6.6.14

VISITE AU PARC FLORAL DE LA VILLE DE PARIS, À VINCENNES

J'étais allé au Parc Floral de Vincennes il y a quelques années, à la demande du responsable du jardin d'iris, en vue de créer un parterre traçant l'évolution des iris de jardin, depuis le début de l'hybridation humaine, jusqu'à nos jours, dans un but pédagogique. Mais ce projet n'a pas été mené à son terme du fait du départ en retraite de son initiateur.

 Je viens d'y retourner, dans le cadre de la préparation du concours FRANCIRIS ® 2015. J'ai de nouveau fait le tour de la collection complète, une des plus importantes de France, avec plus de 1500 variétés.

 Les plantes sont installées en trois emplacements : une costière située au verso de l'amphithéâtre dominant la pièce d'eau, très bien placée, très ensoleillée ; un “colimaçon” aménagé dans un endroit abrité, à proximité du pavillon des expositions temporaires, à l'opposé de l'allée, par rapport au précédent emplacement ; une vaste bordure un peu à l'écart, en face du mini-golf. Les deux premiers sont le long d'un cheminement par où passe un grand nombre de visiteurs, ils sont donc très en vue et disposés sur des restanques d'où l'on peut les admirer (de loin pour les plus haut placés). Le troisième lot, réservé aux variétés anciennes (essentiellement celles des années 1920 à 1960), exige un détour pour ceux qui veulent le visiter.

 L'entretien de ces bordures laisse un peu à désirer, ce qui est dommage, mais qui n'a pas l'importance d'une autre caractéristique : les erreurs d'étiquetage. Cela n'a guère d'importance pour le commun des visiteurs, qui ne s'attardent guère à la lecture des plaques d'identification, mais qui est fâcheux dans un jardin qualifié de botanique, où l'on s'attend à plus de rigueur scientifique. J'estime à au moins 20% le nombre des variétés inexactement identifiées. Ce problème est un mal récurrent dans les jardins publics d'iris. Je l'ai constaté à Nantes (la Beaujoire), à Orléans (La Source), à Poitiers, tout comme à Bréal sous Montfort (les Jardins de Brocéliande)... Il est bien difficile d'y porter remède, car il faudrait qu'une personne compétente soit présente sur les lieux pendant toute la durée de la floraison et, pour chaque variété qui fleurit, signale que le nom attribué est exact ou inexact. Dans le cas d'une identification erronée cette personne ne pourra malheureusement presque jamais rétablir la véritable identité sans risquer de commettre une nouvelle erreur ! Autrement dit, les variétés non authentifiées seraient vouées au compost...

 Une particularité de la collection de Vincennes, c'est la présence d'un grand nombre de variétés historiques signées des Cayeux, Millet, Vilmorin et autres, de la grande époque, dont certaines, complètement oubliées et en grand danger de disparition. Mais combien de visiteurs vont s'extasier devant cette richesse ?

Que faudrait-il pour que l'ensemble de cette collection soit au plus haut niveau ? Peu de chose en somme : une présentation moins massive (sur les restanques les iris sont inaccessibles, aussi bien au visiteur photographe qu'au jardinier chargé de les entretenir), un peu plus de désherbage, surtout une meilleure identification des variétés (c'est le problème le plus épineux).

Quoi qu'il en soit, pour le grand public, les bordures d'iris, spectaculaires, sont un régal pour les yeux. C'est important dans un lieu aussi populaire. En résumé, malgré ses lacunes, la collection du Parc Floral de la Ville de Paris présente un grand intérêt pour tous ceux qui aiment les iris. Il n'en faudrait pas beaucoup pour qu'elle soit exemplaire.



 Illustrations : 

Trois vues du jardin d'iris du PFVP.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Suite à l'article que Sylvain Ruaud a consacré sur son blog "IRIS EN LIGNE" aux iris du PARC FLORAL DE LA VILLE DE PARIS, je souhaite apporter quelques précisions ignorées de Sylvain :
- les responsables des iris sont conscients d'un certain nombre d'erreurs dans l'étiquetage des iris mais ils travaillent sur la collection avec photos, documentations, inventaires des bases pourpres, longueur des tiges etc.. pour rétablir les bonnes identités et aucun iris n'est destiné au compost. Il s'agit d'un travail long et minutieux qui est effectué de manière rigoureuse.
- les iris qui ont besoin d'un désherbage vont être déplacé prochainement pour pouvoir bénéficier d'un meilleur entretien
- le parc est situé à Vincennes mais le seul nom à utiliser est PARC FLORAL DE LA VILLE DE PARIS.

La SFIB est partenaire de la Ville de Paris pour l'organisation de FRANCIRIS 2015 et les responsables du Parc Floral de la Ville de Paris ont toute notre confiance pour l'excellent travail qu'ils réalisent pour la promotion des iris.
Roland DEJOUX Président SFIB

Sylvain Ruaud a dit…

Voilà de bonnes nouvelles.
J'aurais apprécié qu'elles me soient communiquées directement plutôt que par le truchement de la SFIB, dont je ne suis nullement le porte-parole. Les opinions exprimées ici n'engagent que moi.
Sylvain Ruaud

Iris Hunter a dit…

"estimate the number of incorrectly identified varieties to be at least 20%" by just visiting for a day your knowledge of French iris History and the correct identification of this periods blooms is extraordinary to say the least! (20% of 1500 irises is 300 varieties) So now that you are aware of the irises that have incorrect ID or labels how about sharing the list with your blog visitors just to put the record straight, and I am also sure with your depth of knowledge you could also include the impostor irises real names as well from I assume the notes and photos of wrongly identified irises you took when you visited the gardens. Now there's something to look forward too.
Regards Terry Johnson

gerard a dit…

L'identification des variétés anciennes n'est pas une tâche simple. Ceux qui s'y livrent en savent quelque chose. Je pense notamment au très remarquable travail de Fritz Lehmann (Iris Paradise). Tous les jardins botaniques sont confrontés à ces difficultés, les erreurs provenant parfois de la croissance exhubérante de certaines variétés ayant outrepassé l'espace qui leur était assigné.
Le risque de l'identification est dans l'à peu près : on croit reconnaître une variété et, tout content, on s'empresse de lui donner ce nom. Mais la certitude ? Il y a une marge entre le semblable et l'authentique et l'on peut voir sur certain sites du web des identifications parfaitement fantaisistes. Les vrais spécialistes ne sont pas légion.
Pour mémoire, j'ai découvert l'an dernier dans mon jardin, une variété que certains auraient à coup sûr qualifié d'"historique" s'empressant de lui trouver un nom. Or il n'y avait aucune chance pour qu'il s'agisse d'une telle variété. Au mieux un semis spontané né d'un croisement par les bourdons, au pire, le produit d'une fiente d'oiseau.
Les efforts d'identification faits par le PFP sont louables. Espérons qu'ils seront à terme couronnés de succès.

Sylvain Ruaud a dit…

Excellente analyse de Gérard.

Même si la personne qui procède à l'identification est particulièrement qualifiée, sauf pour de très rares variétés identifiables immédiatement,le doute restera le plus souvent. Une proposition : sur la plaque d'identité des variétés reconstituées, pourquoi ne pas indiquer "variété identifiée comme 'Unetelle'"?