SIXTINE C.
Vrai ou faux plicata ?
SIXTINE C. (Cayeux 93) est un iris exceptionnel, tant par la qualité de la plante que par la beauté de sa fleur. C’est une variété qui a bien des points de ressemblance avec ses cousins, les fameux iris bleu blanc rouge qui ont émaillé la production Cayeux des années 90. Il s’agit de VIVE LA FRANCE (91), BAL MASQUÉ (91), REBECCA PERRET (92), MARBRE BLEU (93), tous frères, et de PARISIEN (94). Ces cinq là ont tous des pétales bien blancs, des sépales où le bleu (ou violet) domine avec néanmoins plus ou moins de blanc sous les barbes, lesquelles vont de l’orange vif au rouge minium. SIXTINE C. réunit les mêmes éléments, à ceci près que le bleu-indigo des sépales se présente sous forme d’ un fin réseau de veines et de pointillés devenant plus denses au fur et à mesure que l’on s’approche des bords. C’est à dire selon le principe du modèle plicata. Mais comment ces caractères sont-ils possibles chez une plante qui, a priori, n’a aucun plicata parmi ses antécédents ?
SIXTINE C. est un enfant de grand CONDOTTIERE (Cayeux 78), l’une des variétés les plus utilisées en hybridation au cours des années 80 et même plus tard, et du petit amoena DELPHI (Shoop 79). Derrière CONDOTTIERE il y a un autre produit Cayeux, le bleu-indigo à barbes rouges FALBALA (78), ainsi qu’un croisement entre TRITON (Julander 63) et un autre hybride non dénommé parmi les ancêtres de qui se trouve EMMA COOK (Cook 57), le prototype des iris blancs aux sépales entourés de bleu. On a beau chercher de ce côté là, aucun iris plicata ne figure dans les pedigrees. CAHMPAGNE MUSIC (Fay 64) à des pétales crème et des sépales mauves plus clairs sous les barbes mandarine ; PARISIAN BLUE (Schreiner 64) est un grand bleu uni ; CHRISTMAS TIME (Schreiner 65) est entièrement blanc, avec barbes minium ; TRITON est un autre bleu uni issu d’un bleu (HARBOR BLUE -Schreiner 54) et d’un amoena bleu, le fameux WHOLE CLOTH (Cook 57 – DM 62)…
Un quart des gènes de SIXTINE C. proviennent de son grand-père DELPHI. De ce côté là, l’investigateur de pedigrees va rester sur sa faim, car George Shoop, dans la description qu’il en a fait pour l’enregistrement s’est contenté de parler d’ « une longue lignée d’amoenas bleus remontant à WHOLE CLOTH ». Souvent, devant ce genre de problème, on se tourne vers « The World of Irises », la bible, qui a obtenu quelques précisions supplémentaires en interrogeant directement l’obtenteur ; mais ladite bible a été publiée en 1978, trop tôt pour comporter des renseignements sur une variété encore à l’état de semis. DELPHI conserve donc sa part de mystère. Celui-ci dissimule-t-il un ascendant plicata dont les traits auraient ressurgi quelques générations plus tard ? Il faudrait disposer des carnets de George Shoop pour en avoir le cœur net ! A défaut, il n’est que de se contenter de conjectures. Un examen attentif de la corolle de DELPHI, variété qui a fait partie pendant plusieurs années de ma collection personnelle, sera plus explicite que la description officielle de la variété : les pétales sont bien blancs, un peu crayeux ; la barbe est d’un bel orange mandarine ; les sépales, d’un bleu délavé, montrent sans aucune hésitation possible des veines et des petites taches plus foncées, qui finissent par ne plus faire qu’une couleur unie à un centimètre des bords. Souvenir d’un ancêtre plicata ? Phénomène naturel sur une partie de fleur au coloris non saturé ? Le doute subsiste, et se répercute sur SIXTINE C. qui ajoute cette coquetterie à la liste de ses charmes ! Pour ma part je suis assez porter à croire en la présence de gènes de plicata car les cousins de SIXTINE C., notamment MARBRE BLEU et PARISIEN présentent aussi des stries importantes qui peuvent laisser à croire que, décidément, il y a bien eu un ancêtre plicata dans leur lignage.
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