9.10.16

LA FLEUR DU MOIS

'Terra del Fuoco' ( Augusto Bianco, 2005)

(parents inconnus)

Augusto Bianco est une vieille connaissance. Pendant longtemps nous nous sommes contentés d'échanger par écrit des informations relatives aux iris, de France et d'Italie. Puis nous avons eu l'occasion de nous rencontrer, à Paris, à Florence... Nous avons été juges ensemble... Bref nous avons lié des relations de sympathie et de respect mutuel. Un jour, il m'a demandé si je voulais accueillir dans mon jardin quelques variétés nouvelles dont il souhaitait connaître le comportement en dehors du climat méditerranéen du Piémont où se trouve sa pépinière. C'est ainsi que j'ai reçu à plusieurs reprises des iris encore inconnus. Je lui ai rendu compte de mes observations et certaines de ces variétés ont été enregistrées, d'autres pas. Certaines font toujours partie de ma collection, d'autres ont disparu soit qu'elles ne présentaient guère d'intérêt et que je les ai mises au compost, soit qu'elles aient disparu pour différentes raisons... Il reste trente et une variétés, dont huit médians. Il en est plusieurs que j'aime particulièrement – 'Mani Pulite', 'Mezza Cartuccia', 'Corolla', et 'Terra del Fuoco'.

 Ce 'Terra del Fuoco' est décrit comme ceci : « S. brick ; style arms ochre ; F. coffee, slight tinge of ochre on border ; beards old gold », que l'on peut traduire par : « Pétales brique ; bras des styles ocre ; sépales café, légèrement teintés d'ocre vers le bord ; barbes vieil or ». On voit à peu près ce que cela donne, à condition de se mettre d'accord sur ce qu'on appelle couleur « café ». Dans le cas présent c'est un brun très sombre, proche du vrai noir ; du café « ristretto » donc ! Les pétales d'un grenat profond s'éclaircissent un peu à la base ; les sépales sont vraiment noirs. Ils se tiennent très fermement à l'horizontale, tandis que les pétales ,bien dressés ne s'ouvrent qu'en toute fin de floraison. Une fleur moderne, donc, parfaitement coiffée et gracieusement ondulée. Rien qu'avec ces charmes, il y a de quoi être conquis.

Il est dommage que, par souci d'authenticité, A. Bianco n'ait pas voulu faire connaître les parents de cette jolie fleur, dont il n'est pas totalement certain de l'identité : cela prive l'amateur d'un véritable pedigree et, par conséquent, limite l'intérêt de cet iris en hybridation. C'est cela qui fait que seul Bianco, sans doute sûr de son fait, est le seul à l'avoir utilisé. Il en a obtenu jusqu'à présent trois variétés qu'il a enregistrées : 'Carnevale di Venezia' (2012), 'Dali' (2015) et 'Violinista sul Tetto' (2015). Le premier est un riche bourgogne sombre, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à 'Terra del Fuoco' ; le second un « rostrata » bicolore, chamois et mauve, et le troisième un joli grenat clair avec un large centre des sépales indigo vif. L'intérêt de 'Carnevale di Venezia' peut être considéré comme discutable, puisqu'il n'apporte pas grand' chose par rapport à son géniteur ; 'Dali', à mon avis, est un peu banal, malgré ses grandes moustaches bleues « à la Dali », mais 'Violinista sul Tetto' apporte véritablement quelque chose de vif et de frais qui vaut le coût.

'Terra del Fuoco', par ses couleurs bien tranchées, sa forme parfaite et la générosité de sa végétation est une variété agréable et valeureuse. Elle me fait vivement penser à une autre variété d'Augusto Bianco, un peu plus ancienne, mais tout aussi colorée : 'Strozzapretti' (2000). Chez cette dernière le rouge des pétales est un peu plus vineux, les sépales sont cernés d'un anneau de la couleur des pétales, mais l'ensemble est très voisin. Pour une juste comparaison, j'ai choisi des photos du même auteur. Ces deux iris ont indéniablement un air de famille, mais en ce domaine, comme on ne sait rien des origines de 'Terra del Fuoco', il faut être très prudent : des origines différentes peuvent aboutir à des variétés d'apparence fort proches, de même qu'un unique croisement peut donner naissance à des variétés très éloignées d'aspect. Quoi qu'il en soit, voici deux jolies fleurs qui font beaucoup d'effet au jardin et qui rendent justice au talent d'Augusto Bianco.

 Illustrations : 


 'Terra del Fuoco' 


'Dali' 


'Violinista sul Tetto' 


'Strozzapretti'

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