7.7.12

L’AVIS DES GENS


Dans une précédente chronique il a été question des concours d’iris et de la possibilité de leur existence en France et en Europe. Aujourd’hui nous allons aborder ce qui concerne les critériums de popularité, l’autre forme de compétition qui existe dans le monde des iris.

On trouve, là-aussi, deux formes de critérium de popularité. Une première consiste à demander aux visiteurs d’un concours ou d’une exposition de choisir les variétés qui leur ont plu et de mettre leur bulletin dans une urne ; à la fin de la période de consultation les bulletins seront dépouillés et le classement général établi. Une autre forme, qui n’est pratiquée actuellement qu’aux Etats-Unis, est celle du Symposium où il s’agit de bâtir selon des critères précis une liste de variétés qui est présentée aux adhérents de la société organisatrice. Ces derniers font leur choix (toujours selon des règles précises) puis l’adressent à la société (l’AIS). Un classement est alors dressé. La première formule est ponctuelle. Elle met en évidence les variétés les plus belles – ou les plus spectaculaires – admirées par les visiteurs, mais ne répond à aucune autre règle que l’appréciation instantanée des votants. La seconde joue sur la durée (les variétés proposées au choix sont essentiellement celles qui avaient été retenues lors du critérium précédent) et sur la diffusion des iris dans les jardins tant publics que privés.

On fait plusieurs reproches à la formule n° 1 :
· Le choix des visiteurs votants est fonction de l’apparence des variétés au moment où ils passent dans le jardin ;
· Qu’un groupe important de visiteurs se présente un jour donné et l’abondance des bulletins déposés influera largement sur le résultat final ;
· Les votants réagissent majoritairement à l’aspect spectaculaire des variétés présentées et ne tiennent pas compte de leurs qualités végétatives ou de leur intérêt horticole.
D’autres réserves s’adressent à la formule n° 2 :
· Plus une variété a de succès commercial – et donc plus on a de chances de la voir dans les jardins – mieux elle se trouvera classée ;
· Le choix des variétés mises au vote est essentiellement fonction d’une notoriété déjà acquise ;
· Le nombre de votants est relativement faible et donc pas forcément représentatif de l’opinion générale des amateurs d’iris.

Dans le premier cas la victoire revient généralement à des iris de couleurs vives ou de grande taille, les plantes discrètes sont désavantagées. C’est ainsi qu’en 2000 les trois variétés les plus appréciées du public lors du concours Franciris ont été ‘Provençal’ (Cayeux, 1978), ‘Tumultueux’ (Cayeux, 1995) et ‘Andalou’ (Cayeux, 1993), trois variétés hautes en couleur. La même année, au Critérium d’Orléans, les visiteurs ont choisi ‘Avallon Sunset’ (Schreiner, 1994), variété orange brillante. Le second cas fait la part belle à la stabilité, les participants votant de préférence pour des iris connus et auxquels ils vouent un intérêt sentimental. Cela explique la présence de ‘Dusky Challenger’ (Schreiner, 1986) à la première place (depuis vingt ans !) du Symposium américain, et que ‘Jesse’s Song’ (Williamson, 1983) n’a pas bougé du top 5 depuis 1994 !

Ces deux types de confrontations ont néanmoins un gros intérêt : elles impliquent ceux qui achètent les iris et relancent leur intérêt pour cette fleur.

Les critériums du public sont organisés un peu partout, parce qu’ils constituent une animation autour des manifestations plus techniques, et qu’ils ne coûtent pratiquement rien à celui qui en a l’initiative. Chez nous le Parc Floral d’Orléans ouvre chaque année au mois de mai le Critérium de l’Iris, et la SFIB fait de même à l’occasion des concours Franciris qu’elle gère. La MEIS, société qui réunit les amateurs des pays de l’ex-Europe de l’Est, et la CIS, société russe, en organisent un autour de leur concours classique. En Allemagne l’Iris Bewertung de München se déroule dans des conditions voisines et rencontre de plus en plus de succès. Aux Etats-Unis, ils sont très nombreux car c’est la principale activité des sociétés iridophiles locales ou régionales ; ils ont beaucoup de succès. Mais la formule du Symposium reste l’apanage de l’AIS. En France, la SFIB a tenté de copier ce modèle dans les années 90. Ce fut un échec, parce que le nombre de réponses reçues est resté dérisoire : le public français n’est guère disposé à participer à ce jeu ! Sans doute une question de tempérament…

Iconographie :
· ‘Avallon Sunset’ (Schreiner, 1994) Critérium d’Orléans 2000 ;
· ‘Provençal’ (Cayeux, 1978) »Iris du millénaire », Franciris 2000 ;
· ‘Jesse’s Song’ (Williamson, 1983) Symposium de l’AIS ;
· ‘Guilt Free Sample’ (Black, 2007) Iris Bewertung München 2011.

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