15.2.08




COMMENT TU T’APPELLES ?

Tous les obtenteurs vous le diront, c’est bien délicat de donner un nom à un iris.

La première difficulté, c’est de s’arrêter sur un nom qui ait une signification, soit en lien avec une caractéristique de la fleur, ou soit en hommage à un événement ou une personne. Ce nom va correspondre à la sensibilité de son inventeur, à son souci d’originalité, à son désir de nouveauté ou d’élégance. Il faut un nom évocateur, joli, qui ne rebute pas l’acheteur éventuel (comment espérer qu’un iris baptisé ‘Bordello’ puisse faire carrière en France ?).

La seconde réside dans le fait qu’une infinité de noms ont déjà été attribués, depuis que l’on baptise des iris, c’est à dire, environ, depuis les années 1880. En trouver un qui ne soit pas déjà porté, peut se révéler tortueux. C’est d’ailleurs pourquoi l’on demande, au moment de l’inscription, de proposer plusieurs noms. Le « registrar » vérifiera si le premier nom choisi n’a pas déjà un titulaire, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il découvre un nom toujours libre. Si jamais on tient particulièrement à un nom déjà donné, il faut s’assurer que la variété qui le porte, ou l’a porté, n’est pas devenue obsolète, soit qu’elle ait disparu, soit qu’elle ait été retirée du commerce par son obtenteur. Autant dire qu’il faut une belle chance pour obtenir toutes les assurances nécessaires.

La troisième est liée aux interdictions formulées par le Code International de Nomenclature des Plantes Cultivées. A l’heure actuelle elles sont au nombre de onze !!
Sont ainsi interdits :
Les noms de personnes vivantes (sauf si celles-ci ont donné un consentement écrit), et ceux des personnes décédées depuis moins de 10 ans (sauf avec l’autorisation des ayant-droit) ;
Les noms en forme d’adresse (par exemple commençant par Madame ou Mademoiselle) dans quelque langue que ce soit ;
Les noms contenant des chiffres, des symboles , des signes de ponctuation ou des abréviations ;
Les noms commençant par un article ( en quelque langue que ce soit) sauf si cette forme d’expression est requise dans la langue utilisée ;
Les noms en latin ou dans une forme latinisée ;
les faibles variations d’un nom déjà donné ;
Les noms de plus de quatre mots ou trente lettres ;
Les noms contenant les mots « iris » ou « flag », de même que ceux se référant à une espèce botanique ou composés à partir d’un de ces noms ;
Les noms contenant le nom propre de l’hybrideur ;
Les noms excessivement laudatifs, ou qui peuvent devenir inappropriés, et ceux qui ne contiennent que des adjectifs ou qui constituent une simple description ;
La simple traduction d’un nom exprimé dans une autre langue.

L’énoncé précédent peut aboutir à un véritable casse-tête. Pas tellement pour celui qui choisit le nom, mais surtout pour celui qui doit l’entériner.

Le « registrar » de l’AIS avait la vie belle du temps ou les noms étaient exprimés essentiellement en anglais et en français, mais il a de quoi s’arracher les cheveux maintenant qu’on trouve des noms dans un grand nombre de langues (allemand, italien, tchèque, slovaque, slovène, polonais, russe, ukrainien, japonais, et même breton ou esperanto !). Les règles 2, 4 10 et 11 notamment exigeraient du « regsitrar » une connaissance de tous les langages du monde ! Mission impossible (1).

L’actuel « registrar » a choisi de ne tenir compte que d’une seule chose : que deux noms ne comportent pas les mêmes lettres, dans le même ordre ! Sans aucune référence au sens des mots ou à la signification du nom ! C’est une absurdité absolue qui a déjà provoqué des frictions et qui entraînera immanquablement des abus et des confusions. Il y a pourtant une solution bien simple, si l’on ne veut pas que les noms d’iris reconstituent les problèmes de la tour de Babel : que chaque nom, en plus de la langue dans laquelle il est exprimé, soit suivi de sa traduction en anglais. J’ai fait cette suggestion à l’AIS, qui l’a examinée lors de sa dernière réunion du Conseil d’Administration. Mais elle a été rejetée, sans réel débat, ce qui est navrant. Il faudra faire de nouvelles propositions, plus argumentées sans doute. Il faudrait surtout qu’un locuteur anglais ou américain veuille bien se charger du dossier et aille le défendre devant le staff de l’AIS. Ne désespérons pas, cela viendra un jour. Mais il y a urgence, si l’on ne veut pas qu’une confusion calamiteuse s’installe dans les noms d’iris.

(1) exemples d’entorses déjà remarquées à la règle n° 11 :
- ‘Mystérieux’ (Cayeux 2003) et ‘Mysterious’ (Schreiner 74)
- ‘Ravissant’ (Cayeux 2005) et ‘Ravishing’ (Miller 93)
- ‘Starlette Rose’ (Cayeux 96) et ‘Pink Starlet’ (Wood 93).

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