2.6.06


LE COMPAGNON DES IRIS
Scleranthus annuus

Dans le dernier numéro du Bulletin de l’AIS (N° 341), Donald Spoon, scientifique et iridologue, publie un long article sur une petite plante annuelle, Scleranthus annuus, dont il vante les mérites comme compagnon des grands iris, en tant que couvre-sol. En voici quelques extraits :

« Les principales raison du paillage des planches d’iris sont d’éviter la germination et la pousse des mauvaises herbes, de maintenir l’humidité du sol, d’ajouter des engrais et amendements, de réduire l’érosion par la pluie et le vent, et d’amoindrir les dommages causés par le gel. J’ai essayé plusieurs sortes de paillage : les aiguilles de pin, les morceaux d’écorce de pin, d’autres sortes de copeaux, le bois broyé plus ou moins finement, les feuilles décomposées, les résidus de tonte de pelouse et le sable à béton. Chacun de ces paillages a ses avantages et ses inconvénients, et il peuvent se montrer coûteux et donner un certain mal pour les répandre correctement. Ce serait bien si on avait un paillage vert et vivant, qui formerait un couvre-sol épais et agréable à l’œil, qui se ressèmerait tout seul, qui protègerait des mauvaises herbes et n’intéresserait aucun animal. Idéalement il devrait ne pas trop entrer en compétition avec les iris et leur permettre de fleurir librement.

Je crois que j’ai trouvé une telle plante. Il s’agit de Scleranthus annuus L (voir photo). C’est une espèce de mousse un peu bleue avec des fleurs vertes, qui forme un tapis de 5 cm de haut. Sa couleur vert-bleu est assez semblable à celle des iris. Les fleurs se dressent en panicule, avec calice long de 4-5 mm, glabre, à 5 sépales dressés, atténués en pointe aiguë, à très étroite bordure scarieuse ; il n’y a pas de corolle et ces fleurs n’ont pas d’odeur. Chaque fleur produit une seule graine.

Scleranthus annuus (qui se nomme en français gnavelle annuelle – NDT - ) est une plante coriace et aussi résistante à la sécheresse que les iris. (…) La plus grande partie des graines germe à la fin de l’été, après les premières pluies, produisant des plantes qui vont passer tout l’hiver avant de fleurir au printemps ou au début de l’été suivant comme des bisannuelles telles que les digitales. Les petites plantules (…) sont si résistantes, avec une cuticule imperméable, qu’elles peuvent survivre à des semaines de sécheresse avant de reprendre leur croissance dès que la pluie recommence. (…) Les oiseaux ne mangent pas et ne dispersent pas les graines qui s’étalent par milliers sur le sol, et ces graines qui couvrent le sol empêchent celles des autres herbes de germer. (…) Relativement lourdes, elles ne sont pas disséminées par le vent et restent à proximité de l’emplacement de leurs parents. Elles germent avant les autres et elles forment un tapis dense et imbriqué qui ne laisse pas aux autres graines l’espace et la lumière pour germer. Ainsi, une planche dont vous enlevez les scléranthes laissent un terrain où il n’y a presque plus rien. (…)

Le scléranthe fait partie de la famille des Caryophyllacées, celle des œillets, et pousse un peu comme un coussin d’œillets nains, mais avec de branches plus lâches, qui laissent passer l’air jusqu’aux rhizomes d’iris poussant sous le tapis. Ses minces racines ne se développent qu’au centre du coussin. A chaque nœuds des fines tiges apparaissent qui partent des feuilles opposées, linéaires, sans stipules. (…). Le scléranthe pousse le mieux dans un sol frais et sablonneux, mais s’accommode en fait de tous types de sols. Sans compétition, un seul pied peut atteindre un diamètre de 50 cm, cependant la tige centrale n’atteint que 5cm, et les racines forment une boule de la taille d’une petite orange. L’épaisseur du tapis dépasse rarement les 5 cm parce que les tiges sont très courtes. (…)

Le scléranthe n’a pas de poils, ni sur les tiges, ni sur les feuilles, ni sur les fleurs ; cependant il est capable, tout comme la surface cireuse des feuilles d’iris, de provoquer la condensation de la rosée. La nuit, en été, vous pouvez poser la main sur le tapis de scléranthe et constater qu’il est trempé de rosée. Le matin, quand le soleil efface l’humidité, c’est la dernière plante à s’assécher. Il est possible que le tapis de scléranthe accroisse la fraîcheur de la planche d’iris grâce à son extraordinaire aptitude à capturer la rosée. Il est possible que, comme l’orchidée, il puisse se nourrir par les feuilles couvertes de gouttelettes, ce qui expliquerait le peu d’importance du réseau radiculaire. Ce système radiculaire en surface crée un minimum de compétition avec les racines, plus profondes, de l’iris.

Les tiges minces peuvent être cassées, ce qui ne provoque qu’une blessure minimale, de sorte que l’on peut tailler le tapis comme l’on veut autour des touffes d’iris. Dans les allées, le scléranthe est coupé par la tondeuse sans que la plante ne soit arrachée. C’est ce qui explique que dans les plate-bandes, il faut faire un petit effort pour l’enlever. Le scléranthe réduit l’évaporation, c’est ainsi que les herbes qui peuvent malgré tout pousser dans le sol humide sont faciles à déterrer. De même les vers et les insectes nettoyeurs qui vivent dans le sol sous le tapis de scléranthe peuvent mieux détruire les feuilles mortes, les fleurs tombées et les autres débris, facilitant les inévitables nettoyages manuels d’automne ou de printemps. (…) En hiver la neige fond d’abord sur les planches avec scléranthe. Les pieds de scléranthe qui germent et poussent dans les allées sont facilement enlevés à la houe. (…)

Les scléranthes poussent mieux en exposition ensoleillée, mais ils peuvent survivre à l’ombre. C’est une plante remarquablement rustique qui reste verte l’hiver et continue de pousser sous la neige si celle-ci n’est ni trop épaisse ni trop gelée. Au printemps, le scléranthe développe un feuillage luxuriant, vert émeraude, qui crée un bon arrière-plan pour les photos d’iris. Fin juin, quand cessent les pluies de printemps, le scléranthe commence à jaunir, et en juillet il forme un tapis brun qui continue d’empêcher la germination des herbes. A ce moment, alors qu’on a du travail dans les plate-bandes pour diviser les touffes ou effectuer des transplantations, il n’y a plus que des graines de scléranthe et une couverture de plante sèche. Le meilleur moment pour l’enlever, c’est quand le gros des graines commence à tomber. Les tapis secs s’enlèvent très facilement et peuvent être placés sur du journal pour recueillir les graines et, éventuellement les ressemer ailleurs. (…) Pour semer, il suffit de répandre les graines au sol, il n’est pas nécessaire de les enterrer. Les graines qui restent peuvent germer à la fin de l’automne et au début du printemps. Elles viennent épaissir les tapis existants et faire qu’ils soient au mieux au moment de la saison des iris. Les pieds de scléranthe bien développés peuvent être transplantés tout au long de l’année.

Le tapis de scléranthe non seulement protège de l’érosion par le vent, mais aussi réduit le ruissellement de l’eau sur les plate-bandes d’iris en croissance. Le tapis est si raide et bien protégé par sa cuticule qu’on peut répandre dessus impunément les engrais en granulés, qui se dissoudront ensuite dans le sol humide. (…) Le scléranthe, suffisamment engraissé créera un minimum de gêne aux racines plus profondes des iris. On ne constate aucune différence dans le nombre, la hauteur et la quantité de boutons entre les touffes avec ou sans accompagnement de scléranthe.

Une autre caractéristique du tapis de scléranthe est que l’on peut marcher dessus avec un minimum de dommage. Après avoir marché dans le massif, il suffit de donner un petit coup de main sur le tapis pour effacer les traces de pas. (…) Un passage occasionnel dans la plate-bande pour effectuer des croisements ou des photos n’a que peu d’effet sur le tapis de scléranthe. (…)

On peut encore réduire la charge de travail en laissant en place les scléranthes secs. Les graines germeront dessous. Par la suite on peut ôter délicatement les scléranthes, et les mauvaises herbes fraîchement germées viendront avec. C’est le plus important pour maintenir le tapis de scléranthe d’année en année. (…)

Selon mon expérience, le scléranthe n’est pas consommé par les animaux (…) Je n’ai jamais constaté qu’un animal ait brouté les scléranthes, ni les racines, ni les tiges, ni les feuilles ni les grappes de fleurs. C’est probablement du à la production d’un composé chimique amer et répulsif analogue aux alcaloïdes que l’on trouve dans les plantes d’iris. (…) D’ailleurs le scléranthe est utilisé en herboristerie pour soigner la dépression et différents troubles nerveux. (…)

Je crois qu’avec Scleranthus annuus j’ai trouvé le compagnon parfait des iris. Du moins chez moi. Mais qu’en est-il ailleurs et sur un sol différent ? Maintenant il me semble que le scléranthe n’est plus à considérer comme une mauvaise herbe, parce qu’il a trouvé une place utile au jardin. Il devrait être largement utilisé en compagnie des plantes ornementales aussi bien qu’avec les plantes potagères. »

1 commentaire:

Lisa a dit…

Bonjour Sylvain,
Où peut-on trouver des graines de cette plante ? 7 ans après ce post, est-ce que tu l'utilises toujours, et es-tu satisfait des résultats ?