3.2.12
LA FLEUR DU MOIS
‘HASH MARKS’
Dans toutes ces chroniques rangées sous le vocable de « Fleur du Mois », les variétés dont il est question ont toujours un lien personnel avec moi. Soit que je les trouve dans mon jardin, soit qu’elles m’aient impressionné d’une façon ou d’une autre. C’est le cas pour cet ‘Hash Marks’ (Schreiner, 1975).
Il n’a jamais figuré dans ma collection, il n’a jamais été commercialisé en France, il n’a pas eu une carrière commerciale sensationnelle aux Etats-Unis, mais il se trouve (ou se trouvait) au Parc Floral d’Orléans La Source, parmi les malheureux iris végétant sur les tiges du « mikado » géant réalisé par un décorateur ignorant des besoins des plantes dont il a voulu se servir. C’est là que je l’ai vu, et je l’ai trouvé intéressant, parce qu’extrêmement original dans son coloris.
Il n’y a pas beaucoup d’iris qui lui ressemblent. Du moins n’en existait-il pas d’autre au moment où il a été sélectionné par la maison Schreiner. Notons que ce choix est plutôt surprenant de la part d’une entreprise habituellement très conservatrice. Depuis, quelques variétés voisines sont apparues, en général tout aussi surprenantes ou tout au moins hors du commun.
La photo ci-jointe montre un iris d’apparence bien de son époque, mais d’une couleur particulière, avec son fond mordoré, et ses grosses empreintes brunes de part et d’autre des barbes. Cela a du déconcerter les clients de Schreiner, plus habitués aux coloris traditionnels. Et c’est sûrement la cause de l’échec commercial. Faire plaisir aux collectionneurs n’est pas forcément une bonne idée quand on vise de vendre une fleur à quelques millions d’exemplaires !
Cet ‘Hash Marks’ est de fort bonnes origines (il y a parfois des originaux dans les meilleures familles). Voici son pedigree : (Olympic Torch x Hindu Wand) X (Wenatchee Kid x semis). Un petit mot à propos de chacune de ces variétés identifiées :
· ‘Wenatchee Kid’ (L. Noyd, 1957) est un iris brun, mêlé d’ocre et de vert, avec barbe orange, enfant du variegata-plicata ‘Firecracker’ (D. Hall, 1943) ;
· ‘Hindu Wand’ (Plough, 1957) fait partie de ces variétés aux couleurs étranges que Gordon Plough sélectionnait de temps en temps ; c’est un iris chamois, mêlé de chartreuse, avec des épaules marquées de brun, issu de deux grands noms des débuts de l’hybridation : ‘Tobacco Road’ et ‘Casa Morena’ ;
· ‘Olympic Torch’ (Schreiner, 1958), quant à lui, se présente en orange brûlé, éclairé de jaune sur les sépales ; c’est un enfant du célèbre ‘Inca Chief’ (Mistch, 1952), lui-même provenant de ‘Tobacco Road’. Son rejeton ‘Hash Marks’ lui ressemble beaucoup, en plus contrasté.
Une variété aussi typée que ‘Hash Marks’ ne pouvait pas avoir une nombreuse descendance. Je lui connais cependant deux « petits », tout à fait remarquables :
· ‘Hot Line’ (Schreiner, 1981), très proche physiquement de sa « maman », avec une jolie forme moderne ;
· ‘Tobacco Land’ (Loletta Powell, 1987), aux fleurs brunes amples et majestueuses.
Handicapé par son apparence peu commune, ‘Hash Marks’ n’en demeure pas moins une variété remarquable que j’aurais aimé mettre dans ma collection.
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2 commentaires:
Peut-être y a-t-il une raison à l'échec commercial de Hash Marks. En 1975, et dans les années qui suivirent, si mes souvenirs sont bons, on considérait les stries à la gorge comme une marque archaïque et un "bon" iris se devait d'en être dépourvu ou à tout le moins qu'elles ne soient pas trop apparentes (cf la différence avec Olympic Torch). C'est peut-être cela plus que les spots foncés sur les sépales qui ont nui à sa carrière. Si on y ajoute le caractère retombant des sépales à une époque où se généralisent les sépales horizontaux ou semi-horizontaux…
Ou peut-être sa couleur plutôt dans les tons de brun n'a pas plu aux acheteurs d'iris. . . Il paraît que cette couleur ne se vend pas très bien.
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