23.4.10







A LA CONQUÊTE DE NOUVEAUX MONDES

Dans le dernier bulletin de l’AIS (janvier 2010), Keith Keppel a publié un article sous le titre ci-dessus, qui commence par cet exergue :
« Le rêve de tout hybrideur est de découvrir quelque chose d’entièrement nouveau et différent. Un tel événement s’est produit dans les rangs de la pépinière de Barry Blyth, en Australie, en 2007, quand le semis R41-4 a fleuri pour la première fois. Coup de chance pourrait-on dire, mais pas totalement immérité, car de nombreuses années et beaucoup d’efforts ont contribué à ce que cette chance se produise. »

L’article commence par décrire la genèse de ce semis miraculeux numéroté R41-4. Avec une origine dans les années 40, en Nouvelle-Zélande, dans le jardin de Jean Stevens, et avec l’enregistrement de ‘Pinnacle’, ‘Mystic Melody’ et ‘Summit’, trois amoenas jaunes, dont le plus remarquable est ‘Pinnacle’, toujours présent aujourd’hui dans les iriseraies du monde entier. La suite est l’adjonction à ces variétés blanc/jaune du facteur mandarine et l’apparition de ‘Youthfull Charm’ en 1964, bientôt suivi de ‘Sunset Snows’ (1965) qui est le fruit d’amoenas jaunes et de semis roses.

C’est à ce moment de l’histoire que Barry Blyth est intervenu et qu’il s’est lancé dans son immense programme d’iris bicolores qui nous vaut les plus belles variétés où se rencontrent les associations de couleurs les plus originales. Avec son art de la pédagogie et son talent de descripteur, Keith Keppel continue :
« En ce qui concerne R41-4, sa ligne commence avec ‘Sunset Snows’ et comprend les variétés ‘Twist and Shout’ (1973), ‘Outer Limits’ (1972) (tous les deux issus de Fanfare Orchid X Sunset Snows) et ‘Snowlight’ (1972) (de Rhythm and Blues X Sunset Snows). La ligne a été croisée et recroisée dans tous les sens et à la quatorzième génération est apparu le premier bicolor-plicata. Ce n’est pas l’effet plicata qui était recherché, mais c’est un trait à caractère récessif qui peut être porté mais rester caché pendant un grand nombre de générations. En fouillant dans l’arbre généalogique de cette variété on trouve ‘Light Beam’ (L. Blyth, 1985) (de Broadway X Beverly Sills), ‘Pink Ember’ (Gibson, 1973), et ‘Caramba’ (Keppel, 1975). Je sais par expérience personnelle que ‘Peach Spot’ (Shoop, 1973) et ‘Amber Snow’ (Blyth, 1987) portent aussi le facteur plicata. Avec la multiplication des semis, l’improbable cesse d’être impossible.
On ne peut pas avoir une parfaite connaissance de la transmission du caractère « carotène amoena »(1), mais on sait qu’il peut apparaître en cas d’endogamie, et selon de nombreuses variations. Blyth a non seulement utilisé ‘Sunset Snows’ en ligne directe, mais il a également fait usage de ‘Festive Skirt’ (1974), semis issu de ‘Sunset Snows’ développé par Franck Hutchings en Californie. Quand on établit la liste des antécédents de R41-4 sur 14 générations, la référence à ‘Sunset Snows’ apparaît 1086 fois dans les variétés obtenues par Barry Blyth, auxquelles il faut ajouter les 233 références à ‘Festive Skirt’, soit au total 1319 apparitions dans l’arbre de R41-4 ! La persévérance finit par payer. »

En quoi donc ce semis R41-4 est-il exceptionnel ? C’est qu’il rassemble les caractéristiques des plicatas et celles des « carotène amoenas ».

Quand il a fait ce constat, Keppel, dans son article, entreprend l’explication qui lui est chère de la constitution des iris plicatas, avec leurs deux couches de couleur superposées. A mon avis, cette deuxième partie de l’article constitue une digression, passionnantes certes, mais qui nous laisse sur notre faim en ce qui concerne le fameux R41-4 dont on n’entend plus directement parler, mais qui ouvre la porte à une extrapolation sur les différentes possibilités de mélanges de couleurs chez les bicolor-plicatas.

Et là l’enthousiasme de jeune homme de Keith Keppel éclate au grand jour. Il fait un inventaire minutieux et méticuleux des différentes possibilités, et envisage les innombrables occurences de mélanges. C’est alors qu’on comprend ce que le titre de son article veut dire : avec les bicolor-plicatas, tels qu’ils apparaissent avec R41-4 (2), l’avenir des coloris d’iris s’ouvre vers l’infini.

(1) ou amoena rose ou orange.
(2) La démonstration de K. Keppel sur les mélanges de couleurs, passionnante pour tous ceux que l’hybridation intéresse, fera l’objet d’un commentaire dans un prochain numéro.

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