23.3.07




ARTISTES DU BOUT DU MONDE

Cette fois, nos biographies ne vont pas concerner des personnages disparus, mais au contraire deux hybrideurs bien vivants qui, de la lointaine Australie, nous offrent chaque année des fleurs admirables.

Graeme Grosvenor

Cet Australien bon teint, qui est né et a toujours vécu à Sydney, va avoir 71 ans. Sa carrière professionnelle a été celle d’un professeur de mathématiques, avant qu’il ne se consacre entièrement à son violon d’Ingres, les iris. En 1970 il a ouvert une pépinière, en compagnie de son beau-frère John Taylor, maître incontesté des iris de Louisiane. Depuis 2002 il a pris une seconde retraite, laissant à sa fille et son gendre la Maison Rainbow Ridge Nursery.

Son premier iris enregistré a été ‘Rellie’, un iris blanc à barbes rouges, qui a tout de suite attiré l’attention des amateurs dans un pays où l’on sait ce que bel iris veut dire. C’était en 1978. Ce premier succès a encouragé notre prof de math à continuer, et il est allé de réussite en réussite. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à consulter son palmarès. Depuis 1985 que la Médaille de Dykes Australasienne a été instituée, huit de ses iris l’ont emportée : ‘First Movement (90) en 92, en corail à barbes saumon, ‘Temptone’ (93) en 95, un grand iris pourpre, ‘Hills District’ (95) en 96, un beau dégradé d’orange à barbes rouges, ‘Ribands’ (93) en 98, rose, plus clair sous les barbes rouges, ‘Move On’ (93) en 99, dans le rare coloris d’abricot, ‘Lavender Park’ (99) (voir photo) en 2000, ‘Helen Dawn’ (98) en 2002 et ‘Jayceetee’ (2001) en 2005, tous les deux entièrement blancs. Ajoutez les trois ISA Medals (celles qui récompensent un grand iris quand c’est un iris différent qui remporte la DM) : ‘Azure Angel’ (94) en 96, bitone bleu à barbes blanches, ‘Eidolia’ (93) en 2001, bleu marine, et ‘Second Option’ (99) en 2006, autre bleu bitone. Mais cela n’est pas tout, car à Florence, ce championnat du monde des iris, Grosvenor a été couronné deux fois : ‘Helen Dawn’ (98) en 98, et ‘Pay the Price’ (2004) en 2003. Ce dernier est un délicat plicata façon ‘Spinning Wheel’.

Sur un total de près de 80 variétés de grands iris enregistrées, il y en a quelques autres qui méritent d’être cités : par exemple ‘New Tune’ (93), en bleu à barbes jaunes, ‘High Roller’ (96), d’une étrange couleur bois de rose, ‘Jim Frazier’ (97), bleu lavande marbré, comme son « père » ‘Timescape’, nommé en hommage au photographe, ami de Grosvenor, ou ‘Sydney’ (98), remarquable bleu marine, apprécié lui-aussi à Florence en 98.

Graeme Grosvenor n’est pas seulement mathématicien et hybrideur d’iris ; c’est aussi un passionné de musique et de littérature, et un photographe averti. Et n’oublions pas les quatre livres sur les iris qu’il a écrits et dont le dernier, « Iris, Flower of the Rainbow », figure dans la bibliothèque de tous les fans d’iris.

Barry Blyth

Le plus connu des hybrideurs d’Australie, c’est sans conteste Barry Blyth. Issu d’une famille d’horticulteurs originaires d’Angleterre et émigrés en Australie dans l’État de Victoria, peu après 1900, il a été bercé dans la culture des iris dès sa naissance, puisque ses parents se sont lancés dans cette production dès la fin de la seconde guerre mondiale, et son père, Charles Blyth, a enregistré un grand nombre de ses hybridations jusqu’en 1975. Il a fait des études supérieures d’horticulture, avant de venir en Grande Bretagne compléter sa formation. Au moment où ses parents se sont retirés, il a créé sa propre entreprise, Tempo Two, mais il avait dès 1964 commencé à hybrider. C’est en famille qu’à son tour il a entrepris ce qui restera un colossal travail de recherche et d’hybridation. Il s’intéresse non seulement aux grands iris, mais aussi aux autres barbus tout comme aux spurias et aux iris de Sibérie. Chaque année il propose un vaste choix de variétés nouvelles, de sorte qu’aujourd’hui, au moment où il va céder son entreprise (sans pour autant abandonner l’hybridation), il est à la tête de plus de 600 variétés enregistrées.

Son domaine de prédilection, ce sont les iris bicolores ; son but primordial : obtenir un amoena rose parfait. Il ne s’estime toujours pas parvenu à ce sommet. Mais en route il a obtenu toutes sortes d’autres associations de couleur, dont certaines sont d’incontestables réussites, et un grand nombre d’unicolores excellents.

Certaines de ses obtentions ont acquis une renommée mondiale. Mais dans une production aussi abondante il n’est pas facile de ne retenir qu’une poignée fleurs. On peut commencer par ‘Cabaret Royale’ (76), que tout le monde connaît. De même, dans le domaine qui est le défi principal de Barry Blyth, l’amoena blanc/rose, on peut retenir ‘Lisa Ann’ (77) qui est un des premiers jalons. En rose et noir, ‘In Tempo’ (74) n’est pas mal non plus. Et ‘Sostenique’ (75), en abricot et mauve véronique est également intéressant. C’est par ailleurs la seule obtention de Blyth qui ait obtenu une récompense majeure, en l’occurrence la Médaille de Dykes d’Australasie, en 86. Une compétition à la portée d’un obtenteur aussi talentueux serait le Concours de Florence. Il y a d’ailleurs envoyé souvent des variétés, mais il n’a jamais emporté la victoire. Notons les place d’honneur décrochées par ‘Cameo Wine’ (82) en 85, ‘Knighted’ (87) en 95 et ‘Hostess Royale’ (94) en 97. En 2005, à FRANCIRIS ®, c’est le plicata ‘Pretty Edgy’ (voir photo) qui s’est fait remarquer.

Personnellement j’ai une attention particulière pour les amoenas ‘Beach Girl’ (83), blanc/orange, ‘Neutron Dance’ (87), blanc/ jaune, et son inverse ‘Alpine Region’ (96). Mais ceux que je préfère, paradoxalement, sont des iris monochromes comme ‘Rembrandt Magic’ (92), en brun café, ou ‘Katie Pie’ (98), en rose dragée. Mais il faut compter aussi sur les iris richement colorés comme ‘Copatonic’ (94) ou ‘Swain’ (89).

Evidemment, tout ceci est bien subjectif. Mais avec un champion des iris comme Barry Blyth, tout choix pose problème.

Maintenant Barry Blyth se retire. Tempo Two change de propriétaire. Les iris restent. Pendant longtemps encore, espérons-le, nous viendront d’Australie des nouveautés chaque année plus élaborées. L’héritage du bout du monde n’est pas près d’être épuisé.

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