23.9.06


AFTERNOON DELIGHT

Les grands hybrideurs ont souvent une variété fétiche, qu’ils utilisent à tour de bras pour leurs croisements. Longtemps Keith Keppel s’est servi d’APRIL MELODY (Gibson 67) avec lequel il a obtenu une vingtaine de cultivars. Pour Joë Ghio, ce serait plutôt CLAUDIA RENE (Gaulter 63), avec le même nombre de rejetons. Pour Richard Ernst, il s’agit d’AFTERNOON DELIGHT (Ernst 85), une de ses toutes premières obtentions, qu’il a croisé dans les deux sens avec plusieurs autres variétés dont, principalement, IRENE NELSON (Jones 75), RINGO (Shoop 79), EDNA’S WISH (Gibson 83) ou CRANBERRY ICE (Schreiner 76).

Il est curieux de constater que cet AFTERNOON DELIGHT n’a pas inspiré les autres hybrideurs en dehors de Tom Burseen qui en a fait, lui, un usage modéré. Mais Ernst y a vu un géniteur intéressant et il en a obtenu des variétés de premier ordre qui constituent son fond de catalogue.

AFTERNOON DELIGHT présente la particularité d’être ce que l’on peut imaginer qu’on va obtenir en croisant deux variétés : on y retrouve parfaitement les traits de la famille de chacun de ses parents. Il a pour pedigree (Countryman x Outreach) X (Mary Frances x Lombardy). On peut dire qu’il tient ses pétales du groupe (Countryman x Outreach), et ses sépales de la paire (Mary Frances x Lombardy). Sa description peut se résumer à : pétales miel entourés de mauve, sépales mauve entourés de miel, barbes jaunes (voir photo) ; un effet miroir qui n’est pas très fréquent. COUNTRYMAN comme OUTREACH sont des iris jaunes ; MARY FRANCES et LOMBARDY sont dans les tons mauves et violacés. On ne sait pas grand chose de la famille de COUNTRYMAN (Gaulter 75), sinon qu’on y trouve NOB HILL (Gaulter 63), MAY MELODY (Hamblen 65), RAINBOW GOLD (Plough 59), ROYAL GOLD (Hamblen 66) et WEST COAST (Knopf 68). Tous sont des iris jaunes. D’OUTREACH (Jeannette Nelson 71), les grands-parents sont RAINBOW GOLD, HOMECOMING (J. Nelson 60), CALL ME MADAM (J. Nelson 56) et HUDSON BAY (Plough 57). En dehors de RAINBOW GOLD, tous les autres sont dans les tons de rose orchidée, abricot, bruyère ou magenta. En mélangeant ces ingrédients, on peut imaginer que l’on va obtenir un ton jaune orangé nuancé de rose, pourquoi pas un jaune miel ? Et avec HUDSON BAY, on a apporté l’effet de cerne ou de liseré.

On ne présente plus MARY FRANCES (Gaulter 73 – DM 79), qui est une des variétés les plus populaires, d’un mauve doux particulièrement plaisant. LOMBARDY (Gaulter 76) n’a pas la même notoriété, mais pour ce qui est du coloris, on reste dans le mauve, lequel provient, d’un côté de MARIE PHILLIPS (Muhlestein 63) et GRACELINE (Buss 56), de l’autre de SAN LEANDRO (Gaulter 68) et RIPPLING WATERS (Fay 61 – DM 66). Voilà de quoi fabriquer des sépales mauves !

Avec une ascendance où l’on rencontre beaucoup de beau monde, il était à prévoir qu’AFTERNOON DELIGHT pourrait être un bon parent. Richard Ernst, qui a été très fier de son travail, en a profité. Entre 1990 et maintenant, je lui compte quarante-six enregistrements à base d’AFTERNOON DELIGHT ! Sans compter les descendants indirects comme le très remarqué bicolor inversé TAUGHT BY MASTERS (2002), qui est un produit de LIVING RIGHT (91), que l’on peut qualifier, lui, de néglecta inversé !

Croisé avec l’autre variété vedette de Rick Ernst, le rose saumon EDNA’S WISH (Gibson 83), AFTERNOON DELIGHT a donné des iris époustouflants qui devraient contribuer à assurer à leur obtenteur la reconnaissance des juges qui lui a quelque peu manqué jusqu’à maintenant. Il s’agit d’amoenas ou de bicolors inversés comme ICECREAM TREAT (96), DANDY CANDY (2001), BOLD EXPRESSION (2003), STRANGE SENSATION (2004), SWEET BALLERINA (2004) et FINISHING SCHOOL(2005).

En décidant d’utiliser pleinement AFTERNOON DELIGHT, Ernst n’a sûrement pas fait le mauvais choix. Il est arrivé aujourd’hui à une maîtrise des couleurs inversées qui mérite que nous lui tirions notre chapeau.

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