13.2.10











SAUPOUDRÉS DE PAPRIKA

Notre propos cette fois concernera ces iris plicatas dont la couleur et les dessins font penser au geste du cuisinier qui parfume son plat en répandant du paprika, cette épice au ton rougeâtre, qui est en fait une variété de piment. Et du piment, les iris de ce genre n’en manquent pas !

Dans ces variétés, la couleur de fond est le jaune, plus ou moins riche, et allant du blanc crémeux au jaune d’or ou safran. Quant aux dessins caractéristiques du modèle plicata, ils tournent autour du brun rougeâtre que l’on qualifie, au gré de l’imagination du descripteur, de rouille, cayenne, henné, ocre, châtaigne ou chocolat.

Cette association, n’est pas celle qui convient, traditionnellement, à la description de « plicata ». Celle-ci en effet viserait plutôt des iris au fond blanc, recouvert de pointillés violets ou bleus, comme il y en a des centaines. Elle n’est néanmoins pas récente et dès la fin des années 30, les frères Sass, Mitchell et quelques autres en avaient sélectionné un certain nombre, comme ‘Orloff’ (Sass 37) que l’on peut désigner comme étant un des points de départ de la lignée. Dans les années 40, ‘Firecracker’ (Hall 43) est un nouveau point de repère. Son pedigree est (Orloff X Elsa Sass). Il est caractéristique de son époque, avec des pétales en dôme, et des sépales un peu retombant en forme de trapèze échancré en son centre. Peu après est apparu, dans l’Ouest des Etats-Unis, un autre représentant du modèle : ‘Gay Border’ (DeForest 48) qui descend de ‘Tiffanja’ (DeForest 42), un autre élément de base. La forme est un peu meilleure que chez ‘Firecracker’, mais les couleurs moins vives.

Celui qui fera des iris saupoudrés de paprika une de ses spécialités est Jim Gibson. L’une de ses toutes premières réalisations dans le genre a été ‘My Honeycomb’ (58), bientôt suivi de ‘Henna Stitches’ (60), puis de ‘Cayenne Capers’ (61). Son catalogue regorge de ces iris aux vives couleurs qui font des taches brillantes au milieu du jardin, car il a continué à en obtenir jusqu’à la fin de sa carrière.

Mais d’autres obtenteurs se sont aussi lancés dans l’aventure. Jusqu’à la fin des années 80 ce modèle est resté à la mode et chacun a voulu avoir le ou les siens, mais personne n’est parvenu au degré de perfection du travail de Jim Gibson. Même des maîtres des plicatas, comme Keppel ou les inévitables Schreiner sont restés en deçà. On peut cependant mettre à leur actif quelques variétés comme ‘Spreckles’ (Schreiner 72) ou ‘Morocco’ (Keppel 80) qui se sont imposées.

Au fil des ans le modèle s’est peu à peu modifié. Les couleurs restent vives, mais leur disposition change et le fond jaune ou crème se charge de plus en plus de brun-rouille. Jim Gibson s’en fait presque une exclusivité : il multiplie les enregistrements de ce genre et propose, parmi d’autres, ‘Highland Chief’ (73), ‘Rustic Dance’ (80) ou ‘Magic Hope’ (84), auxquels Keppel oppose ‘Santana’ (78) ou ‘Rustler’ (87). ‘Lady Fire’ (92) ou ‘Ruffled Copper Sunset’ (93) seront parmi les derniers feux jetés par Gibson, ainsi que ‘Caldron Fire’ (95) qui renoue avec l’aspect des débuts (mais avec ne forme bien contemporaine), comme si la boucle était bouclée.

Cette forme de plicata, qui non seulement remonte comme on vient de le voir aux origines de l’iridophilie moderne mais même à la grande époque des années 20 puisqu’elle existait déjà du temps des iris diploïdes, a connu par la suite une éclipse qui semble devoir cesser au cours des dernières années. En effet quelques hybrideurs comme George Sutton (1) s’y sont mis, et si leur travail n’atteint pas encore la perfection de celui des anciens, on peut sûrement rêver d’un retour de ces rutilants iris.

(1) ‘Harmonic Elegance’ (2007).

Aucun commentaire: