2.3.12

DENTELLE 2012




Lowell Baumunk est un hybrideur américain qui fait peu à peu son trou dans le domaine qu’il a choisi. Il a enregistré ses premières réalisations en 1998 et depuis, sans inonder le marché, il propose chaque année quelques variétés très intéressantes, dans un peu toutes les catégories. Il s’est fait remarquer ici, en France, en 2006 quand il est entré en conflit avec Lawrence Ransom à propos du nom d’une de ses variétés, le TB qui maintenant s’appelle ‘Queen Eleanor of Aquitaine’, mais qui au début avait reçu le nom de ‘Eleanor of Aquitaine’ ce qui portait à confusion avec l’IB de L. Ransom ‘Alienor d’Aquitaine’. Une controverse s’était développée sur la question de la traduction en américain des noms donnés aux iris dans d’autres langues, et j’y avais pris part en soutenant L. Ransom et en tentant de faire adopter par le board de l’AIS une règle d’évidence : lors de l’enregistrement, une traduction en américain de tout nom donné à un iris doit être fournie par l’obtenteur, afin d’éviter tous abus et toutes confusions. Mais je n’ai pas été entendu et l’on continue à trouver dans bientôt toutes les langues de la terre des noms qui signifient la même chose. Comme si un nom n’était que l’addition d’un certain nombre de lettres, sans que cette addition ait le moindre sens !

Mais mon propos d’aujourd’hui n’a pas trait à ce problème.

A la fin de l’année 2011, Lowell Baumunk a mis sur le net les photos des iris qu’il envisage d’enregistrer dans les prochaines années. Dans cette vingtaine de clichés j’ai remarqué ceux de quelques remarquables frères de semis. Ce semis s’écrit (Lotus Land X Queen of Angels). Ce qui caractérise les trois frères photographiés, c’est l’abondance des fines crêpelures qui agrémentent les bords des pétales et des sépales. Cette avalanche de dentelle n’est pas étonnante quand on sait que l’un et l’autre des parents en sont largement pourvus. Surtout ‘Queen of Angels’ (Schreiner, 1995) au pedigree duquel apparaît un iris déjà vigoureusement dentelé, ‘Visual Arts’ (Schreiner, 1982). Cette variété est elle-même descendante de ‘Fabulous Frills’ (Schreiner, 1976) dont le nom dit assez la richesse en frisottis. D’ailleurs, si l’on continue de remonter la parenté, on arrive à ‘Grand Waltz’ (Schreiner, 1970), déjà porteur de bords dentelés, puis à ‘Crinkled Beauty’ (Schreiner, 1956) chez qui, sans atteindre la densité qu’on trouve plus tard, est déjà un iris à dentelle. Ce ‘Crinkled Beauty’ est un fils de ‘Crinkled Ribbon’ (Schreiner, 1956), un iris rose mêlé de jaune, qui est lui-même issu de ce qui s’est faisait de mieux dans les années 40/50 en matière de dentelle : ‘Pathfinder’ (Whiting, 1946) et ‘Rose Splendor’ (Kleinsorge, 1947). Le semis de Baumunk a donc de qui tenir ! D’autant plus que ‘Lotus Land’ (Keppel, 1999), sans atteindre le même degré que son partenaire, est aussi un iris dont les bords sont bien crêpelés grâce à plusieurs de ses parents, dont ‘Bubble Up’ (Ghio, 1988) et ‘Social Event’ (Keppel, 1991), tous les deux roses comme leur descendant, qui portent déjà les fameuses bordures déchiquetées.

Il n’y a guère de mystères dans le monde des iris. Quand on est en présence d’une apparence caractéristique comme celle des semis de Lowell Baumunk, il est généralement facile de découvrir à quelles racines se rattachent les traits observés. En l’occurrence, si l’on établit le pedigree développé, on découvre, quelques 70 ans auparavant, les bords dentelés qui ont fait le renom de Chantilly (Hall, 1940) et de ‘Matula’ (H. Sass, 1939). En quelque sorte la boucle est bouclée. Il ne reste plus qu’à apprécier les rejetons d’aujourd’hui de ces variétés fondamentales.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

On voit que Muska avait une longueur d'avance question frisettes!
Loïc