20.11.09












LE FACTEUR DE LITTLE ROCK
Henry Rowlan

C’est amusant de constater combien d’hybrideurs américains ont travaillé à la Poste ! Celui d’aujourd’hui fait partie des postiers amateurs d’iris, comme Bennett Jones, Jim Gibson et quelques autres. Il a travaillé 37 ans au US Postal Service, essentiellement comme ambulant, c'est-à-dire convoyeur du courrier dans les trains de nuit, avant de terminer comme facteur rural. Auparavant, comme la plupart des hommes de sa génération, il a servi dans l’armée, pendant la deuxième guerre mondiale, puis pendant la guerre de Corée, en qualité de navigant mécanicien dans l’US Air Force, accumulant plus de 13000 heures de vol, et plusieurs fois décoré pour son courage.

Il habitait à Little Rock, dans l’Arkansas (une ville qui abrita en 1957/58 l’un des épisodes les plus emblématiques de la lutte des noirs pour les droits civiques, en particulier leur libre accès aux écoles publiques). C’est en 1952 qu’un ami lui donna quelques grands iris, et c’est de là qu’est partie sa carrière d’hybrideur. Une carrière qui lui valu deux Mary Swords DeBaillon Medals (la plus haute récompense pour les iris de Louisiane) et quelques autres distinctions de moindre importance.

Il s’est lancé rapidement dans l’hybridation, mais ce n’est que dans les années 70 qu’il a commencé à enregistrer ses variétés, de grands iris notamment. Il s’est tout de suite intéressé aux iris à éperons et, à quelqu’un qui lui demandait pourquoi il avait fait ce choix, il a répondu : « C’est là qu’il y a de l’argent à gagner, ce sont les iris du futur ». Il avait raison, même si ses motivations n’avaient semble-t-il rien d’artistique ou de scientifique ! Dans cette catégorie il a obtenu des variétés qui, sans atteindre le sommet de la gloire – à l’époque les Space Age étaient considérés comme des sous-iris – lui ont permis de gagner un peu d’argent, ce qui était le but recherché. Parmi ces variétés largement répandues citons ‘Arkansas Skies’ (81), ‘Horns of Plenty’ (86), et surtout ‘Hula Moon’ (78) qui a fait le tour du monde.

Cependant ce n’est pas aux TB qu’il doit sa véritable renommée, mais plutôt aux iris de Louisiane, auxquels il a consacré la plus grande part de son énergie et de son temps. C’est Frank Chowning, une autre figure importante du monde des iris de Louisiane qui, vers la fin des années 70, lui a fait connaître ces fleurs encore nouvelles à l’époque mais pleines d’avenir au point de devenir la deuxième sorte d’iris cultivée, derrière les TB. Toute sa vie d’hybrideur il est resté fidèle à son mentor, continuant le travail de ce dernier après sa disparition. Marie Caillet, l’une des créatrices des LA (iris de Louisiane) a fait de lui le portrait suivant :
« Beaucoup des iris de Rowlan ont pour base les variétés de Frank Chowning comme ‘Anne Chowning’, ‘Miss Arkansas’, ‘Missey Reveley’, ‘Bryce Leigh’, ‘Black Gamecock’ et quelques semis Chowning non enregistrés. L’un de ses buts était de continuer dans la tradition des iris de Chowning consistant à développer des plantes rustiques, avec des hampes courtes mais des fleurs nombreuses et bien disposées le long de la tige. Il a aussi utilisé d’autres iris en tant que parents, ‘Dr Dormon’ pour récupérer le large cœur jaune soleil, ‘Charlie’s Michele’ pour conserver l’effet halo. Il a aussi travaillé avec d’anciennes variétés comme ‘Peggy Mac’ et des variétés modernes comme ‘Jeri’ et ‘Old South’, mais aussi avec beaucoup de ses propres obtentions ».

Ses efforts ont été récompensés, je l’ai dit plus haut, par deux Mary Swords DeBaillon Medals. La première, en 93, pour ‘Frank Chowning’ (84) et la seconde en 97 pour ‘Voodoo Magic’ (86). Le premier est dans les tons de rouge cassis avec un signal jaune, il est issu de (Ann Chowning X Miss Arkansas) ; le second est plutôt couleur pourpre fuchsia, avec des sépales au cœur veiné de crème et un petit signal jaune. Son pedigree est très différent du précédent : (Black Gamecock X Dr Dormon).

Si les efforts d’Henry Rowlan ont essentiellement porté sur les LA, il ne faut pas négliger le reste de sa production qui a englobé non seulement les TB Space Age, mais aussi les MTB, ce qui n’est pas fréquent et dénote que cet homme généreux était aussi quelqu’un d’éclectique et d’inventif.

1 commentaire:

peyrard a dit…

j'avais pu apprecier dans les années 80l'amabilité de Rowlan avec qui j'avais échangé quelques lettres et à qui j'avais acheté des space Age !
Jean Peyrard