4.11.11
LA FLEUR DU MOIS
‘SULLOM VOE’
(B. Dodsworth, 1989)
Les iris bleu pâle ont souvent un petit air triste, un peu comme le ciel du mois de mars, entre deux giboulées. Ils évoquent pour moi la musique mélancolique d’Edvard Grieg et les mélodies norvégiennes du Hardanger. Ils ont cependant leur place au jardin quand ils ne se heurtent pas aux flamboyances de certains variegatas. C’est pourquoi j’ai bien apprécié quand Michèle Bersillon m’a envoyé ‘Sullom Voe’. En plus il allait enrichir ma collection avec quelque chose qu’on ne doit pas voir souvent dans notre pays, et j’apprécie l’originalité. Mais cet iris britannique est un peu capricieux, ici en Touraine : il a mis deux ans avant de se décider à fleurir pour la première fois.
Dans la Check-list de 1989 il est décrit très simplement comme « TB, 97cm, M. Bleu turquoise ondulé, barbes blanches. Blue Reflection X Flair. »
Il me donne l’occasion d’évoquer Brian Dodsworth, le dernier grand hybrideur anglais. Il vivait dans le centre du pays, dans la banlieue de Nottingham, ville plus connue sans doute pour les aventures de Robin des Bois que pour ses iris ! Il a régné pratiquement sans partage sur l’iridophilie britannique pendant vingt ans, remportant dix fois la BDM. En dehors de son pays, néanmoins, il reste largement méconnu, ce qui est malheureusement le cas de tous les hybrideurs d’outre-Manche pour cause de très mauvaise distribution en dehors de leurs frontières. ‘Sullom Voe’ ne fait pas partie de ses variétés qui ont triomphé dans la compétition nationale, peut-être à cause d’une vigueur plutôt moyenne. C’est pourtant un charmant iris, comme en fait fois la photo ci-dessus qui met en valeur sa délicatesse. Quoi qu’on puisse en penser, ce n’est pas un amoena inversé, mais plutôt un néglecta inversé, car ses sépales sont un peu plus clairs que ses pétales et le jeu de la lumière sur leur surface veloutée les fait paraître encore plus clairs que nature.
Il provient d’un croisement entre deux iris bleus classiques : ‘Blue Reflection’ (Schreiner, 1974) est un bleu tendre issu de ‘Babbling Brook’ (Keppel, 1969), dont il n’est pas utile de faire le portrait ; ‘Flair’ (Gatty, 1976) est encore plus clair, avec un cœur où la couleur est plus soutenue, ce qui fait tout son chic. Il provient de (Pacifica X (Brave Viking x Winter Olympics)) ; Il fait partie de ces variétés que j’ai eu du mal à me procurer, mais dont je ne regrette pas de les avoir acquises. Je l’ai gardé longtemps, mais quand il a fallu faire de la place dans mon jardin, c’est une de celles que j’ai sacrifiées car, ici, elle poussait et fleurissait très irrégulièrement.
‘Pacifica’ (J. Nelson, 1967), parent femelle de ‘Flair’ présente beaucoup de similitudes avec son « petit-fils » ‘Sullom Voe’, notamment parce que ses sépales sont un peu plus clairs que ses pétales. Quant à ‘Brave Viking’ (G. Hinckle, 1962), l’autre parent, c’est un des plus jolis bleus de son époque. Enfin ‘Winter Olympics’, DM en 1967, ce fut longtemps le meilleur blanc.
Tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts, ‘Sullom Voe’, mérite bien son nom, puisqu’il fait allusion à une ancienne base aérienne des Iles Shetland au nord de l’Ecosse, devenu terminal pétrolier, dont le ciel ne doit pas souvent être plus bleu que ne l’est la fleur. C’est une fleur rafraîchissante, bien agréable à regarder.
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