8.10.10











TORERO ANDALOU

Quand on pense à l’Espagne, ce sont le jaune et le rouge qui viennent à l’esprit. De là à ce que de nombreux iris variégatas jaune sur bordeaux portent des noms évoquant l’Espagne, il n’y a qu’un pas qu’a franchi naturellement Richard Cayeux lorsqu’il a baptisé ‘Andalou’ puis ‘Torero’.

Une chronique récente a fait le point sur l’utilisation de I. variegata et expliqué comment les hybrideurs s’y sont pris pour passer d’une petite fleur maigrichonne aux pétales jaunâtres et aux sépales blanc sale veinés de violacé à de grands iris aux couleurs contrastées, avec les pétales jaune d’or et les sépales d’un riche brun rouge.

Richard Cayeux a continué une lignée où tout le travail a consisté à partir d’une base solide à ajouter des ingrédients propres à renforcer le contraste et l’éclat des couleurs, en conservant des plantes robustes et qui poussent bien.

Pour ‘Andalou’ (1995) dont le pedigree est ((Irish Spring x ((Snowline x Silver Sands) x (Post Script x Orange Parade)) X Gypsy Caravan), la base a été ce ‘Gypsy Caravan’ (Moldovan, 1978), un variégata bien classique, en jaune doré et rouge brique, avec une longue barbe orange. Cet iris provient d’un croisement traditionnel entre un bicolore fameux, ‘Barcelona’ (Opal Brown, 1967) beige rosé et magenta, et un frère de semis de ‘Far Corners’ qui est un self rose orangé soutenu. Avec ‘Barcelona’ l’histoire commence en fait en 1956, avec le célèbre ‘Melodrama’ (Cook) dont la création a été racontée ici il y a quelques années, auquel succèdent ‘Gypsy Lullaby’ (O. Brown 1960), première génération de variégata, puis ‘Pipes of Pan’ (O. Brown, 1963), bicolore proche de son ancêtre ‘Melodrama’. Nous voilà donc avec une base de variégata confirmée. Pour l’améliorer il fallait d’un côté enrichir le jaune des pétales, puis renforcer le brun-rouge des sépales. L’enrichissement du jaune est passé par l’adjonction d’une pointe d’orange issue de ‘Orange Parade’ (Hamblen, 1958) ; le confortement du brun-rouge est venu avec l’aide de ‘Post Script’ (Tompkins, 1965). Quant au contraste il a été amélioré par l’apport d’une touche de rose et d’abricot issue des amoenas ‘Snowline’ (Schreiner, 1968) et ‘Silver Sands’ (Tompkins, 1967). Enfin pour ce qui est de la base « variegata », il faut, pour la retrouver, remonter aux ancêtres néo-zélandais (‘Summit’…) de ‘Irish Spring’ (Roe, 1972) qui, sans en avoir franchement l’air, a dans ses gènes le petit iris variégata d’origine.

Passons à ‘Torero’ (2003), autre inspiration espagnole de Richard Cayeux.

Le pedigree n’est pas des plus simples : ((Blazer x (Skyfire x Fresno Frolic)) x (Adobe Rose x Rustler)) X (Jubilée Rainier III x Feu du Ciel). Mais entre ce pedigree et le précédent, les différences ne sont qu’apparentes. Prenez la «base» variégata : cette fois, c’est ‘Blazer’ (Stahly, 1983), derrière lequel on retrouve le bicolore ‘Barcelona’, tout comme derrière ‘Gypsy Caravan’, avec pour compagnon orangé le célèbre ‘Son of Star’ (Plough, 1969). De toute façon ce ‘Gypsy Caravan’ n’est pas très loin ! Il est la «mère» de ‘Adobe Rose’ (Ernst, 1988). Dans la branche paternelle de ce dernier il y a une variété intéressante, ‘Hi-Top’ (Knocke, 1971), un iris jaune ocre, qui descend de ‘Denver Mint’ (Knopf, 1962) qualifié par Joë Ghio lui-même comme le meilleur jaune de son époque. D’une manière générale, la tonalité de ce ‘Torero’ est plus franchement orangée que celle de ‘Andalou’. D’ailleurs les iris orange sont nombreux parmi ses ancêtres : ‘Skyfire’ (Schreiner, 1980), ‘Fresno Frolic’ (Weiler, 1980), ‘Feu du Ciel’(Cayeux, 1993) et quelques autres … L’approfondissement de la couleur des sépales est du cette fois à ‘Jubilée Rainier III’ (Cayeux, 1998) et à ‘Rustler’ (Keppel, 1987), lesquels contribuent aussi à l’accroissement du contraste. Quant à la base «variegata », pour la trouver, il faut remonter à ‘Hi-Top’ déjà cité et ‘Bayberry Candle’ (C. DeForest, 1969), son associé dans ‘Adobe Rose’.

Voici donc deux variégatas tout à fait réussis, qu’à première vue on peut croire d’origines différentes, mais qui se révèlent en fait très voisins et même un peu cousins. Mais y-a-t-il aujourd’hui des cultivars qui ne soient pas cousins ? C’est tout le problème de la consanguinité qui nous donne des iris portant des fleurs superbes mais, malheureusement, souvent fragiles et difficiles à faire pousser.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'apprécie l'incursion dans le domaine des " nains" ! à quand un petit tour chez les " miniatures" ?
Jean Peyrard