16.5.10







‘PRINCE GEORGE’ ET LES FILS D’OR

En 1996 Keith Keppel (toujours lui !) a enregistré une variété obtenue par George Shoop, récemment décédé. Ce fut ‘Prince George’. C’est un semis de 1990 dont la description est la suivante : « pétales blanc glacier, devenant blanc pur en vieillissant ; bras des styles blanc glacier, crêtes lavées de blanc ambré ; sépales pourpre violacé, plus pâle vers les bords ainsi qu’entre les veines, mince liseré bleu lavande clair, légères veines sur fond blanc allant des épaules au dessous des barbes variant du pourpre violacé à l’ocre verdâtre ; barbes orange sur base blanche ; ondulé. » Pedigree : Parisian Flight X Condottiere.

La description minutieuse ne relève pas la présence d’un fil argenté (ou doré) tout autour de pétales. Pourtant c’est ce trait qui intrigue tout particulièrement les détenteurs de ‘Prince George’. Mais si Keppel ne l’a pas noté, c’est sans doute qu’il n’apparaît pas de façon permanente sur chaque fleur. Je dispose de plusieurs photos de ‘Prince George’, mais une seule montre très nettement le fil d’or au bord des pétales.

Le premier, à ma connaissance, à avoir fait cette observation est Terry Aitken. Voici ce qu’il écrit à ce sujet dans le n° 348 (janvier 2008) du Bulletin de l’AIS : « Il y a quelques années que j’ai remarqué un détail intéressant sur certains boutons d’iris. Si vous examinez le bord des pétales d’iris blancs ou bleus, il vous arrivera de trouver une bande étroite qui fait l’effet d’un fil argenté brillant. Si vous faites le même examen sur des iris orange ou jaunes, le même filet brillant sera doré. Plusieurs hybrideurs on fait ce constat. Ne serait-il pas merveilleux si nous pouvions en quelque sorte améliorer ce trait caractéristique ? Ça n’arrivera sans doute pas de mon vivant, mais certains d’entre vous, plus jeunes, pourraient apporter quelque chose de vraiment spectaculaire. »

Ce texte a été suivi, six mois plus tard, d’un certain nombre de témoignages venus des quatre coins du monde et publiés dans le Bulletin n° 350. Jean Witt, de l’Etat de Washington, dans l’extrême Nord-Ouest des Etats-Unis , signale qu’elle a remarqué ce trait sur des iris depuis une trentaine d’année. Elle les décrit comme une suite de cellules vides qui accrochent la lumière. Un autre washingtonien, Gerald Richardson, signale l’apparition de ce phénomène sur un de ses semis, ‘Gilt-Edged Bond’ (2005). De Nouvelle –Zélande, Alison Nicoll raconte qu’elle a remarqué, une année, ces fils argentés ou dorés sur plusieurs variétés, mais que cela n’a pas eu la même importance l’année suivante alors qu’elle avait déplacé les iris concernés. Elle se demande si la nature du sol ou les conditions météorologiques n’ont pas une influence sur l’apparition du phénomène. Michèle Bersillon qui a des iris avec un fil doré, très difficile à capter sur une photo, se demande, compte tenu de son expérience, si le fil doré n’est pas lié au parent-mâle. Quant à Mary Swann-Young, d’Indianapolis, elle a établi une liste de variétés sur lesquelles elle a trouvé des fils d’or ou d’argent, dans laquelle figure ce fameux ‘Prince George’. Ce dernier semble donc être particulièrement prédisposé pour cette apparence. Enfin, récemment, le sujet est revenu à l’ordre du jour dans les messages du forum « Iris-photos » où Michaël Sutton, de Californie, et Linda Mann, du Tennessee, ont signalé des apparitions de fils dorés ; Linda Mann relatant qu’elle avait découvert ce trait sur des fleurs de ‘Shah Jehan’ (Neel, 1932)…

A la lumière de ces témoignages, rien ne laisse supposer que le fil d’or ou d’argent, qui semble bien constitués de cellules ayant perdu toute substance, soit un caractère constant et donc reproductible. En effet il n’y a pas de lien généalogique apparent entre les variétés citées. D’autre part le fils dorés n’apparaissent pas de façon constante, ni même sur toutes les fleurs d’une même plante. A mon avis il s’agirait plutôt d’un incident de végétation, susceptible de se reproduire dans des circonstances encore mal définies, mais de manière fugitive et donc pas ou peu prévisible et frappant certaines variétés, plus prédisposées sans doute à cette sorte d’avatar. Mais l’affaire n’est pas terminée et d’autres témoignages pourront faire évoluer la connaissance que l’on acquiert peu à peu sur le phénomène et, peut-être, comme l’espère Terry Aitken, en faire un nouveau modèle d’iris.

1 commentaire:

Lionel a dit…

Bonjour, j'ai remarqué ce phénomène sur "Next millénium".
C'est plus ou moins important sur certaines fleurs.