1.2.13

QUAND S'EFFACE LA COULEUR

L’exercice d’aujourd’hui n’a rien de scientifique. C’est une sorte de jeu qui exploite l’infinie variété des coloris d’iris à partir du rôle plus ou moins influent des gènes inhibiteurs des pigments apparus sur les iris de Paul Cook. Les obtenteurs ont réussi à créer des variétés où la couleur, le jaune en l’occurrence, peu à peu, disparaît sous l’effet du gène qui le paralyse. La fleur est d’abord presque entièrement jaune, puis la couleur s’efface…

 ‘Risen Star’ (Maryott, 1991) – (Radiant Energy X Sound of Gold)
« Fleur ondulée jaune citron moyen, éclair blanc sur les sépales ; barbes jaunes »
L’effet du gène inhibiteur reste très restreint : seule une petite zone située sous les barbes a perdu sa coloration naturelle. Il s’agit d’un modèle très fréquent, qui s’est développé après l’apparition des fleurs uniformément jaunes.

 ‘Reta Fry’ (Terrell, 1964) – (semis Sass)
« Grande fleur jaune »
 La description est un peu brève et incomplète, et nous restons sur notre faim en ce qui concerne les origines, à défaut de disposer des carnets des frères Sass. Il en est souvent ainsi à l’époque de cet enregistrement. Cette fois, le gène inhibiteur se manifeste plus énergiquement : le sépale est presque intégralement vidé de sa pigmentation. Seul le cœur et l’extrême bord restent colorés. Cet iris a été largement utilisé en hybridation. Le plus éminent de ses descendants est sans doute ‘Peace Offering’ (Ghio, 1971) ; Son obtenteur en a fait un usage extensif puisqu’il en a enregistré 36 descendants ! Parmi ceux-ci, des variétés fameuses comme ‘Bicentennial’ (1975), ‘Creme de Creme’ (1978), ‘Speculator’ (1982), ‘Malaguena’ (1984), ‘Esmeralda’ (1987), ‘Olden Days’ (1988)…

 ‘Patrician’ (Nesmith, 1952) – (semis Hall)
« Unicolore blanc ; couverture de jaune baryum sur les sépales, autour de la barbe du même jaune »
C’est au tour des pétales d’être contaminés. Le jaune se réfugie sur les côtés des sépales et au cœur de la fleur. La fleur est des plus originale car ce modèle n’est pas courant. De nombreux hybrideurs ont fait usage de ‘Patrician’, mais aucune variété issue de cet iris n’a atteint la célébrité.

‘Sun King’ (Stahly, 1977) – (Lilac Mist X Meghan)
« Fleur ondulée d’un blanc chaud, jaune vif à la base des sépales et sur les épaules ; brillantes barbes jaunes. »
Le rôle du jaune est de plus en plus restreint. Seule une petite trace se maintient au profond du cœur de la fleur et sur les styles. Ce modèle, sans être fréquent, se rencontre assez souvent. Le plus éminent des descendants de cette variété est l’iris de bordure ‘Borderline’ (Ghio, 1983) qui, lui, est un amoena jaune.

L’étape suivante sera la disparition complète de la couleur jaune, à l’exception des barbes qui feront un peu plus de résistance. On peut en prendre pour illustration le « vieux » ‘New Snow’ (Fay, 1946) – (Snow Flurry x Katherine Fay), qui est l’archétype de ce modèle. ‘New Snow’ fait partie du club assez fermé des variétés dont la descendance enregistrée au premier rang dépasse la centaine. C’est 156, dans le cas présent. Cela ne veut pas dire que tous ces rejetons soient des iris blancs à barbes jaunes, non ! Néanmoins la présence du gène « progenitor » est la raison essentielle de cet usage abondant. ‘Arctic Flame’ (Fay, 1957), ‘Moon Crest’ (Rudolph, 1963), ‘Champagne Music’ (Fay, 1964), ‘Powder Snow’ (Schreiner, 1970) font partie de ces variétés exploitant les aptitudes de ‘New Snow’, et leur propre descendance font que l’on est en face d’une variété essentielle , qui mériterait une chronique rien que pour elle.

Nous aurions pu ajouter à cette liste une autre forme de disparition des pigments jaunes, celle qui frappe des fleurs comme ‘Bride’s Halo’ (Mohr, 1971). La coloration est chassée vers les bords des parties florales et se maintient sous forme d’un étroit filet coloré. Ce modèle est aussi celui de ‘Old Flame’ (Ghio, 1973) ou de ‘Creme de Creme’ ( Ghio, 1978), cités plus haut.

Avec ces différents iris on a un aperçu de l’infinie variation des couleurs obtenues au fil du temps. C’est l’un des plaisirs qu’on retire de la fréquentation des iris. Il n’y a pas de raison de s’en priver !

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