12.11.04

SANS PAREILS

Au cours du temps, sont apparus certains iris qui sont restés uniques en leur genre. Soit que les obtenteurs n’aient jamais réussi à reproduire leur modèle, soit que leur coloris reste exceptionnel, soit qu’ils présentent une forme, ou une disposition spécifique. C’est le cas des deux variétés dont il va être question, qui font partie de ces exceptions. L’un et l’autre se présentent avec une disposition des couleurs que personne n’a retrouvée par la suite.

I. COLOR CARNIVAL

Celui-ci commence déjà à dater ! Il a été enregistré par Fred DeForest en 1948. Malgré son âge certain il a continué de figurer jusque dans les années 80 dans certains catalogues comme celui de la maison Cayeux, en France. C’est là que je me le suis procuré, au tout début de ma collection. Il est toujours dans mon jardin, au rayon « antiquités », et il n’a rien perdu de son originalité.

COLOR CARNIVAL affiche son âge, avec des pièces florales très peu ondulées, des sépales un peu pendants, avec cette petite échancrure à l’extrémité de la ligne médiane propre aux iris anciens, et ces pétales qui, avec le temps, s’effondrent un peu vers le cœur de la fleur… Qu’importe. Son affaire c’est le coloris. Les pétales affichent un rose corail tendre, les sépales, plus ivoire que rose, sont finement veinés de violet améthyste, alors que les bords retrouvent la couleur du fond. La barbe, mandarine, anime joliment l’ensemble.

Bien des obtenteurs, intrigués et séduits par cette disposition des couleurs, ont tenté de la retrouver. Mais, à ma connaissance, COLOR CARNIVAL reste seul de son acabit. La variété qui en est la plus p^roche pourrait être CROWD PLEASER (B. Hamner 83) qui, dans une forme moderne, offre un coloris de base rose corail vif, avec de fines veinules violacées sur toute la surface des sépales. La base rose est bien présente, très agréable même, mais la richesse de la coloration des sépales n’y est pas. Quoi qu’il en soit, ce descendant de TOUCHE et de HEATHER BLUSH, est une variété au coloris original et tout à fait réussie. Au demeurant COLOR CARNIVAL n’a toujours pas été égalé !

II. HASH MARKS

Pour voir HASH MARKS (Schreiner 72) on peut aller au Parc de la Source, à Orléans, où il essaie de pousser au pied d’un des bâtons de mikado, dans cette exposition étrange et absurde où l’on tente de faire pousser des iris dans des corbeilles de fil de fer, au-dessus de la tête des visiteurs… Pourquoi parler de celui-ci ? Très simplement en raison de son modèle et de son coloris. Parce qu’il me semble être le seul ainsi coloré, dans un monde où les doublons sont innombrables.

Il se présente comme un iris de couleur caramel, avec sur les sépales des rayures brun-rouge, plus denses aux épaules et plus sombres sous les barbes, jaunes. Ce n’est ni un plicata (du moins, semble-t-il), ni un variegata, ni à proprement parler un « broken-color », mais quelque chose qui tient un peu de tout cela, bref un modèle d’exception. Par ailleurs la fleur affiche bien son âge. C’est un exemple de ce que les Américains appellent un iris historique. D’autant plus que, bien qu’enregistré par Schreiner en 72, son ascendance remonte très vite aux années 50, puis aux meilleurs des iris bruns, du temps où ces derniers n’avaient encore pas -ou peu- d’ondulations.

Ses grands parents du côté féminin s’appellent OLYMPIC TORCH (Schreiner 56) et HINDU WAND (Plough 57). Le premier présente des fleurs dans les tons d’orange brûlé. Il descend d’INCA CHIEF (Mitsch 52), lui-même issu du fameux TOBACCO ROAD (Kleinsorge 41), dont proviennent presque tous les bruns d’aujourd’hui. HINDU WAND, dans les tons de chamois mêlés de brun, descend lui aussi de TOBACCO ROAD, et de plusieurs autres bruns dont l’abricot cuivré CASCADE SPLENDOR (Kleinsorge 44) et l’ancien brun de Sass RAINBOW ROOM. Du côté paternel, HASH MARKS provient d’une autre lignée de bruns, via WENATCHEE KID (Noyd 57) et FIRECRACKER (Hall 43). On aurait du obtenir, avec ce pedigree, un iris brun comme bien d’autres. Ses cousins se nomment en effet HONEY CHIFFON, VITAFIRE, POST TIME, ALLAGLOW, ROYAL TRUMPETER, BRASILIA ou SPARTAN. Les balafres sang de bœuf qui veinent les sépales en font un iris inhabituel, vivement coloré. D’où viennent-elles ? Peut-être, mais cela n’est qu’une supposition, du côté paternel, puisque c’est le pollen d’un semis non dénommé et pas précisément désigné qui a fertilisé WENATCHEE KID. Pourquoi n’y aurait-il pas derrière cet ancêtre mystérieux quelque plicata ou variegata ?

Quoiqu’il en soit HASH MARKS, dont le nom bien peu poétique évoque ces pommes de terre sautées que l’on sert parfois au breakfast aux Etats-Unis, est une variété à forte personnalité, toujours unique, mais plus originale cependant que séduisante.

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