne traiterons que des grands.

La production de Keith Keppel n’atteint ni l’ampleur ni la régularité d’horloge de celle de son confrère. Mais la renommée est aussi grande, et la distribution très bien assurée, non seulement par Keppel lui-même, mais par un grand nombre d’autres catalogues. Il n’y a pas lieu de craindre une distorsion à ce niveau.

En 1990 Keith Keppel a mis sur le marché cinq variétés de grands iris. Parmi celles-ci deux seulement ont été primées. Les trois qui sont restées inconnues des juges sont ART SHOW, OPPORTUNITY et WILDEST DREAMS. ART SHOW est un bitone ambre sur ocre, nettement veiné de blanc sous les barbes oranges. La fleur est typiquement signée Keppel : pas très grande, bien ondulée, un peu étirée en hauteur. A priori rien ne destinait cette variété à rester sur la berme. Pourtant… OPPORTUNITY est un jaune très soutenu, très classique au plan du coloris et très Keppel au plan de l’aspect général ; sans doute trop peu original. WILDEST DREAMS se présente comme un petit plicata pourpre sur fond orangé. Il tient beaucoup de son parent GIGOLO, trop sans doute pour s’en distinguer aux yeux des juges.

1991 : cinq présentés, deux échecs. FOREIGN ACCENT ne pèche pas par la banalité. C’est un plicata aux pétales abricot pointillés de violet, violet qui recouvre presque intégralement les sépales au point que l’abricot du fond a l’air de n’être que la couleur des veines. Le désintérêt des juges est assez inexplicable dans ce cas. Même interrogation en ce qui concerne LIGHT SHOW ; une variété superbe, aux pétales d’un jaune franc surmontant des sépales dont le fond jaune paille est finement et régulièrement veiné de grenat, pour ne vraiment réapparaître qu’en lisière. Dans le genre des variegata-plicatas il marque une réelle avancée dans la netteté des dessins : FANFARON (Hager 88), bien que très voisin, n’a pas la même pureté, mais il a reçu un HM en 1990.

Les résultats de la fournée 92 ne sont pas très encourageant puisque sur six variétés, trois n’ont rien obtenu. Mais CONFESSION est un banal blanc à barbe mandarine et FAINT PRAISE un assez terne lilas marqué plicata violet aux épaules. En revanche DAWN SKY a de vives couleurs qui auraient du attirer les regards des juges : pétales roses, sépales blanc laiteux largement ourlés de violet héliotrope, avec de belles barbes oranges.

Toute différente est la situation de 93 puisque les quatre variétés proposées ont connu les honneurs, STARFLEET s’offrant même un troisième prix à Florence en 98. L’année 94 a bien failli connaître le même heureux sort, si ce n’est que SPRING SHOWER est passé à côté. Pour cause de banalité peut-être… En tout cas la réussite est de nouveau totale en 95, FANCY WOMAN allant même jusqu’à rater d’un cheveu la Médaille de Dykes en 2003.

Toujours 100% de réussite pour la brochette de 96, et LOCAL COLOR est toujours en course pour une Médaille de Dykes et fut meilleur TB en 2002 (Wister Medal). Il semble même que rien ne puisse arrêter les succès de Keith Keppel puisque désormais, et jusqu’en 2001 au moins, toutes les nouvelles variétés ont été honorées, à l’exception de MORNING MOOD (98) qui a été bien négligé. Mais est-ce un concours de circonstance ou une profonde désaffection des juges pour ce modèle de coloris ? En effet ce MORNING MOOD est une sorte de clone de DAWN SKY, déjà laissé en touche.

Si, d’une manière générale, les échecs des variétés Schreiner peuvent avoir pour explication leur académisme et un certain manque de fantaisie, on ne peut pas faire les mêmes reproches aux variétés Keppel qui ont subi le même sort. La plupart de celles qui n’ont pas eu au moins un HM auraient, à mon avis, bien mérité cette distinction. Mais entre autres raisons il y un effet de mode. A l’heure actuelle Keppel surfe sur le haut de la vague de la popularité, alors que Schreiner semble un peu en perte de vitesse. Cela lui permet de compter un taux de réussite aux HM de 82% sur la période considérée, avec un succès total pour les dernières années. Qu’en est-il, alors d’un troisième grand obtenteur, richement distribué, comme Richard Ernst ? Ce sera l’objet d’une prochaine chronique.




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