24.5.13

PORTRAIT DE JOSEPH GHIO

Joseph Ghio n’a jusqu’à présent obtenu qu’une seule fois la Médaille de Dykes. C’était en 1980, pour ‘Mystique’, une variété qui avait suscité une admiration générale pour sa couleur bleue unique. Depuis, sa renommée mondiale n’a pas réussi à lui valoir une nouvelle consécration.

Enfant de Santa Cruz, en Californie, sur la côte du Pacifique, au sud-est de San Francisco, il y fut enseignant dans une école de commerce pendant 19 ans avant d’en devenir le maire dans les années 1970. il est d’une famille où l’on aime à cultiver des choses. Pas étonnant donc qu’encore adolescent il se soit intéressé au jardinage. Un jour il a vu dans un magazine une annonce pour une collection d’iris à 5 $ ; admiratif de la variété des couleurs, il a passé commande après avoir tondu maintes pelouses pour se procurer l’argent nécessaire. Cet achat lui est parvenu accompagné d’un catalogue en couleur de chez Shreiner, et Joe a immédiatement passé une autre commande.

 Le printemps suivant, en 1954, il s’est mis à croiser tout et n’importe quoi, comme il dit. « J’étais encore collégien à cette époque ». Mais il s’est assagi et a pratiqué l’hybridation avec de plus en plus de discernement et de plus en plus de succès. D’après lui, ‘Mystique’ est particulièrement intéressant parque c’est l’aboutissement d’une longue lignée suivie à partir de ‘Frosted Starlight’, variété issue d’un croisement réalisé dès sa troisième année de pratique.

 Aujourd’hui, Joe Ghio en est à sa soixantième année d’hybridation ! Il cultive toujours des milliers de nouveaux semis chaque année, et a enregistré pas loin de 900 variétés nouvelles, essentiellement des grands iris et des iris de Californie, catégorie dont il s’est fait une spécialité. Cette masse de nouveaux iris lui a valu de très nombreuses médailles, mais seulement une cinquantaine d’Awards of Merit. Chacun s’accorde à le considérer comme l’un des plus habiles hybrideurs, dans tous les modèles et dans toutes les couleurs. Mais beaucoup d’amateurs reprochent à ses obtentions d’être souvent capricieuses et quelque fois décevantes. Ce sont des iris qui promettent beaucoup, mais qui exigent des conditions de culture délicates et pas toujours à la portée des jardiniers ordinaires. C’est sans doute la conséquence de croisements subtils et astucieux mais affaiblis par des consanguinités répétées. De plus, nées dans la douceur climatique de la baie de San Francisco, ses iris ne s’accommodent pas toujours de conditions moins clémentes. Sont-ce les raisons pour lesquelles les plus hautes récompenses lui échappent depuis si longtemps ? En dehors de la DM de ‘Mystique’, seuls ‘Designer Gown’ (1985) et ‘Starring’ (1999) se sont approché du sommet. A Florence, les conditions climatiques plutôt proches de celles de leur Californie natale, ont sans doute contribué aux belles prestations de ‘Dialogue’ (1973, Florin d’Or 1976), ‘Entourage’ (1977, Florin d’Or 1980), ‘Dignitary’ (1973, 2eme Prix 1980), ‘Haunting Rhapsody’ (1967, 2eme Prix 1971), ‘Ghost Story’ (1975, 3eme Prix 1976) et ‘Intuition’ (1977, 3eme Prix, 1979).

 Joseph Ghio est un hybrideur génial, plus préoccupé sans doute de la beauté de ses produits et de leur originalité que de leurs qualités végétatives, mais qui force néanmoins l’admiration.

 NDLA : D’après un article anonyme publié dans le n° 239 du Bulletin de l’AIS

 Illustrations : 


· ‘Mystique’ 

· ‘Designer Gown’ 

· ‘Frosted Starlight’ 

· ‘Intuition’

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai longtemps commandé des iris chez Joe Ghio (jusqu'à ce que les règlements phytosanitaires rendent la chose impossible) et je n'ai eu qu'à m'en féliciter : qualité des rhizomes, générosité des envois. Mystique reste pour moi un iris mythique. Je dois dire que si j'ai eu parfois des difficultés à faire croitre correctement des iris en provenance des E.U. (de l'Utah particulièrement) je n'ai jamais eu de problème avec ceux de Ghio, du moins tant que je vivais en région parisienne.
C'est un grand Monsieur de l'irisdom, à qui les juges ont été bien peu reconnaissants pour le travail exceptionnel qu'il a accompli

Anonyme a dit…

Oui, Ghio est un grand hybrideur, mais malheureusement on ne récompense pas une variété d’iris en reconnaissance du travail exceptionnel accompli par son créateur durant sa vie d’obtenteur. On juge l’iris.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec le commentaire qu'on ne récompense pas l'hybrideur, mais l'iris. . . ! Une belle fleur sur une plante faiblarde et chétive ne sert pas à grand-chose dans un jardin.