11.3.05

Agnes WHITING

L’un des grand iris les plus populaires, tout au moins jusqu’à la fin du XXeme siècle, fut sans doute BLUE RHYTHM (A. Whiting 45). Ce bleu parfait, à peine argenté, a été immédiatement reconnu comme un progrès considérable dans l’hybridation des bleus. Il fut aussitôt l’objet d’un engouement qui en a fait l’une des variétés les plus vendues au monde. Rencontré partout, BLUE RHYTHM a été honoré de deux prestigieuses récompenses, la President’s Cup puis, la même année 1950, la Dykes Medal ! Une telle reconnaissance suffirait à la gloire de n’importe quel iris, mais BLUE RHYTHM ne s’est pas arrêté là : il a pris place dans le « Top 100 » des iris aux Etats-Unis et y est resté pendant 18 ans !

Nous devons cet iris au talent d’Agnes Whiting, une élégante dame, mince et distinguée, qui connut la gloire au cours des années 40 et 50. Elle et son mari Charles étaient les heureux propriétaires de la pépinière Maple Valley Gardens, à Mapleton, dans l’Iowa, au pays des Indiens Sioux (Sioux City, sur le Missouri, est à 70 km au nord-ouest). Dans ce jardin qui faisait l’admiration de tous ceux, nombreux, qui s’y rendaient chaque année, elle a recherché la qualité et cultivé des variétés qui ont marqué leur époque et engendré une innombrable descendance qui compte au moins cinq vainqueurs de la DM.

BLUE RHYTHM a donné naissance à ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52 – DM 61), qui est à l’origine de WINTER OLYMPICS (O. Brown 63 – DM 67), et du célèbrissime WHOLE CLOTH (Cook 57 – DM 62). A partir de cette variété, forme de base de l’iris amoena, les obtenteurs du monde entier ont offert aux amateurs une kyrielle de fleurs, de toutes les couleurs, qui, par elles-même ou par leurs descendants, peuplent aujourd’hui nos jardins, DIPLOMACY (Keppel 65), LATIN LOVER (Shoop 69), MARGARITA (Schreiner 68), MISS INDIANA (Cook 61) ou le prolifique LILAC CHAMPAGNE (Hamblen 65). Mais là ne s’arrêtent pas les mérites d’Agnes Whiting.

En dehors de BLUE RHYTHM, elle a obtenu DAMASCUS (44), orange, et ROCKET (45) qui est longtemps resté un des jaune-orangé les plus brillants. GARDEN GLORY, une autre de ses obtentions, à la couleur grenat douce et veloutée, a donné naissance à une série de bruns célèbres comme CALDRON (Schreiner 57) et TALL CHIEF (DeForest 55). Par TALL CHIEF nous disposons de FRONTIER MARSHALL (Schreiner 65) ; par CALDRON nous avons connu BRASILIA (Schreiner 60), VELVET ROBE (Schreiner 60) ou GYPSY JEWELS (Schreiner 63). Ce cultivar a donné VITAFIRE (Schreiner 68), l’un des « rouges » les plus rouges, qui est lui-même à l’origine de POST TIME (Schreiner 71) et, par là, d’une foule de brun-rouge. ROCKET et GARDEN GLORY ont engendré TECHNICOLOR qui se trouve derrière GAI LURON (Cayeux 58) ou TOMECO (Suiter 59), l’autre parent de VITAFIRE.

A l’actif d’Agnes Whiting il faut ajouter une autre pierre angulaire qui se nomme PATHFINDER (46). On entre là dans le domaine des iris rose orchidée et donc des bicolores à base de rose et des fleurs mauves ou violet améthyste. A commencer par son descendant immédiat qui s’appelle MAYTIME (48), rose / mauve, et son « petit-fils » BROADWAY STAR (Schreiner 57), qui a été le point de départ des hybridations de l’ouzbek Adolf Volfovitch-Moler, du temps où il n’avait que cela à se mettre sous la dent. Mais PATHFINDER, ce n’est pas que cela. C’est surtout AMETHYST FLAME (Schreiner 57 – DM 63) et sa belle descendance, et MADEMOISELLE (Gaulter 58). A vrai dire, ce MADEMOISELLE est surtout intéressant parce qu’il a donné naissance à CLAUDIA RENE (Gaulter 63), la variété de base du travail de Joë Ghio, également fréquemment utilisée par d’autres comme O. Brown, B. Blyth ou R. Ernst.

Les autres obtentions d’Agnes Whiting n’ont pas eu le même intérêt ou le même succès, mais il faut quand même citer THREE OAKS (41) et VIOLET RHYTHM (47 ?), une variété dont tous ceux qui l’ont vue disent qu’elle constitue à elle seule un bouquet de fleur.

Pendant les années 40, faire le voyage de Mapleton était quelque chose d’indispensable, et pratiquement tous les hybrideurs de l’époque l’ont fait. Non seulement pour admirer les iris qui y étaient cultivés, mais aussi pour la beauté du jardin et, surtout, pour l e charme et l’hospitalité d’Agnes Whiting. Aussi ce fut un véritable choc quand le petit monde des iris a appris la disparition prématurée de cette autre grande dame des iris.

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