7.12.12

LA VIE AVENTUREUSE DE FRED DeFOREST

De nombreux iris obtenus par Fred DeForest (1896/1960) portent des noms exotiques. Il ne faut plus s’en étonner quand on connaît un peu la vie aventureuse de cet homme avant qu’il ne se consacre essentiellement aux iris. Cette vie instable n’a en fait duré qu’une dizaine d’années, mais elle a été une étape majeure de son existence.

Cela commence en 1916 quand Fred DeForest s’engage dans la Cavalerie et s’en va faire le ranger le long de la frontière mexicaine. Cela se poursuit en pays Navajo où il se lance dans le commerce. Puis vient un épisode glacial, quelque part en Alaska, avant qu’il ne rejoigne la Californie à Novato, au nord de San Francisco, où il se lance dans l’élevage des poulets. Son affaire prospère et, au bout de quelques années, il peut se retirer, acheter une propriété à Monroe, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Salem, sur les rives de la Willamette, le pays des iris. C’est là qu’il arrête de bourlinguer et commence, à trente ans, une nouvelle vie qui, un peu plus tard, se poursuivra à Canby, dans la banlieue de Salem.

Pendant son séjour sur la baie de San Francisco il fait la connaissance de Sidney B. Mitchell, le « professeur » du monde des iris. William Mohr, vient de mourir et Mitchell exploite seul leur fond de commerce commun. A proximité, Carl Salbach est pépiniériste à Berkeley, spécialisé dans les iris. Ces deux adresses seront celles que Fred DeForest va fréquenter aussi souvent et longuement que le lui permettra l’élevage des volailles. Car il s’est amouraché des iris et songe à en faire son métier.

Il va mettre rapidement son projet à exécution, et c’est ce qui explique son installation dans la fameuse vallée de la Willamette. Il y restera jusqu’à la fin de ses jours, se créant dans le monde des iris une place prépondérante. Lancé à fond dans sa nouvelle passion, il va entrer en 1931 à l’AIS et, la même année épouser Caroline, qui travaillera avec lui et continuera son œuvre après sa disparition. Son attirance pour les iris se doublait d’un vif intérêt pour les hémérocalles et les azalées, mais néanmoins les iris sont restés son véritable fond de commerce.

Aujourd’hui encore les amateurs d’iris parlent de Fred DeForest comme de l’un des grands de ce petit monde. Il est vrai qu’il a non seulement enregistré aux environs de 200 variétés, mais aussi qu’il a récolté les plus hautes distinctions. N’a-t-il pas obtenu par deux fois la convoitée Médaille de Dykes ? Une première fois en 1952 pour ‘Argus Pheasant’, et une deuxième en 1956 pour ‘First Violet’. L’année suivante, 1957, c’est à Florence que son ‘Rehobeth’ obtenait la distinction suprême, et à la Convention de 1960, ‘Violet Hills’ recevait la Franklin Cook Cup. Cette même année 1960 lui réservait la prestigieuse Foster Memorial Plaque, une distinction qui a précédé de quelques semaines seulement sa disparition bien trop hâtive, puisqu’il n’avait que 64 ans.

 L’un des traits remarquables des iris signés DeForest était la qualité du branchement. Fred y était très attentif comme l’était auparavant Sidney B. Mitchell près duquel il avait fait son apprentissage. Il veillait aussi à la forme arrondie et la largeur des sépales parce qu’il avait compris que c’est cet élément qui donnait aux fleurs leur rigidité et, par conséquent, leur durée de vie et leur bonne tenue. Il faisait observer cela à ses visiteurs quand il leur montrait ‘Al Borak’ (1951), l’une de ses obtentions favorites.

En France, on a surtout apprécié ses ‘Color Carnival’ (1951), ‘Lula Marguerite’ (1956) et ‘Tall Chief’ (1956), des variétés que l’on trouve encore assez souvent dans nos jardins.

Source : Bulletin de l’AIS, n° 159, 1960. 




Illustrations : 
‘Argus Pheasant’ (1948) 
‘Al Borak’ (1951) 
‘First Violet’ (1952) 
‘Rehobeth’ (1953)

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