16.12.05


TELL MUHLESTEIN
des canaris et des iris

Son pays, c’était l’Utah, sa ville, Provo, au sud de Salt Lake City, sur la rive du lac Utah. C’était un homme généreux, ouvert aux autres et curieux de plein de choses. N’a-t-il pas été pianiste et compositeur avant de devenir éleveur de canaris, tout en s’adonnant avec passion à l’hybridation des iris ? Il a quitté ce monde en 1978, à 65 ans, ce qui est beaucoup trop tôt. Ceux qui l’ont connu, comme Melba Hamblen ou Les Peterson, ses voisins, ont tracé de lui un portrait où l’amitié le partageait avec l’admiration.

Tell Muhlestein en effet, qui avait commencé l’hybridation dès l’âge de 25 ans, a laissé une trace ineffaçable dans le monde des iris. Ses premiers enregistrements datent de 1945 et il n’a cessé de produire des variétés exceptionnelles jusqu’à la fin de sa vie. Il avait ouvert sa propre pépinière, Tell’s Iris Garden, à Orem, dans la banlieue de Salt Lake City. Il commercialisait lui-même ses produits et son catalogue présentait cette caractéristique de contenir des informations et des conseils de culture et d’hybridation marqués par son humour et son talent didactique. Il n’a jamais manqué quand il s’est agi de prendre des responsabilités au sein des sociétés iridophiles de sa région : il s’exprimait avec aisance et savait captiver ses auditoires.

Les premières variétés qui attirèrent sur lui le regard des iridophiles, furent sans aucun doute PINK FORMAL (49) et PARTY DRESS (50) deux iris roses, de ce rose qui porte sa marque. C’est en 1943, en visitant un jardin où poussaient tout un tas d’obtentions de David Hall, qu’il remarqua un semis, le 42-10, et qu’il prit la résolution de se consacrer aux iris roses. Les gens chez qui il était lui donnèrent du pollen de 42-10 ; Tell Muhlestein se procura également des rhizomes d’un autre rose fameux, SEASHELL (Loomis 40), et c’est de là que tout a commencé. A l’époque, les roses étaient ces roses légèrement bleutés que les américains appelaient les « flamingo pinks ». Muhlestein s’en fit le champion. En 1951, un enfant de PINK FORMAL, PINK FULFILLMENT, fit son apparition et devint un « must », à la base d’une foule de nouveaux iris roses à travers les Etats-Unis. Tout comme deux autres variétés très appréciées, JUNE MEREDITH (53) et PINK ENCHANTMENT (53) qui resta longtemps le rose le plus foncé. Un peu plus tard, un frère de semis de JUNE MEREDITH, JUNE’S SISTER (58), le bien nommé, fut largement utilisé par Melba Hamblen.

Cependant les roses ne furent pas les seules réussites de Tell Muhlestein. Au fil des ans, ses variétés furent de nombreuses fois à l’honneur. En 56 SWAN BALLET (53) (voir photo) reçut, à Florence, le Florin d’or, et continua sur sa lancée pour obtenir la Médaille de Dykes l’année suivante. Toujours à Florence, CREAM CREST termina second en 60, et en 62 UTAH VELVET (61) fut déclaré « meilleur rouge ».

Cependant la variété qui eut la plus grande diffusion, celle que l’on rencontre encore dans de nombreux jardins, se nomme JOYCE TERRY (74). Ce jaune aux pétales blancs nettement cernés de jaune, est considéré par tout le monde comme la variété emblématique de son modèle. Ajoutons à ce florilège le violet UTAH VALLEY (58), très prisé en Amérique, le grenat mêlé MARTEL (62), et l’un de ses derniers, le remontant SECOND LOOK (70), dans les tons de pêche, comme son ancêtre JUNE’S SISTER.

Pour qualifier Tell Muhlestein, Melba Hamblen, son amie, cite ce dicton bien connus là-bas :
« On attire les amis par les qualités qu’on montre ;
on les retient par les qualités qu’on possède. »
C’est sûrement sur ces mots qu’il faut terminer le portrait d’un grand homme des iris.

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