1.10.10











A VUE DE NEZ

C’est dans son catalogue de l’année 2000 que Richard Cayeux a fait figurer le parfum de la fleur dans la description de la plupart des variétés. C’était une initiative originale et intéressante, mais sûrement coûteuse, et qui n’a pas été prolongée. Aujourd’hui, seules les variétés analysées en 1999 par le parfumeur Eléna, et qui figurent encore au catalogue, comportent une annotation concernant leur parfum. Pourtant maintenant le parfum est l’un des éléments fournis par les hybrideurs lorsqu’ils enregistrent une nouvelle variété. En fait, ne pouvant techniquement être plus explicites, ils se contentent de dire si oui ou non la nouvelle plante est parfumée. Avec une petite précision à propos de l’intensité du parfum, fort ou faible, ou de son caractère, doux ou musqué. Pour en dire plus il faudrait être un nez, ce que nos horticulteurs ne sont évidemment pas !

Mais préciser l’odeur est-ce une indication importante ? On peut répondre à la fois oui et non. Non, car on ne choisit pas un iris en fonction de son parfum ; oui car c’est un complément d’information intéressant, au même titre que le nom de l’obtenteur, par exemple. En tout cas on peut s’en passer.

Comment définir un parfum ? A la différence des principales couleurs, le parfum ne dispose pas de mots spécifiques pour le désigner : une fleur peut être blanche ou bleue, pour un parfum il faut obligatoirement avoir recours à un élément de comparaison. On dira que telle fleur sent la violette ou le muguet, par référence à une odeur facilement identifiable et présente dans notre « catalogue » mental des odeurs. Mais alors qu’en matière de couleur on ne fera appel à la comparaison que pour entrer dans le détail, en ce qui concerne le parfum, il n’y a pas d’autre système de référence. Mais, ce faisant, on entre dans le domaine de l’approximation et de l’analyse personnelle. Certains verront telle barbe d’iris comme étant couleur minium, d’autres parleront de capucine ou de vermillon… En matière de parfum on est dans la même imprécision car chacun peut avoir, en cette matière, son propre échantillonnage.

En réalité, l’analyse à laquelle a procédé le parfumeur auquel Richard Cayeux a eu recours, trouve sa pertinence uniquement pour un quart des fleurs auscultées. Car presque un iris sur deux est dit avoir un parfum « fleuri doux », que le spécialiste décrit comme « un parfum délicat, fleuri doux légèrement vanillé, hésitant entre celui, frais, du muguet et, envoûtant, de la fleur d’oranger ». Les variétés qui sont dites comme ayant ce parfum fleuri doux, représentent 49% de l’ensemble et on atteint presque 73% quand on ajoute celles sentant précisément la fleur d’oranger, la vanille et le muguet. On peut donc considérer que cette définition est celle du parfum de l’iris, d’une manière générale, et qu’on peut la qualifier de « sui generis ». Par ailleurs 5% des iris n’ont pas d’odeur (ou seulement un vague relent que le parfumeur qualifie de « discret », ce qui ne peut évidemment pas être considéré comme constituant une odeur).

Dans ces conditions faut-il poursuivre l’expérience tentée par Richard Cayeux ? On peut en douter. Sauf à vouloir se distinguer par ce moyen de ses concurrents, un producteur d’iris doit pouvoir se contenter d’indiquer dans ses descriptions de l’indication fournie par l’obtenteur au moment de l’enregistrement. Le client saura que tel iris est parfumé ou que tel autre ne sent rien, et cela doit être suffisant. Il n’y aurait de véritable intérêt qu’à signaler une senteur très particulière, ou très vive, ce qui peut être un atout supplémentaire pour la variété considérée. Lawrence Ransom a procédé ainsi lorsqu’il a écrit, par exemple, que ‘English Cottage’ avait un parfum délicieux.

Que les iris soient des plantes agréablement parfumées est un charme de plus à leur actif. Mais les amateurs ou les « mordus » sauront leur en trouver bien d’autres !

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