24.9.10











ANALYSE DE ‘CODICIL’
en hommage à Sterling Innerst

‘Codicil’ (Innerst, 1980) est une variété bien connue des amateurs européens. On la trouve encore dans plusieurs catalogues, ce qui garantit qu’elle a un certain succès. C’est d’ailleurs un succès mérité, non seulement parce que la fleur est jolie, mais aussi parce qu’elle présente pas mal d’originalités.

Ce qui caractérise ‘Codicil’ c’est d’une part sa couleur bleue très pure, d’autre part et surtout ses barbes d’un bleu marine profond. Tout son intérêt est là. Comme dans toutes les analyses similaires, j’ai établi un arbre généalogique sur sept générations qui m’a permis de relever plusieurs traits ou événements intéressants. Le pedigree est le suivant : (Appalachian Spring x Navy Strut) X Evening Echo. ‘Appalachian Spring’ (Thomas, 1969) est une variété fort peu connue, décrite comme étant de couleur blanche teintée de vert, avec des barbes orange. Quant à ‘Navy Strut’ (Schreiner, 1974), c’est un iris qui, lui, a acquis une grande célébrité et a été croisé un grand nombre de fois. Deux de ses descendants ont reçu la Médaille de Dykes : ‘Titan’s Glory (Schreiner, 1981) en 1988, et ‘Silverado’ (Schreiner, 1987) en 1994 ; trois autres ont également été hautement récompensés : ‘Superstition’ (Schreiner, 1977) qui a failli remporter la DM en 1984, ‘Master Touch’ (Schreiner, 1980) et ‘Evening Canticle’ (Carr, 1989) qui l’un et l’autre ont terminé en deuxième position au Concours de Florence, le premier en 1983, le second en 1990. Le semis qui fut la « mère » de ‘Codicil’ est donc issu d’un croisement blanc par violet, et on ne s’avance pas beaucoup en imaginant qu’il est violet, ou indigo, voire bleu. Si on sait que ‘Appalachian Spring’ remonte au fameux amoena ‘Whole Cloth’ (Cook, 1957), on ignore tout de la famille de ‘Navy Strut’, la maison Schreiner n’ayant fourni pour pedigree que des numéros de semis. Il y a donc beaucoup de trous dans la généalogie maternelle de ‘Codicil’. On est un peu mieux renseigné du côté paternel, même si, sur 32 noms d’ancêtres, il en manque tout de même 20 ! C’est cependant dans cette branche que les renseignements les plus intéressants apparaissent.

‘Evening Echo’ a fait ici l’objet d’une chronique il y a plusieurs année et je vais donc aller chercher là les informations utiles aujourd’hui. ‘Evening Echo’ est le descendant de trois variétés très différentes, dont ‘Azure Accent’ (Durrance 67), un gris-bleu à barbes sombres qui lui viennent d’un parent aril, ‘Arabi Pasha’ (Anley, 1951). Le côté blanc provient de ‘Swan Ballet’, une variété de Tell Muhlestein qui a obtenu la médaille de Dykes en 1959. A ces variétés j’en ajouterais une autre, tout aussi importante, l’aril bien connu ‘Lady Mohr’ (Salbach, 1943). On peut donc dire sans se tromper que la couleur bleu pâle de ‘Evening Echo’ vient de son parent ‘Azure Accent’ – dont je n’ai pas trouvé de photo – et ses barbes foncées de ses ancêtres arils. Pour ce qui est de ‘Codicil’, on peut attribuer à son ascendance aril son aspect assez ramassé et ses fleurs un peu raides ; peut-on aussi mettre au compte de cette ascendance une certaine paresse à se développer ? En tout cas on peut sûrement dire que son bleu si pur vient de son côté ‘Navy Strut’ et que ses barbes bleu marine ont leur origine chez ‘Evening Echo’ : Sterling Innerst est donc parvenu à ses fins.

La descendance directe de ‘Codicil’ n’est pas très importante. Dans ma base de données, très partielle évidemment, je n’en compte que sept… Sur ces sept, six ont hérité des barbes foncées et six également tournent autour de la couleur bleue. Celui qui n’est pas bleu, c’est ‘Sister My Karen’ (Pinegar, 2002) qui donne dans le pourpre, celui qui n’a pas les barbes sombres est ‘Krimskoye Primoryie’ (Loktev, 2007) chez qui elles sont jaune cuivre. Une forte majorité a donc conservé les éléments essentiel de leur parent ‘Codicil’. Certaines de ces variétés en sont même tout à fait proches, comme le démontre les photos ci-dessus de ‘Continuity’ (Innerst, 1994), ‘Meadow Creek’ (Opal Brown, 1996) et ‘Space Station’ (Darlene Pinegar, 1997).

Quelle que soient ses petites faiblesses, ‘Codicil’ reste une variété charmante et originale qui mérite bien son succès et sa longévité commerciale.

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