21.1.12

PRYORITÉS





Tous ceux qui s’intéressent aux iris de Louisiane connaissent, ou tout au moins ont entendu parler de Heather Pryor. Dans son domaine c’est tout à fait l’équivalent, pour les grands iris, de son compatriote Barry Blyth. Comme lui elle a acquis une renommée internationale, comme lui aussi elle triomphe dans les compétitions américaines. Mais si Blyth a tété toute sa vie de la sève d’iris, Heather Pryor a connu un parcours beaucoup plus original. Jusqu’au moment de la retraite, elle a été, en compagnie de son mari Bernard, concessionnaire pour l’Australie et la Nouvelle –Zélande de la marque d’automobiles Rolls-Royce ! Elle n’a commencé l’hybridation qu’en 1990, mais elle s’est très vite révélée comme une obtentrice extrêmement douée. Et comme elle a communiqué le virus à son époux, celui-ci a suivi la route tracée et n’est pas resté à la traîne ! Il a vite rejoint dans le succès, si bien qu’aujourd’hui, à eux deux, ils trustent les récompenses internationales. Il n’y a guère que l’autre Australien, John Taylor, pour leur tailler des croupières. Car l’Australie est véritablement devenue la patrie des iris de Louisiane.

Chez nous les iris de Louisiane sont mal connus, pour la bonne raison que les conditions climatiques sont à peu près à l’opposé de celles qui conviennent à ces fleurs charmantes. Rappelons que les iris de Louisiane, apparus dans le sud des USA après la deuxième guerre mondiale, donc récemment, sont devenus le type le plus cultivé après les grands TB. Ce qui les caractérise aujourd’hui ce sont des fleurs pratiquement plates, composées de six tépales : trois sépales larges, se rejoignant presque, entre lesquels se glissent trois pétales, un peu plus petits et étroits, et surmontés des trois styles qui protègent les parties proprement sexuelles de la fleur. En matière de couleur on trouve maintenant de tout, notamment du rouge et du blanc, mais un trait spécifique est la présence, à la base des sépales, d’un œil le plus souvent jaune vif, assez analogue à celui qui orne les fleurs d’hémérocalles. Les touffes, d’une hauteur moyenne de 60 à 120 cm, deviennent vite énormes, les fleurs sentent bon le citron vert et la floraison dure longtemps, en mai et juin.


Dans la région de Sydney, les iris de Louisiane (LA) trouvent un climat et une richesse du sol qui leur conviennent tout à fait. Les Pryor en ont profité pour créer des cultivars splendides et ont réussi à s’implanter aux USA pour que leurs obtentions y retiennent l’attention des juges et obtiennent les plus hautes distinctions. Dès 1994, ‘Charlotte’s Tutu’, jolie fleur couleur cerise, a attiré l’attention des connaisseurs. L’année suivante, ce fut au tour de ‘Mad about You’ de marquer sons conteste la pertinence des choix de Heather Pryor. Deux autres variétés ont été particulièrement appréciées les années suivantes : ‘La Stupenda’ (1996), ainsi baptisée en l’honneur de la cantatrice australienne Joan Sutherland, surnommée admirativement « la stupenda » (la superbe), puis, en 1997, ’Ann Hordern’, à l’intention de celle qui fut l’amie très chère de l’obtentrice.

Pour un article paru dans IRISES, le bulletin de l’AIS, de juillet 2011, Heather Pryor a établi elle-même une liste de ses iris de Louisiane préférés où figurent, en plus des deux précédentes, des variétés qui ont aussi fait le tour du monde :
· ‘For Dad’ (H. Pryor, 1998), en jaune éclatant ;
· ‘Alicia Clare’ (B. Pryor, 1998), autre iris jaune ;
· ‘Our Dorothy’ (B. Pryor, 2002), plicata dans les tons de rose ;
· ‘Renée Fleming’ (H. Pryor, 2004), vieux rose, qui honore une autre fameuse cantatrice ;
· ‘Susannah Fullerton’ (H. Pryor, 2007), de couleur rouge liserée d’or ;
· ‘Michelle ma Belle’ (H. Pryor, 2010), plicata vieux rose sur fond jaune, qui honore la Secrétaire de l’AIS ;
· et ‘Nancy Tichborne’ (H. Pryor, 2010), adorable fleur mauve.

On pourrait trouver d’autres variétés signées Pryor qui valent bien ces quelques-là. En particulier parmi les iris orange, une couleur fort difficile à obtenir chez les iris de Louisiane, mais dont Heather s’est fait la championne. En fait son travail à ce sujet est encore à perfectionner et si son meilleur score a sans doute été ‘Bound of Glory’ (1999), le travail n’a pas complètement abouti. C’est elle-même qui l’a dit dans un autre article publié dans le bulletin de l’AIS de juillet 2000.

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