7.9.12

À LA MANIÈRE DE… Le Guide Vert MICHELIN


Pour les amateurs du genre, voici un nouveau pastiche. Un voyage de pure fiction !

POGONVILLIERS 1936 h. (les Pogonais)

St Flovier, évêque de Pogonvilliers au début du 11e siècle avait choisi l’iris pour la décoration de l’abbaye, en construction dans sa ville, qu’il avait confiée aux bénédictins. Ceux-ci réalisèrent une église caractérisée par la pureté de ses lignes, la hardiesse de ses proportions, la richesse de ses enluminures et la finesse de son décor sculpté ; les chapiteaux historiés, près d'une centaine, présentent des caractéristiques originales, ainsi en est-il de l’utilisation de l’iris comme élément récurrent.

LA SITUATION
Aux confins de trois anciennes provinces, la ville de Pogonvilliers dévale la pente abrupte de la vallée de la Sègre. Elle s’enorgueillit d’un passé très riche, centré autour de son abbaye, avec ses rues pentues et tortueuses où se nichent plusieurs églises, de beaux hôtels particuliers et d’élégantes maisons bourgeoises qui racontent la richesse de la ville jusqu’à la période moderne.

UN PEU D’HISTOIRE
La guerre du sel. – L’introduction, au XVIIeme siècle, de la gabelle dans la région de Pogonvilliers provoque une véritable guerre civile dite « la guerre du sel ». Les va-nu-pieds pillent et dévastent villes et campagnes, mais par bonheur épargnent le chef-d’œuvre qu’est l’abbaye et son décor aux iris.

Un industriel aimant les fleurs. Dans la deuxième moitié du XIXeme siècle, les ruines du château, mis à sac par les huguenots en 1562, rebâti puis de nouveau pillé lors de la « guerre du sel », puis laissé en l’état pendant plus de deux cents ans, ont été acquises par François-Marie de Sessigny, fils cadet d’une famille d’industriels parisiens spécialisés dans la pâte à papier. Il reconstruisit un édifice dans un style romantique, pseudo-moyenâgeux, et créa tout autour un magnifique parc arboré où il entreprit la culture et l’hybridation des iris. Il semble que cette passion lui soit venue par admiration pour les sculptures ornant les chapiteaux de l’église abbatiale.

UN TOUR DE VILLE
Une visite de Pogonvilliers commence par la place centrale, où se trouve la Mairie et la Poste, baptisée Place du Colonel Candelot, en souvenir d’un généreux enfant de la ville qui fit don à la commune, à sa mort, de l’hôtel particulier qu’il s’était fait bâtir le long de la rue principale. Prendre à gauche, au-dessus de la charmante halle en bois datant du XVIIe siècle, la rue Geneviève Sérouge, qui s’élève doucement vers les hauts murs du château. On admirera, au 13, l’hôtel Villiers de Galzy, beau logis du début du 18e siècle. Presque en face, un peu en retrait, l’hôtel des Gabelles, contemporain du précédent, se fait plus discret, derrière ses hauts mûrs. Tourner à droite dans la rue Eugène Bonvallet, à l’angle de laquelle la vieille demeure à fenêtres à meneaux garde le souvenir de Mme Gaudicheau, une personne plus connue sous la désignation de « la bonne Madame Gaudicheau » tant elle a fait pour venir en aide aux malheureux de sa ville. Dans le prolongement de la rue Eugène Bonvallet, la rue Jean Marie Duvernay passe devant la poterne du château. C’est dans ce bâtiment, le seul qui reste du château initial, que sont exposées les collections d’arts et traditions populaire de la région. Le château lui-même ne se visite pas, mais le parc est ouvert au public en mai et juin, pendant la période de floraison des iris, puisque la collection rassemblée dès le milieu du XIXe siècle par le baron de Sessigny a toujours été maintenue, améliorée et développée. A l’heure actuelle, plus de 1200 variétés sont cultivées. La collection est classée « conservatoire national de l’iris ». En descendant, vers la droite par l’étroite et pentue rue St Wandrille, on parvient devant la façade occidentale de l’église abbatiale St Flovier ainsi nommée en hommage à son fondateur (voir plus loin). Rejoindre la place de la Mairie par la rue du Docteur Chobaut où l’on admirera un ensemble de maisons ouvrières du XVIIe siècle.

UNE ABBAYE FLEURIE
L’abbaye St Flovier est assurément le plus bel ornement architectural de Pogonvilliers. Fondée en 1036, elle atteignit l’apogée de sa renommée dans le premier tiers du XIIe siècle. Son déclin s’affirme au XVIe siècle, au moment où les huguenots la dévastent. Malgré maintes vicissitudes elle a survécu jusqu’au début du XIXe, époque à laquelle l’église a été scrupuleusement restaurée alors que les locaux conventuels étaient démantelés. Son originalité tient à la pureté de son architecture romane bénédictine et à la qualité de l’ornementation de ses chapiteaux, qui évoquent, pour la plupart, la fleur de l’iris, stylisée selon différents aspects.


LA CITÉ DES IRIS
Le parc du château recèle l’une des plus importantes collections privées d’iris de jardin. Connue sous le nom de « Collection Sessigny », c’est l’une des plus importantes de France. Elle contient un grand nombre de variétés anciennes, dont certaines apparues dans la seconde moitié du XIXe siècle, ainsi qu’un assortiment de variétés obtenues depuis 1900. La partie contemporaine, qui concerne des iris hybrides récents, se trouve dans le charmant vallon du ru de St Branchs venant rejoindre la Sègre un peu en amont du pont de Pogonvilliers. Pour y accéder suivre le fléchage réalisé par la Société Française des Iris, gestionnaire des collections.

Illustrations




Deux chapiteaux de l’abbatiale St Flovier où l’on distingue des fleurs d’iris stylisées.
Une vue du jardin d’iris modernes.

Aucun commentaire: