Je ne les ai jamais rencontrés. Nous avons seulement échangé quelques correspondances, mais cela a suffi pour que je ressente envers eux une vive sympathie. Les lignes qui suivent vont évoquer ces sympathies épistolaires.
Le jardinier de la Valette.
De mes relations épistolaires, celles avec Igor Fédoroff sont les plus anciennes. Elles ont commencé au début des années 80, peu après que j’ai été accroché par la passion des iris. J’avais proposé dans la Revue Iris & Bulbeuses de faire un échange de rhizomes avec d’autres amateurs. Igor Fédoroff a répondu et nous nous sommes adressé la liste des variétés que nous pouvions proposer. Puis les lettres sont devenues plus amicales, plus personnelles. Igor Fédoroff, dans son petit appartement de La Valette du Var, avait de gros soucis familiaux, et ses travaux d’hybridation, commencés dans sa terre du côté de Cuers, se poursuivaient modestement sur son balcon. Et dans ces conditions minimalistes il a réussi des merveilles ! Des variétés comme ‘Cotignac’, ‘Mirasouleou’ ou ‘Aygade’ ou encore ‘Sables d’Argent’ sont du niveau de celles obtenues à la même époque par les hybrideurs professionnels. Mais, en dehors de ‘Sables d’Argent’, aucune n’a jamais été enregistrée. C’est une erreur qui ne serait plus commise aujourd’hui, où l’on n’hésite plus à inscrire ses obtentions dans le registre mondial.
Dans les années 80, la collection d’Igor Fédoroff était une des plus importantes et des plus originales de France. Il n’avait pas hésité à passer commande directement auprès des producteurs américains et de nombreuses variétés de l’époque n’étaient présentes en Europe que chez lui. Au même moment Jean Ségui avait suivi le même chemin et l’on en a encore la trace dans le catalogue de « Iris de Thau ».
Les iris échangés à cette époque sont encore pour la plupart présents dans ma collection. En particulier plusieurs de ses obtentions, et j’ai plaisir, chaque printemps à les retrouver, fidèles et chargées de toute la sympathie que j’ai toujours pour leur auteur.
Celui qui aime l’insolite.
C’est encore pour la Revue Iris & Bulbeuses que j’ai fait connaissance avec Ladislaw Muska. Je préparais pour la revue une série d’articles sur le développement de l’iridophilie en Europe de l’Est, au moment de la chute des régimes totalitaires dans ces pays. J’avais pris son nom dans la liste d’obtenteurs qui figure chaque année dans le livret « Registrations and Introductions » de l’AIS. J’ai écrit, il m’a répondu très gentiment en me donnant des informations sur lui-même et sur sa passion pour les iris. Nous avons continué à nous écrire et peu à peu j’ai fait mieux connaissance avec lui.
Sa formation et son activité professionnelle dans le domaine scientifique ne gênaient pas sa curiosité pour l’insolite : contes, légendes, mythologies de toutes les parties du monde étaient son autre passion, et il a rassemblé les deux dans les noms qu’il a donnés à ses iris, qui nous laissent souvent perplexes vire profondément interrogatifs.
Dans son travail d’hybridation, il a abordé bien des domaines, mais il a agi essentiellement dans ceux des iris à éperons et des plicatas. Sans doute a-t-il péché quelque fois en ne se montrant pas assez sélectif, mais il a longtemps remporté toutes les compétitions d’Europe Orientale car il fut un précurseur admiré.
Illustrations :
· ‘Aygade’ (Fédoroff, circa 1975) (Cambodia X Magic Potion)
· ‘Cotignac’ (Fédoroff, circa 1975) (pedigree non précisé)
· ‘Don Epifano’ (Muska, 1989) (Laced Cotton X Pink Angel)
· ‘Gil y Gil’ (Muska, 1999) ((Edith Wolford x Celebration Song) X (Sweeter than Wine x Erebuni))
(la suite au prochain numéro).
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