12.3.10











SENSATION A SIOUX CITY

Cela pourrait être le titre d’un western, mais je ne sais pas si John Wayne s’intéressait aux iris, mais il était originaire de l’Iowa, là où commence cette histoire. On est à Sioux City, tout à fait à l’ouest de cet Etat agricole du Middle West. En 1950 s’y est tenu la Convention annuelle de l’AIS, et la vedette de ce rassemblement des amateurs d’iris a été une variété rouge bordeaux, de substance épaisse et d’un aspect particulièrement velouté. L’obtenteur de cette fleur à sensation était Chet Tompkins, l’un des plus prolifiques hybrideurs que la terre des iris ait jamais porté et qui s’est adonné à sa passion pendant plus de soixante ans, ce qui lui a donné l’occasion de nommer et d’enregistrer plus de 500 variétés ! A Sioux City, il était chez lui : il y exploitait depuis 1936 une pépinière bien connue qui s’appelait « Fleur de Lys Gardens ». Malgré l’intérêt qu’il avait suscité, l’iris en question n’a été mis sur le marché que trois ans plus tard et fut baptisé ‘Defiance’. Son pedigree est (Manana X Technicolor), c’est à dire qu’il allie deux variétés brun-rouge, et constitue donc un cas d’endogamie. L’importance de ‘Defiance’, révélée à Sioux City, a été de constituer la base d’une ligne de croisements qui fut l’un des éléments les plus significatifs de la carrière de Tompkins. La bible des iris, « The World of Irises » explique que ‘Défiance’ « portait dans ses gènes ceux de ‘Casa Morena’, des oranges d’Agnes Whiting ‘Damascus’ et ‘Rocket’, et des rouges ‘Garden Glory’, ‘Cheerio’ et ‘Junaluska’. »(1)

Le scénario s’est poursuivi pendant près de 30 ans, au cours desquels la ligne rouge de Tompkins s’est développée. Au premier niveau des descendants de ‘Defiance’ s’est trouvé ‘Forward March’ (Lapham 56) qui est de couleur bordeaux avec des barbes orange ; ‘High Barbaree’ (Tompkins 58), ‘Rampage’ (Tompkins 59), ‘Donnybrook’ (Tompkins 61), ‘Bermuda High’ (Tompkins 64), tous brun-rouge plus ou moins sombres, ou le brun cuivre ‘Bolero’ (Tompkins 57).

De ‘Forward March’ est né ‘Caliente’ (Luihn 68), de ‘Bermuda High’ découlent ‘Brimstone’ (Tompkins 71) ou ‘Uproar’ (Tompkins 70) ; de ‘Donnybrook’ provient ‘Gingerbread Castle’ (Tompkins 67) ou ‘Starburst’ (Tompkins 67) ; de ces deux derniers descend aussi ‘Masada’ (Tompkins 84) et du second ‘Soaring Spirit’ (Tompkins 92)… On pourrait en citer quelques autres car la famille comprend des cousins qui ont eu eux aussi une longue descendance, comme ‘Ebony Echo’ (Tompkins 48), qui est au démarrage d’une autre lignée dans laquelle trouve ‘Privateer’ (Tompkins 54), ‘Captain Gallant’ (Schmelzer 57), puis ‘Tampico’ (Luihn 77) et ‘Cable Car’ (Luihn 82) qui sont également des enfants de ‘Caliente’… Contrairement à celle d’un bon film, l’histoire de « Sensation à Sioux City » n’a pas de fin, même si les iris brun-rouge ne sont pas de ceux dont on parle le plus.

Néanmoins ils constituent un pan important de l’hybridation, non seulement grâce au travail de Chet Tompkins, dont on vient de parler, mais aussi grâce à celui de Paul Cook et Greig Lapham, puis celui des trois Schreiner, de Luihn, de Schortman, de C.M. Reynolds, qui nous ont fourni des variétés dont la riche coloration et la robustesse éprouvée constituent un ornement indispensable de nos jardins. Sans omettre qu’ils se trouvent sur le chemin qui mène à ce mythique iris rouge qui fait rêver tant d’obtenteurs sous toutes les latitudes.

(1) ‘Manana’ (Tompkins 48) (Aria X (Casa Morena x Cape Bon))
‘Technicolor’ (Whiting 48) (Garden Glory x Rocket)
‘Casa Morena’ (DeForest 41) (((Morning Splendor x Germaine Perthuis)x Alta California) X (Rubeo x Grace Sturtevant)x Prairie Sunset)
‘Damascus’ (Tompkins 45) ((Spring Prom x E.B. Williamson) X Cedar Rose)
‘Rocket’ (Whiting 45) ((Sandalwood x Naranja) x Golden Spike)
‘Garden Glory’ (Whiting 49) (Garden Magic x The Red Douglas)
‘Cheerio’ (Ayres 34) (aucune précision le concernant dans la Check-list)
‘Junaluska’ (Kirkland 31) (aucune précision le concernant dans la Check-list).


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CINQ CENTIÈME CHRONIQUE

Ceci est la 500ème chronique d’Irisenligne depuis sa création. Mes lecteurs vont-ils m’offrir le champagne ?

4 commentaires:

Joackim a dit…

Bravo pour votre chronique que je lis chaque semaine depuis que je l'ai découverte. On y apprend beaucoup de choses intéressantes et il est passionnant de voir comment a évolué cette fleur grâce au travail des hybrideurs.
Merci de nous faire partager votre savoir iridophile.

loic a dit…

Toutes mes félicitations pour ton talent, ta ténacité, et surtout la puissance de ta mémoire!
Car il en faut, pour de semaine en semaine bâtir une telle encyclopédie, basée à la fois sur les coups de coeurs et l' étude approfondie.
Sans parler de ton envie de partager avec qui le veut bien les résultats de toutes tes cogitations!

Merci Sylvain pour cet énorme bouquet composé de ces 500 fleurs!

peyrard a dit…

Du champagne ? non ! mais des félicitations oui !
Jean Peyrard

achalancon a dit…

Si tu passes par le département de la Loire, je t'invite à faire sauter le bouchon d'un bon millésime! En tous cas un grand bravo pour tes publications, je ne manque pas chaque semaine de les enregistrer et de m'en faire un livre de chevet. Merci Sylvain pour ton savoir que tu sais si bien nous faire partager.
irisandre