29.10.10





La fleur du mois de ce novembre 2010 sera une vieille variété, de celles qu’on qualifie d’historiques, pour laquelle j’ai une affection particulière. Voici :

‘TUXEDO’

(Schreiner, 1964)

Pour un iris de cette époque, la lecture de l’arbre généalogique présente encore cette simplicité des premiers temps, qu’on ne retrouve évidemment plus dans les pedigrees des variétés de ce début du XXIeme siècle. Mais commençons par le commencement, et la description que se trouve dans la Check-List des années 60.

« TUXEDO : TB, 90 cm. M. Self bleu nuit profond ; barbe assortie. (Licorice Stick x semis 0-332-1. » On ne peut guère faire plus concis. Mais presque tout y est. Il ne manque que le nom du papa, connu seulement par son numéro de semis (c’est une pratique fréquente chez Schreiner, malheureusement).

‘Tuxedo’ se présente sous la silhouette classique d’un grand iris bien découplé, avec des fleurs peu ondulées, assez grandes, dont la couleur est parfaitement unie, d’un beau bleu-noir velouté et brillant. C’est surtout ce classicisme de bon ton que j’apprécie. Certains diront qu’à côté d’une fleur contemporaine, celle de ‘Tuxedo’ fait un peu pauvre. D’autres, dont je fais partie, rétorqueront qu’il ne s’agit pas de pauvreté mais de simplicité rigoureuse. La fleur n’a pas la grâce un peu surchargée d’un ‘Sea Power’ mais on en apprécie d’autant mieux la pureté, et les boutons floraux s’ouvrent tranquillement, sans se déchirer…

L’arbre généalogique simplifié s’établit facilement :

TUXEDO > LICORICE STICK > BLACK BELLE > STORM WARNING > BLACK FOREST > ETHIOP QUEEN > THE BLACK DOUGLAS.

En six générations on est arrivé en 1934 et au tout début des iris franchement sombres. D’ailleurs d’un bout à l’autre on est en présence d’iris de plus en plus sombres au gré de croisements endogamiques. ‘Black Forest’ a été une avancée majeure dans l’approfondissement du noir, grâce à l’apport de iris aphylla venu de son parent femelle, ‘Dymia’ issu en deux générations de cette espèce réputée pour enrichir les couleurs. Notons au passage l’origine néo-zélandaise de ‘Black Belle’ (Emily Stevens, 1947), ce qui donne un petit côté exotique à un produit franchement américain.

La descendance de ‘Tuxedo’ n’est pas gigantesque, mais pas négligeable non plus. Notamment par le biais du croisement (Space Dragon x Tuxedo) réalisé par Jim Hedgecock, qui, recroisé avec ‘Sophistication’ (Hamblen, 1984) est à l’origine d’au moins cinq variétés appréciables, dans un panel de couleurs très large : ‘Aztec Lace’ (2002), ‘Chiricahua Canyon’ (1997), ‘Dark Dancer’ (2002), ‘Jungle Dancer’ (2002), ‘Whispering Waters’ (1999). Cependant ses rejetons les plus fameux sont ‘Black Madonna’ (Stahly, 1985), ‘Midnight Dancer’ (Schreiner, 1991) et ‘Violet Miracle’ (Zurbrigg, 1978).

La majestueuse silhouette de ‘Tuxedo’ apparaît chaque printemps dans mon jardin. Je l’y retrouve toujours avec le même plaisir. C’est un iris qui m’est précieux.

1 commentaire:

Patrice a dit…

On retrouve aussi dans ses descendants le très beau "Old Black Magic"!
Très bon article encore une fois. A bientôt!