TOUT LE MONDE NE PEUT PAS PLAIRE
III - ERNST
Quand on est archi-connu, que l’on est obtenteur depuis des décennies, que l’on a décroché une récompense importante, il est moins difficile de se faire apprécier des juges que si l’on est débutant. C’est ce que Richard Ernst a du se dire, au début, quand il a constaté que ses variétés ne récoltaient guère de médailles. Pourtant il profite d’être l’obtenteur officiel de la maison Cooley, qui est sans doute la plus importante affaire de commerce d’iris aux Etats-Unis. Avec une superficie de culture de près de 95 hectares et plus de 7 millions de plants, elle surpasse la maison Schreiner en chiffre d’affaire ! Comme cette dernière, elle commercialise chaque année une quinzaine de nouvelles variétés, mais celles-ci ne sont pas toutes des obtentions de Richard Ernst : Glen Corlew, Jim Gibson, Ben Hager et plusieurs autres donnent, ou donnaient, quelques unes de leurs variétés à vendre chez Cooley, ce qui leur assure une importante diffusion. Figurer dans le catalogue Cooley est donc une assurance de commercialisation importante. La théorie selon laquelle pour être jugé il faut être vu devrait s’appliquer aux produits vendus par Cooley’s Garden. Alors comment expliquer que, de tous les iris Ernst introduits avant 1991, il n’y en ait qu’un, AFTERNOON DELIGHT, qui ait été primé ? Certains, de cette génération, ont pourtant eu du succès à travers le monde. Ainsi QUIET RIOT (84), DEPTH OF FIELD (86), TACO SUPREME (87), ADOBE ROSE (88), TRACY TYRENE (88) ou ENVY (90) figurent-ils encore dans bien des catalogues européens. Pourtant aucune récompense n’est venue reconnaître leurs mérites ! Une rapide vérification permet cependant de constater que les iris Ernst sont peu présents dans les catalogues américains ! Les ventes de Cooley ne suffiraient-elles pas à assurer une diffusion suffisante ? Ce n’est pas inimaginable, c’est en tout cas un explication possible, qui répondrait au critère de commercialisation (n° 2).
Mais peut-être là interviennent les autres critères de choix. En ce qui concerne les iris de R. Ernst, peut-on invoquer les critères techniques (n° 1) ? A mon avis je ne vois pas pourquoi, tout au moins pour les variétés qui viennent d’être citées, pourtant j’ai entendu un confrère français de R. Ernst émettre des doutes à propos de la qualité de la tenue des fleurs… Cette opinion est-elle justifiée ? D’après moi elle ne l’est pas car je ne l’ai pas constatée sur les plantes que j’ai cultivées. Mai elle est peut-être répandue parmi les juges américains, ce qui ferait intervenir le critère de notoriété (n° 3).
A partir des introductions de 1991, le nombre des récompenses obtenues s’accroît peu à peu. Sept variétés de 91 ont obtenu au moins un HM. Et sur l’ensemble de la période considérée ce sont 24 variétés qui ont été récompensées. Les mieux classées ont été COMPETITIVE EDGE (91 – AM 95) et KNOCK 'EM DEAD (93 – AM 2000).On reste très loin cependant des scores obtenus par les deux obtenteurs dont les résultats ont été analysés précédemment ! Il me semble que ce ne sont pas les critères de qualité et de commercialisation qui interviennent dans ces résultats, pas plus non plus que ceux d’originalité. Il ne reste donc que celui de notoriété. Cela veut dire qu’auprès des juges américains, les produits Ernst n’ont pas bonne réputation. Pourquoi ? Mystère. Mais cette constatation laisse à penser que l’attribution des récompenses n’est pas toujours vraiment impartiale. Cela donne du poids à la remarque faite par Lawrence Ransom à la suite de l’attribution de la DM à MESMERIZER, qui laissait entendre que les juges avaient eu tort de donner cette distinction à cette variété qu’il considère comme ayant trop de défauts pour la mériter.
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