28.11.08




NAINS MINIATURES : DES IRIS XS

Ce sont les plus petits des iris barbus. En anglais on parle de MDB (Miniature Dwarf Bearded) et en français d’iris barbus nains miniatures. Les critères du groupe sont les suivants :
- hauteur de floraison inférieure à 21 cm ;
- fleurs de 5 à 7.5 cm de diamètre ;
- hampe florale ne comportant pas de branches ;
- feuillage plus court que la hampe florale.

Les iris que l’on trouve actuellement dérivent d’un panel de dix-sept espèces croisées et recroisées depuis de nombreuses générations. La plupart des ces espèces ne présentent guère d’intérêt mais il en est trois qui méritent d’être décrites.

Iris chamaeiris est une petite plante qui varie entre 8 et 20 cm de haut et qui est originaire de notre pays. Mais elle se trouve aussi en Italie, en Suisse et en Espagne. C’est une espèce absolument rustique, facile à cultiver et qui pousse vigoureusement. Elle convient parfaitement à une rocaille où elle rencontrera les conditions qui lui conviennent : sol bien drainé et espace ensoleillé. On en trouve de plusieurs coloris, le plus souvent violet, gris-bleu, jaune ou blanc. L’idée de l’utiliser en croisements et dès 1914, en France Armand Millet introduisait des hybrides baptisés ‘Marocain’ et ‘Negus’. Peu après, en 1920, c’est son confrère Charles André qui a proposé deux variétés fort connues et toujours régulièrement cultivées : ‘Lieutenant de Chavagnac’ et ‘Jean Siret’, qui ont l’avantage de remonter. Ce fut ensuite au tour des obtenteurs des Etats-Unis de se lancer dans les croisements de chamaeiris, notamment Walter Welch et les frères Sass. Mais les Anglais – Carpane – et les Allemands – Goes & Koeneman – n’étaient pas en reste.

Une autre espèce importante, et même fondamentale, est I. pumila. C’est le plus petit iris de la bande. Il ne mesure qu’entre 2 et 10 cm de hauteur. C’est une espèce que l’on rencontre dans toute l’Europe de l’Est et jusqu’en Russie. Du fait de cette vaste distribution, elle est très variable tant dans sa forme que dans sa taille, ses coloris et bien d’autres traits. Mais il y a une constante, c’est le fait qu’elle ne porte qu’une seule tige florale, sans branchement. Elle fleurit tôt en saison, dès le début du printemps. Ces fleurs, plutôt grosses pour sa taille, on un aspect soyeux particulièrement joli, le plus souvent dans des tons tournant autour du violet. Mais on trouve de forme dans les types variegata, amoena ou bicolore. Et si la couleur dominante des barbes est le jaune, il y en a dans de nombreux coloris. Cette espèce à eu une influence prépondérante dans le développement des MDB, mais aussi dans celui des autres groupes d’iris nains, SDB et IB. Pourtant jusque dans les années 40 l’Iris pumila était pratiquement ignoré. Ce sont Robert Schreiner, puis Paul Cook, qui se sont aperçus de ces énormes possibilités et ont commencé à les exploiter. Surtout, ils se sont rendu compte que I. pumila avait la capacité de transférer les gènes des grands iris tétraploïdes aux petits iris nains. Par la suite, dans les années 50, des études ont montré qu’il porte quatre séries de huit chromosomes, ce qui lui confère ce pouvoir de transmission, comme le décrit très bien Richard Cayeux dans son ouvrage « L’Iris, une fleur royale ».

Ne passons pas sous silence le rôle de I. reichenbachii dans l’hybridation des MDB. Cette espèce des Balkans, plus grande que les deux autres et dans la couleur dominante de jaune, fleurit un peu après les pumilas ; elle porte habituellement deux fleurs par hampe. Surtout son intérêt est dans le port du gène qui permet d’inhiber la couleur dans les pétales des plantes où elle apparaît, ce qui permet de varier énormément les couleurs des hybrides.

Ces espèces, et les autres, ont donné naissance à un groupe de plantes naines, quelquefois même minuscules, mais très agréables et variées. Aussi agréables, au printemps, que peuvent l’être, en automne, les cyclamens qui égaient nos pelouses. Ils donnent d’ailleurs la même impression, celle de plantes vigoureuses qui se développent en larges touffes rases, couvertes de fleurs multicolores. Ces indéniables qualités ne font pas pour autant leur succès commercial. Car il faut préciser que ce n’est pas la catégorie qui attire le plus ni les amateurs ni les hybrideurs ! Dans les cinq dernières années le nombre de nouvelles variétés enregistrées a été de 15 en 2003, 17 en 2004, 11 en 2005, 7 en 2006 et 14 en 2007. Soit à peu près 1% l’an du nombre total des variétés enregistrées… Nous sommes donc là dans le domaine du confidentiel.

Après Walter Welch (1) dans les années 50, c’est Ben Hager, dans les années 70/80 qui a porté le plus d’intérêt aux MDB. ‘Prodigy’ (73) est un bleu lavande rosé, ondulé, très agréable ; ‘Ditto’ (81) est un bicolore blanc/acajou. De nos jours les obtenteurs de MDB les plus connus s’appellent T. Aitken, P. Black, Ch. Chapman, T. Johnson, B. Kasperek, G. Sutton ou A & D. Willott. Des iris comme ‘Tiny Titan’ (Aitken 2002), en orange un peu rosé, ‘Tickle Me’ (Chapman 98), rose corail intense, ‘Mighty Mouse’ (G. Sutton 2003), chartreuse et bleu ciel, ‘Little Drummer Boy’ (Willott 97), blanc avec spot violet sur les sépales, ou ‘Wee Viking’ (Willott 2004), blanc et spot grenat avec de grosses barbes bleu ciel, devraient retenir notre attention. Mais il faut aller les chercher dans leur pays d’origine parce que chez nous personne ne les propose à la vente. Heureusement que l’on peut profiter des très originales obtentions de Lawrence Ransom et de Jean Peyrard, les seules commercialisées en France. ‘Passion Bleue’ (Peyrard 95) apporte au jardin une note fraîche tout à fait plaisante. Quant à ‘Enfant Terrible’ (Ransom 2008), en violet améthyste, il ajoute des éperons surprenants dans ce genre de fleurs.

(1) Qui partage depuis 1984 avec le Britannique William-John Carpane le nom de baptême de la médaille spécifique attribuée chaque année à un MDB, la Carpane-Welch Medal. Pour les cinq dernières années, voici les lauréats de cette distinction :
2004 = ‘Dinky Circus’ (P. Black 98) – plicata pourpre
2005 = ‘Little Drummer Boy’ (Willott 97) – voir ci-dessus
2006 = ‘African Wine’ (Kasperek 98) – grenat
2007 = ‘Wise’ (T. Johnson 2000) – violet foncé
2008 = ‘Yak Attack’ (Kasperek 97) – blanc, spot jaune sur sépales

1 commentaire:

Jean a dit…

actuellement ce sontles derivés d'iris pumila qui sont préférés. On préfere utiliser le terme de lutescens à la place de chamaeiris.
J'ai un orangé en observation chez Lawrence, et en multiplication car ma touffe a pourri enregistré sous le nom d'Erwan.