9.3.12
TRANSSIBÉRIENS
Les iris de Sibérie se prêtent remarquablement aux croisements interspécifiques, et beaucoup de leurs hybrides sont des plantes de jardin intéressantes, même si, le plus souvent, elles sont stériles. Cet inconvénient est rédhibitoire aux yeux de ceux dont le plaisir consiste à effectuer de nouveaux croisements ou à obtenir de nouvelles couleurs, mais il n’en est pas uns quand il s’agit simplement d’ajouter une nouvelle plante dans un jardin. Le polonais Lech Komarnicki, qui vit dans le nord-ouest de la Pologne, dans une région marécageuse et particulièrement froide l’hiver, a trouvé dans les croisements à base d’iris de Sibérie (I. sibirica) un domaine de recherche amusant et beaucoup plus gratifiant que celui des iris de jardin, qui sont fréquemment détruits par le froid, chez lui. Dans un opuscule sur les iris sans barbes qu’il a publié il y a quelques temps, il a fait le point sur son travail d’hybrideur. Il a apporté récemment quelques modifications à son ouvrage pour tenir compte de ses dernières expériences. Voici quelques-unes de ses remarques.
Les croisements entre sibiricae et versicolor constituent ce que l’on appelle les Sibcolor.
Voici ce qu’en écrit Lech Komarnicki : « C’est un groupe d’hybrides qui intéresse de plus en plus les obtenteurs.
Des hybrides de ce type sont apparus spontanément en Allemagne au cours des années 80, et peuvent forcément apparaître dans n’importe quel jardin où poussent côte à côte des iris de Sibérie tétraploïdes et des I.versicolor. Le premier cultivar de ce type, dénommé ‘Neidenstein’, a été enregistré en 1985 par A. Winklemann. En 1992 le même obtenteur a enregistré trois autres cultivars obtenus par pollinisation naturelle du précédent et le premier cultivar du type sibcolor ¾-1/4 issu d’un iris de Sibérie tétraploïde pollinisé par ‘Neidenstein’. En l’année 2000 quelques semis du type sibcolor, toujours obtenus par pollinisation naturelle, ont fleuri dans le jardin de Mary Betts, aux Etats-Unis. Deux d’entre eux ont été enregistrés… Mrs. Betts les a ensuite croisés avec I. versicolor obtenant un sibcolor ¼-3/4. Il semble que l’un des semis soit fertile.
Dans les années 90 les sibcolors ont retenu l’attention de Tomas Tamberg(1) qui pensait que ce type de croisement avait de grandes possibilités. Il a enregistré deux cultivars : ‘Berlin Network’ (2000) et ‘Tango Music’ (2006). Mais deux sibcolors croisés entre eux ont donné des semis qui n’ont pas satisfait leur hybrideur. »
Les sibcolors ont des feuilles qui sont jaune clair au printemps, et ne prennent une teinte verte qu’après la période de floraison. Komarnicki a obtenu lui-même des cultivars d’une très belle couleur rouge-vin, dans plusieurs teintes. La plupart du temps ils sont stériles, mais il arrive qu’ils soient fertiles, cependant leurs semis ne présentent, paraît-il, pas d’intérêt.
Un autre groupe d’hybrides très attrayants est le fruit du croisement (sibiricae X I. setosa). On les appelle Sibtosa.
Lech Komarnicki écrit ceci : « C’est Amos Perry(2) qui, le premier, a effectué le croisement de ces deux espèces, dans les années 20 du XXeme siècle, puis vint ensuite, dans les années 30, le travail de Marc Simonet. En 1979 le cultivar ‘Stilles Wasser’, qui est né par hasard d’une pollinisation naturelle, a été enregistré par E. Berlin. Dans les années 80, Tomas Tamberg a commencé sérieusement le travail sur ces hybrides, et, réalisant leur grand intérêt pour le jardin, a enregistré quelques cultivars. D’autres hybrideurs l’ont suivi et on a commencé à trouver ces sortes de cultivars dans les Check-Lists. Tamberg a réussi aussi à convertir des sibtosas à la tétraploïdie. Au contraire des diploïdes, qui sont naturellement stériles, les tétraploïdes sont fertiles. Cette fertilité permet d’envisager d’obtenir de nouvelles générations et de constituer des lignées d’hybridation. L’existence d’iris de Sibérie tétraploïdes et de tétra-clones d’ I. setosa permet l’obtention de tétra-sibtosas par simples croisements, sans utiliser le traitement par la colchicine, ce qui ouvre de nouvelles possibilités. (…)
Un sibtosa, qu’il soit diploïde ou tétraploïde, est intermédiaire entre les deux espèces d’origine, et combine d’habitude leurs meilleurs traits. Des tiges aussi hautes que celles des iris de Sibérie, plus hautes même, branchues, avec de nombreux boutons. De grosses fleurs avec des pétales plus petits. Un choix de coloris déjà large, mais qu devrait encore s’élargir dans l’avenir. Les plantes, vigoureuses, nécessitent pas mal d’eau, et peuvent pousser aussi bien en massif, en bassin artificiel, et même dans une eau peu profonde. »
On est donc, dans ce cas, en présence d’une véritable plante d’avenir.
On peut re-croiser cet hybride entre sibirica et setosa avec I. versicolor. On obtient alors un Sibtocolor. L’expérience est récente, mais prometteuse. Komarnicki précise à leur sujet : « Jusqu’à présent quatre semis ont fleuri – pour la première fois en 2006. Les plantes sont grandes et décoratives, avec des tiges de plus de 1m,30 portant de cinq à sept grosses fleurs. Les couleurs obtenues jusqu’à présent varient du rouge sombre au bleu intense. Ce sont des plantes très vigoureuses qui exigent beaucoup d’eau et poussent très bien dans une mare artificielle.
Les sibtocolors sont stériles, bien entendu. A l’heure actuelle deux cultivars ont été enregistrés. »
Les trois hybrides interspécifiques décrits ci-dessus forment l’ossature d’une recherche qui laisse apparaître des possibilités immenses. De quoi occuper les hybrideurs pendant de nombreuses années !
(1) Hybrideur allemand spécialiste des iris sans barbes.
(2) Hybrideur britannique (1871/1913).
Iconographie :
Sibcolor : ‘Wojewoda’(Komarnicki, 2004)
Sibcolor : une touffe en fleur
Sibtosa : ‘Usmiech Afrodyty’(Komarnicki, 2008)
Sibtocolor : ‘Stong Personnality’ (Komarnicki, 2005)
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