21.9.13

GLACIATA

L’obtenteur canadien et théoricien de l’iris Chuck Chapman a soutenu l'idée selon laquelle il existerait plusieurs degrés d’inhibition des pigments anthocyaniques dans une fleur d’iris. Il en a été question ici en janvier 2006. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement ‘gouachés’ d’anthocyanine. Cette théorie a pour elle d’être séduisante par son côté systématique, satisfaisant pour un esprit ordonné. Elle est aussi vraisemblable mais elle n’est pas scientifiquement démontrée.

Il est revenu il y a quelques semaines sur le sujet dans une conversation sur Facebook à propos d’une variété obtenue par Donald Spoon en 2008, ‘Momma’s Angel’. Cet iris est décrit comme suit : « Sdlg. 2000-202 glaciata. TB, 36" (91 cm), EM. Unicolore blanc pur ; barbes blanches pointée de jaune, plus foncé dans la gorge ; ondulé, frisé ; léger parfum doux. Mind Reader X Clarence. » 

Cet iris est un glaciata parfait : pas trace d’anthocyanine. Chapman commente ce cas : « L’anthocyanine est absente parce que cet iris a quatre fois le gène glaciata. Il s’agit d’un gène récessif qui fait partie des gènes plicatas. Le gène glaciata est donc récessif. »

 Dans ce cas la base blanche apparaît dans toute sa pureté. Mais cette base pourrait aussi être colorée par des pigments caroténoïdes qui ne sont pas concernés par le gène glaciata. La fleur serait alors plus ou moins colorée en rose ou mandarine, comme c’est le cas avec ‘Answered Prayers’ (Keppel, 1995) ou son petit-fils ‘Snow Lion’ (Marky Smith, 2005) dont les pétales sont crème, s’éclaircissant peu à peu ; les sépales, crème également, se teintent au contraire de jaune en allant vers le bord et d’abricot sur les épaules, quand aux barbes elles sont crème pointé de mandarine, plus sombre dans la gorge. Son pedigree s’écrit : (Flights of Fancy X (Fancy Woman x Answered Prayers).

C’est Keppel lui-même qui a donné le nom de « glaciata » à ce modèle de fleur. Il en a été longtemps le principal promoteur et en a décrit le principe.

Ainsi les iris plicatas et glaciatas relèvent-ils l’un et l’autre d’une même série de gènes. La thèse de Keith Keppel en la matière rejoint d’une certaine manière celle de Chuck Chapman. Pour lui, le modèle plicata résulte de l’application plus ou moins intense d’une couche de pigments anthocyaniques par-dessus un fond blanc ou teinté de pigments caroténoïdes, et le modèle glaciata serait en quelque sorte un anti-plicata, tandis que pour Chapman le modèle glaciata résulte de l’intervention complète des gènes plicatas. Où la situation se complique, c’est quand les deux phénomènes se chevauchent !

Car cela peut arriver. On est alors en présence de plicatas-glaciatas ou de glaciatas-plicatas selon que l’un ou l’autre des phénomènes prend plus ou moins le dessus. Mais la part de chacun est bien difficile à définir et le problème dépasse les capacités d’analyse du simple amateur d’iris. Il est alors préférable de se fier à l’avis des spécialistes qui seront seuls en mesure de faire la part des choses. L’amateur, lui, se contentera d’introduire dans sa collection les variétés qui lui plairont sans tenir compte des subtilités de la génétique.

 Illustrations : 


· ‘Momma’s Angel’ 



· ‘Answered Prayers’ 


· ‘Snow Lion’ 



· ‘Flights of Fancy’

Aucun commentaire: